La reprise de l'école va débuter pour les plus petits dans une dizaine de jours, le 11 mai. Le protocole sanitaire que devront appliquer les établissements scolaires doit être dévoilé ce vendredi...
Mesures de sécurités dans les accès à l'école, distanciation des élèves, salles de classes réaménagées, masques, lavage de mains, consignes à suivre lors des récréations, à la cantine... Le protocole sanitaire national qui va encadrer la reprise des cours en France à partir du 11 mai doit être connu ce vendredi 1er mai, après des discussions avec les syndicats d'enseignants et les maires au sujet des déclinaisons locales, a annoncé le 29 avril le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer. Après les annonces du Premier ministre mardi sur le retour à l'école lors de la phase de déconfinement, des syndicats de parents d'élèves et d'enseignants avaient en effet réclamé un protocole sanitaire précis. Objectif : pouvoir s'organiser "concrètement", sur le terrain.
Toujours le 29 avril, le ministre de l'Education a précisé que ce "cadre national très clair est inspiré de ce que le Conseil scientifique a produit comme note. Nous avons aussi fait toute une comparaison internationale sur ce sujet, nous avons travaillé avec le bureau Veritas [groupe mondial d'expertise et de certification, Ndlr]". Selon le ministre, ce protocole national sanitaire donnera aussi "un cadre d'accueil, c'est-à-dire les règles pour définir la façon dont les classes arrivent au fur et à mesure, progressivement, et aussi un cadre pédagogique pour savoir ce qui se passe pour chaque niveau, de la maternelle à la terminale".
Si le protocole sanitaire se fait attendre, plusieurs directeurs et professeurs ont d'ores et déjà pointé des incohérences à la suite des annonces des autorités française, hier, jeudi 30 avril. Alors que le ministère de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer doit préciser ce vendredi 1er mai, le protocole sanitaire détaillé pour la réouverture des établissements scolaires à partir du 11 mai, les professionnelles de l'enseignement estiment que le plan du gouvernement est irréalisable. "On nous dit par exemple que lorsqu'un livre a été lu par un enfant, il faudra laisser livre au repos cinq jours avant qu'un autre enfant puisse le toucher", explique au micro d'Europe 1 Marie-Hélène, directrice d'une maternelle en région parisienne. "Ça semble assez irréalisable et ça nous inquiète réellement sur l'état sanitaire dans lequel nous nous trouvons", a-t-elle ajouté.
La souplesse sur le terrain à l'échelle locale, un élément clé de la reprise des cours
Tout comme le Premier ministre Edouard Philippe le 28 avril, le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a insisté sur l'importance de la souplesse sur le terrain, au niveau local : "Dans ce cadre national clair [du Protocole sanitaire], vous avez beaucoup de souplesse locale et notamment grâce au dialogue entre l'Education nationale et les élus, les maires, on va arriver à un plan spécifique pour chaque école avec une information spécifique donnée à chaque famille", a-t-il assuré.
Le protocole sanitaire national sera "la référence de chaque acteur" du retour à l'école, a souligné le ministre de l'Education. Ce dernier a également insisté sur l'aspect progressif de la réouverture des écoles : "ce sera des classes qui alternent, dans la majorité des cas, ce ne sera pas à plein temps que l'élève ira à l'école".
Concernant les modalités du retour à l'école en France, le ministère de l'Education a indiqué ce 29 avril sur franceinfo que chaque parent serait en connaissance des conditions de rentrée de son enfant "entre le 4 et le 7 mai", que ce soit pour l'école primaire, le collège ou le lycée. Les précisions apportées le 28 avril par le Premier ministre Edouard Philippe se sont en effet montrées insuffisantes pour rassurer les parents d'élèves. Selon la co-présidente de la FCPE (Fédération des conseils de parents d'élèves) sur franceinfo ce 29 avril : "Nous attendions davantage de cadres pour l'ouverture. Donc, en fait, il y a encore beaucoup trop de questions qui restent sans réponse. Les parents sont toujours aussi inquiets qu'il y a quelques jours".
