En pleine canicule, la gare bioclimatique de Nantes a été partiellement fermée pour cause de chaleur excessive. Une décision absurde qui met en lumière les limites de certaines infrastructures dites "modernes".
Inaugurée il y a seulement 5 ans après 37 millions d’euros investis, la mezzanine de la gare de Nantes fermée à cause de la chaleur
Une gare bioclimatique incapable de résister à la chaleur
Un grand moment de comédie à la gare de Nantes. Lundi après-midi, la mezzanine, ce bijou architectural signé Rudy Ricciotti, a tout simplement été fermée. Motif ? Trop chaud. Oui, vous avez bien lu : une gare flambant neuve, inaugurée il y a cinq ans avec des flonflons et des promesses de modernité, plie face à un thermomètre un peu taquin. Résultat : commerçants furax, voyageurs en sueur, et une décision qui sent l’improvisation à plein nez.
Le coût total du projet de la nouvelle gare de Nantes, incluant la construction de la mezzanine et le réaménagement des espaces publics (parvis nord et sud, pôle d’échange multimodal), s’élève à 132,5 millions d’euros, dont 42,9 millions d’euros ont été financés par Nantes Métropole. Le coût du « cœur de gare » (principalement la mezzanine et la rénovation des bâtiments voyageurs) est estimé à 53,8 millions d’euros.
Fabrice Martinez, patron du café-restaurant Zaw, n’en revient toujours pas :
« On nous a vendu une gare du futur, bioclimatique, tout ça… Et là, paf, un 30 juin, on baisse le rideau parce qu’il fait chaud ? »
Le plus cocasse ? Son établissement est climatisé, mais tant pis, on coupe tout le monde du public. Annoncé le matin même, ce coup de théâtre a semé la pagaille dans l’approvisionnement et la gestion du personnel.
« On dirait une blague, mais c’est notre chiffre d’affaires qui trinque », lâche Martinez, entre colère et ironie.
Et que dire de la SNCF, qui, contactée, a préféré jouer les muettes ? Mardi, la mezzanine a rouvert, avec des ventilateurs géants pour faire illusion. Mais avec l’été qui ne fait que commencer et des prévisions météo pas franchement rassurantes, les commerçants craignent le pire. « Si ça se reproduit, c’est toute l’économie de la gare qui va morfler », prévient Martinez. Franchement, pour une gare censée être un modèle d’innovation, c’est un peu comme découvrir que votre voiture de luxe n’a pas de clim’. Merci, Rudy, merci, SNCF.
Des ventilateurs géants installés
Des ventilateurs géants ont été installés sur la mezzanine de la gare de Nantes. © Radio France - Leïla Méchaouri
La mezzanine avait été inaugurée en novembre 2020 et présentée comme ultramoderne. Selon une enquête de France 2, elle a coûté 37 millions d’euros. Dans un clip promotionnel, la SNCF vantait un bâtiment au "confort thermique" pouvant réguler ses températures tout seul en cas de forte chaleur. Pourtant lundi, le thermomètre a dépassé les 40 °C.
Inaugurée en grande pompe il y a seulement 5 ans, la gare de Nantes a été construite par Rudy Ricciotti, l'architecte du Mucem de Marseille. Elle avait été présentée comme une gare du XXIe siècle, ultra-moderne. "Comment ça se fait qu'un 30 juin, on se retrouve à devoir fermer une gare en raison de la canicule, alors que les établissements qui sont dedans sont climatisés ?, s'interroge Fabrice Martinez. Et si c'est amené à se reproduire, ce qui semble ne pas être exclu au regard des prévisions météo, ça pose un problème d'exploitation et de pérennité économique. En tout cas, il faut qu'on trouve une solution".
D'autant que nous ne sommes qu'au début de l'été, et les commerçants redoutent une nouvelle fermeture de la mezzanine au moment des premières vagues de grands départs en vacances. Ce mardi après-midi, d'énormes ventilateurs avaient été installés pour soulager les voyageurs patientant sur la mezzanine. Contactée par la rédaction d'ICI Loire Océan,
la SNCF n'a pas souhaité répondre à nos questions.
En coulisses, la panique grandit ...
Puisque vous êtes là…
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