ÉDUCATION - Quand, où et comment ? Une semaine après le passage du cyclone Chido à Mayotte, les familles s’inquiètent pour leurs enfants, qui ne pourront pas tous retourner sur les bancs de l’école lors de la rentrée du 13 janvier, dans un contexte où environ 40 % des établissements scolaires sont inutilisables. Pour répondre aux angoisses des parents mahorais, Emmanuel Macron a évoqué vendredi 20 décembre de possibles scolarisations temporaires en dehors de l’archipel. Une proposition qui laisse les syndicats d’enseignants perplexes.
Dans un entretien à Mayotte la 1ère, le Journal de Mayotte et Kwezi TV paru vendredi, le chef d’État a insisté sur le fait que « l’école doit reprendre » après les vacances de Noël, à la fois pour « l’apprentissage » des élèves et pour que les parents qui « sont soignants, policiers, sapeurs-pompiers » puissent se rendre au travail. Pour ce faire, il a proposé de scolariser des élèves « sur un autre territoire ». « On va proposer des solutions à La Réunion ou ailleurs », a-t-il ajouté, sans plus de détails.
Peu de places pour les élèves à la Réunion
Au micro de franceinfo ce samedi 21 décembre, Jacques Mikulovic, recteur de l’académie de Mayotte, a donné quelques précisions sur cette relocalisation voulue des élèves. « Ma demande initiale est que les élèves en année diplômante, donc en BTS, en terminale, voire en première et pourquoi pas en troisième, puissent se rendre dans d’autres académies », a-t-il expliqué, jugeant toutefois qu’envoyer des jeunes à la Réunion semblait compliqué, car « il manque des places ».
Jacques Mikulovic espère ainsi que des académies de l’Hexagone ou de « lycées français des pays voisins » ouvrent leurs portes aux élèves mahorais. Environ « 7 500 élèves de BTS et de terminale » pourraient être concernés selon ses estimations. À ceux-là s’ajoutent possiblement entre « 6500-7000 élèves de troisième » et « 6500-7000 élèves » en classe de première. Reste qu’il faut que « les parents soient d’accord », a nuancé le recteur de l’académie de Mayotte, sans même évoquer les contraintes logistiques qu’un tel projet engendrerait.
Pas de rentrée avant septembre ?
« La priorité est toutefois de répondre aux besoins vitaux », a concédé Jacques Mikulovic à nos confrères. Un avis partagé par de nombreux syndicats de l’enseignement alors que Mayotte est affamée et assoiffée. Les organisations rappellent notamment qu’il n’y a pour l’heure pas la place d’accueillir les enfants et enseignants : près de la moitié des bâtiments scolaires de l’archipel ont été endommagés par le cyclone et environ 29 établissements scolaires sont pour l’instant utilisés pour héberger des sinistrés.
« Dans l’absolu ce serait souhaitable » d’avoir une rentrée le 13 janvier car « plus la scolarisation va être retardée plus les élèves vont en pâtir, mais je suis très dubitative sur la capacité de l’institution à organiser une rentrée ne serait-ce que progressive » dès cette date, a ainsi expliqué à l’AFP Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale SE-Unsa.
« Certains collègues n’envisagent pas une rentrée avant septembre vu les bâtiments détruits. D’autres ont quitté Mayotte et n’ont pas l’intention d’y revenir », poursuit-elle.
Scolariser de jeunes enfants à « deux heures d’avion », ce n’est pas possible
Concernant la possibilité de scolariser temporairement des élèves hors de l’archipel de l’océan Indien, Guislaine David, co-secrétaire générale et porte-parole du syndicat Snuipp-FSU, juge « difficilement imaginable de scolariser des élèves de 3 à 12 ans à deux heures d’avion de leur domicile ». « Du point de vue de La Réunion, ce n’est pas non plus possible d’accueillir des milliers d’élèves », fait-elle valoir.
« Si les familles n’ont pas de connaissances à La Réunion, cela me semble compliqué », renchérit Elisabeth Allain-Moreno de SE-Unsa.
Les syndicats d’enseignants relèvent aussi l’urgence absolue dans laquelle se trouvent de nombreux Mahorais : « On a des personnels et des élèves et des familles avec des problèmes de première nécessité : se loger, boire, manger… », ajoute la responsable SE-Unsa.
Sophie Venetitay, secrétaire générale du SNES-FSU, abonde : « Il y a encore beaucoup d’habitants qui ont tout perdu, n’ont toujours pas d’eau, d’électricité », en plus des risques de pénurie alimentaire. « Voilà les urgences du moment », dit-elle à l’AFP. Pour elle, le retour dans les établissements scolaires « doit se faire de manière sécurisée (...), progressive et préparée pour coller aux réalités », et inclure un accompagnement psychologique des enfants comme des enseignants.
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