Quelles dates de reprise des cours ?
La rentrée scolaire post-confinement va se dérouler en plusieurs phases, à partir du lundi 11 mai. D'après le Premier ministre, ce retour à l'école des élèves français est un "impératif pédagogique et de justice sociale". La réouverture sera "très progressive, sur la base du volontariat et dans tout le territoire".
- La reprise concernera d'abord les crèches, les maternelles et les écoles élémentaires à partir de ce fameux lundi 11 mai, et par petits groupes d'élèves (pas plus de 10 petits dans la même salle en crèche ; pas plus de 15 enfants dans la même classe en maternelle et à l'école primaire). Attention, la date du 11 mai correspond à la pré-rentrée des enseignants, et les premiers élèves à reprendre le chemin de l'école le feront en fait le mardi 12 mai. Cette date prévisionnelle de retour à l'école ne sera toutefois valable que si les conditions de sécurité sanitaire sont remplies.
- La réouverture des collèges doit suivre à compter du lundi 18 mai, mais en ne commençant que par les classes de 6e et de 5e, et uniquement dans les départements "où la circulation du virus est très faible". Le retour en classe des élèves de 4e et de 3e sera tranché à la fin mai.
- Pour les lycées, il sera aussi décidé "fin mai" si l'on peut passer à une réouverture début juin, "en commençant par les lycées professionnels". Les étudiants doivent pour leur part reprendre les cours à partir de septembre.
Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a par ailleurs annoncé que les collégiens comme les lycéens devraient absolument, à leur retour, suivre les cours jusqu'à la date du 4 juillet. Il s'agira d'une des conditions à remplir, a-t-il précisé, pour obtenir le diplôme du bac ou du brevet.
Que contient le protocole sanitaire national pour les écoles ?
Vendredi 1er mai, le gouvernement doit communiquer la version définitive du Protocole sanitaire nationale qui fera office de référence pour la réouverture des écoles à partir du 11 mai prochain. Des consignes y sont détaillées pour l'accueil du matin, la récréation, la restauration ou encore l'aménagement des classes. Destinées aux académies, aux chefs d'établissement, aux directeurs d'école et aux collectivités locales " ainsi qu'à l'ensemble de la communauté scolaire ", ces règles sanitaires doivent largement s'inspirer de la note sur la réouverture des écoles mise en ligne le 25 avril par le conseil scientifique sur le Covid-19. Deux livrets numériques doivent ainsi être élaborés pour le 1er mai : un pour les écoles maternelles et primaires, l'autre pour les collèges. Le Monde et Bfmtv font partie des médias qui ont pu consulter la version "projet" du document. Attention, "Le protocole est encore amendable", prévient le secrétaire général de la FSU (première fédération syndicale de l'enseignement en France) Benoît Teste, "mais sans doute uniquement à la marge". Voici les éléments, particulièrement stricts listés par les médias cités plus haut, comme faisant potentiellement partie du protocole :
- Accès à l'école : l'Education nationale écrit qu'il faudra "placer un ou plusieurs accueillants aux entrées de l'établissement pour filtrer les arrivées et le flux de personnes". Le mieux selon le document ? Prévoir plusieurs chemins en "privilégiant l'entrée par plusieurs accès pour diviser le volume du flux". Il est même suggéré de "dissocier les flux" d'entrée et de sortie. Si la configuration des lieux rend impossible cet aménagement, il est possible aussi d'indiquer quel courant de circulation a la priorité sur l'autre, à telle ou telle heure de la journée.
