Ce que l’on croyait savoir sur la Grande Muraille de #Chine était faux… voici la vérité

Publié par Brujitafr sur 26 Février 2025, 16:45pm

Catégories : #ACTUALITES, #ARCHEOLOGIE

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Ce que l’on croyait savoir sur la Grande Muraille de Chine était faux… voici la vérité

L’histoire de la Grande Muraille prend un sérieux coup de vieux !

La Grande Muraille de Chine, ce colosse architectural qui serpente sur plus de 20 000 km à travers le relief accidenté du territoire chinois, est certainement l’une des manifestations les plus imposantes du génie humain. Alors que cet ensemble de fortifications était extrêmement bien documenté, tant d’un point de vue historique qu’architectural, cette fortification titanesque voit aujourd’hui sa chronologie profondément remise en question.

Les fouilles archéologiques menées entre mai et décembre 2024 dans le village de Guangli, district de Changqing à Jinan, dans la province du Shandong, viennent d’exhumer des vestiges qui reculent l’origine de ce monument d’environ 300 ans. La construction de la Grande Muraille a donc commencé beaucoup plus tôt que ce que l’on croyait.

La Grande Muraille, un puzzle plus complexe que prévu

Sur une superficie d’environ 1 100 m², les archéologues ont mis au jour un riche éventail de vestiges : voies de circulation, fondations d’habitations, tranchées, structures en terre battue, talus, fosses cendreuses et murs édifiés à différentes périodes. Zhang Su, directeur du projet au sein de l’Institut provincial du Shandong pour les reliques culturelles et l’archéologie, a identifié trois phases dans le développement de ce gigantesque site.

Les deux premières correspondent à des constructions précoces, avec des murailles de 10 mètres de largeur, potentiellement datées de la dynastie Zhou, durant la période des Printemps et Automnes (1 046-256 av. J.-C.). La troisième section, érigée à l’apogée de la dynastie Qi pendant la période des Royaumes combattants (475-221 av. J.-C.), présente un état de conservation impeccable. C’est à ce moment-là que d’importants progrès architecturaux ont eu lieu, qui ont permis aux bâtisseurs d’élargir les murs jusqu’à 30 mètres.

Pour mieux comprendre la chronologie de la construction de cet édifice hors du commun, les archéologues ont usé de plusieurs techniques. La luminescence stimulée optiquement (OSL) — qui mesure le dernier moment où les minéraux ont été exposés à la lumière — couplée à la datation au carbone 14 des restes organiques, a permis d’établir précisément l’âge des différentes strates.

Grâce à ces analyses, l’équipe en a conclu que l’on s’était fourvoyés sur l’âge des fortifications. Les premières sections de la muraille sont plus vieilles d’environ trois siècles que la période généralement admise de leur construction.

Dans un entretien accordé au Global Times, Liu Zheng, membre éminent de la Société chinoise des reliques culturelles, n’a pas hésité à qualifier ces vestiges de « plus ancienne Grande Muraille connue en Chine ». Une réévaluation temporelle extrêmement importante pour la Chine, puisqu’elle remet en question tous les récits établis sur les origines de la Grande Muraille, symbole emblématique du pays par excellence.

L’histoire antique de la Chine réécrite ?

La nouvelle chronologie établie par les fouilles du Shandong entraîne un effet domino sur l’ensemble de l’historiographie de l’Asie orientale. Si la Grande Muraille précède de trois siècles l’époque impériale Qin, c’est toute l’histoire des structures politiques, des technologies militaires et des relations interétatiques dans la Chine pré-impériale qui nécessiterait une réévaluation.

L’érection de fortifications aussi sophistiquées dès la période des Printemps et Automnes sont la preuve d’une organisation politique et d’une ingénierie militaire beaucoup plus avancées qu’on ne le supposait pour cette époque. Cela prouve aussi que la formation de l’État chinois et sa capacité à mobiliser d’importantes ressources humaines et matérielles pour des projets monumentaux précèdent largement l’unification impériale (221 avant J.-C). Une période traditionnellement considérée comme le moment fondateur de cette puissance qu’est devenu plus tard le pays.

Une autre dimension ne doit pas être négligée en parallèle de cette découverte : celle de l’idéologie. Dans l’imaginaire collectif chinois comme dans l’historiographie nationale, la Grande Muraille symbolise l’unité et la permanence de la civilisation chinoise face aux menaces extérieures. Son attribution traditionnelle à l’empereur Qin Shi Huang participait d’un récit des origines centré sur l’unification impériale. Un début de construction antérieur à cette période complexifie donc considérablement ce récit national. Il sera certainement très intéressant de voir comment sera intégré ce nouvel élément historique dans la culture chinoise dans les prochaines années à venir… jusqu’à une autre découverte qui viendra encore tout chambouler ?

- Des vestiges exhumés dans le Shandong montrent que la Grande Muraille existait déjà sous la dynastie Zhou, trois siècles avant ce que l’on croyait.
- L’analyse des structures et des techniques de construction ont révélé une ingénierie militaire avancée bien avant l’unification impériale.
- Cette découverte bouleverse l’historiographie chinoise, remettant en cause le rôle exclusif de Qin Shi Huang dans l’édification de la Muraille.

Camille Coirault