- Distanciation physique : maintien "d'un mètre entre tous – adultes et enfants". Une mesure à respecter à tout moment de la vie scolaire : "en classe, dans les couloirs, au réfectoire, dans la cour de récréation et lors du passage aux toilettes". Dans le protocole sanitaire en version "projet", les enseignants reçoivent l'instruction de "faire sortir et rentrer les élèves en respectant la distanciation physique entre chacun des élèves (une matérialisation peut être envisagée), d'organiser les départs et retours en classe par groupe adapté pour permettre une meilleure maîtrise de la distanciation physique" et de "veiller au respect des gestes barrières et des distances de sécurité dans les jeux extérieurs".
- "Capacité d'accueil" : chaque établissement devra sans doute mener une réflexion en lien avec les collectivités sur les aménagements nécessaires et "la capacité d'accueil" des locaux.
- Aménagement des salles de classe (et de sieste) : les tables des salles de classe devront être espacées d'un mètre, en évitant les bureaux "en face à face". Les documents indiquent par exemple en guise de repère, selon Le Monde : "Une classe de 50 m2 permet d'accueillir quinze élèves en respectant la distanciation physique". Il faut également "veiller à limiter les croisements à l'intérieur de la classe, par exemple par la mise en place d'un sens de circulation à l'intérieur de la classe qui peut être matérialisé au sol", rapporte Bftmv. Il est également spécifié dans le document qu'en maternelle, les salles de sieste devront aussi garantir les distances entre les petits.
- Masque : il est obligatoire pour tout enseignant et pour tous les personnels étant "au contact des enfants", ainsi que pour chaque élève à partir de la 6e. L'éducation nationale fournira aux personnels deux masques "grand public" par jour de présence. Des masques également mis à disposition des élèves, "dans l'attente" qu'ils soient accessibles "aisément" pour les familles. Les enseignants devront porter un masque "même quand la distance d'un mètre pourra être respectée", autrement dit, a priori pendant toute la durée des cours ; et devront, dans le second degré, s'assurer que les élèves gardent bien leurs masques.
- Lavage des mains : les élèves devront se laver les mains à leur arrivée dans l'établissement scolaire, avant et après chaque passage aux toilettes, avant et après chaque repas, après la récréation, après s'être mouchés, avoir toussé ou éternué, après avoir "manipulé des objets possiblement contaminés", et avant de rentrer chez eux. "A défaut de points d'eau en nombre suffisants " et " si les mains ne sont pas visiblement sales ", des solutions hydroalcooliques peuvent être utilisées "y compris pour les plus jeunes sous le contrôle étroit d'un adulte". Le document dédié aux écoles maternelles et élémentaires consulté par Bfmtv avance également que le lavage des mains "peut se matérialiser par des activités (chanson, création graphique, vidéo explicative)".
- Circulation dans les établissements : pour limiter le "brassage des élèves", la recommandation est d'utiliser des "sens uniques de circulation" mettant à profit les différentes entrées et sorties des bâtiments et des classes, ou, à défaut, des "sens prioritaires de circulation". Dans les salles, un "marquage au sol" pourra définir les fameux sens de circulation. Hors des murs des salles de classe, la consigne est faite de "définir un sens de circulation dans le respect des règles d'incendie et d'évaluation".
- Matériel et jeux, récréations : le matériel collectif et les jeux de ballon et de contact sont interdits. Il faut "décaler les horaires de pause pour limiter le nombre d'élèves dans les couloirs et donc le croisement".Le document invite ainsi, relève Bftmv, à "échelonner les temps de récréation, éviter les regroupements de niveaux différents, à adapter et réduire les temps de récréation en fonction de l'effectif présent". On pousse également à "organiser les plannings de récréation et définir les modalités de signalement de début et de fin de récréation."
- Restauration : les repas devront le plus possible être pris dans les classes, afin d'éviter les regroupements dans le réfectoire, et sous la supervision d'un adulte. Pour les élèves les plus jeunes, le protocole précise de "rappeler oralement" les règles au début de chaque repas : ne pas partager son verre d'eau, sa nourriture ou ses couverts. Les plats froids sont encouragés. Mais la restauration à la cantine ou au réfectoire n'est pas exclue pour autant. Dans ce cas il faut, écrit l'Education nationale, "concevoir l'organisation des temps de restauration et d'accès de manière à limiter au maximum les files d'attente et les croisements de groupes d'élèves dans les couloirs". Le document précise aussi que "le respect des mesures sociales de distanciation s'applique dans tous les contextes et tous les espaces [de restauration] : les temps de passage, la circulation, la distribution des repas. La gestion des matériels collectifs (plateaux, couverts, brocs d'eau…) est adaptée pour limiter les contacts."
- Bibliothèques : les passages dans les bibliothèques scolaire sont soumis au fait d' "adapter leur fonctionnement en régulant la manipulation des livres par les élèves", c'est-à-dire qu'un livre manipulé ou emprunté sera ensuite "laissé au repos pendant cinq jours après utilisation". Le document demande par ailleurs à l'enseignant de miser le plus possible sur le fait de faire la lecture ou de proposer des ressources audio comme alternative à la consultation d'ouvrages.
- Désinfection : dans les locaux, elle devra se faire au minimum une fois par jour pour tous les espaces utilisés ou de passage" (sols, tables et chaises...). Il conviendra également de "nettoyer et désinfecter plusieurs fois par jour, dans les espaces utilisés, les zones fréquemment touchées". Pour les sanitaires, il s'agit par exemple des "toilettes, lavabos, robinets, chasses d'eau, loquets, interrupteurs, douches". Les "poignées de porte, de fenêtre, les boutons d'ascenseur" font aussi partie de la liste, tout comme "les rampes d'escalier, télécommandes, claviers, écrans, souris, le matériel utilisé, les supports pédagogiques" et enfin les "aires de jeux et équipements sportifs si utilisés". Il est par ailleurs confié au personnel la mission de "limiter le nombre de personnes présentes dans les sanitaires au nombre maximum de cuvettes et, ou d'urinoirs présents".
- Gestion des cas suspects : Le protocole détaille aussi la marche à suivre suite à un soupçon ou à un cas avéré de Covid-19 au sein de l'établissement, parmi les élèves ou les enseignants. Dans le cas où un enfant manifesterait les signes d'une infection au nouveau coronavirus, on devra immédiatement isoler l'élève muni d'un masque, dans une pièce dédiée. Ensuite, il faudra prendre sa température et contacter ses parents pour qu'ils viennent le chercher, puis joindre le personnel de santé de l'Education nationale afin d'identifier les personnes qui ont interagi avec l'enfant dans les 48h précédant l'apparition des symptômes. Si un adulte présente des symptômes, il sera lui aussi isolé et pourvu d'un masque jusqu'à son départ de l'établissement.
Les recommandations du Conseil scientifique
Le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer a indiqué que l'avis du Conseil scientifique a été prédominant dans l'élaboration du protocole sanitaire mis en place pour la réouverture des écoles. Le ministre a en effet estimé qu'il s'agit de la "référence de tous les acteurs pour la préparation de rentrée". Parmi les préconisations figurant dans l'avis remis par le Conseil scientifique au gouvernement le 24 avril et rendu public le 25 avril, il y a entre autres :
- Le port du masque doit être "obligatoire" pour les collégiens et les lycéens, mais il est "impossible" pour les élèves en école de maternelle. Pour les élèves des écoles élémentaires, il est difficile de fixer un âge précis où "la compréhension serait suffisante pour recommander le port du masque de façon adaptée", d'autant qu'ils apparaissent "comme faiblement transmetteurs". Le rôle des parents est par conséquent jugé "essentiel".
- Le Conseil scientifique est "favorable au principe de volontariat et de non-obligation des familles", avec la possibilité de continuer les enseignements à distance.
- Les scientifiques estiment également que tout doit être fait pour éviter le rassemblement des enfants et des parents à l'entrée des établissements scolaires. Ils évoquent notamment pour ce faire un échelonnement des horaires d'arrivée et de sortie des classes "pour que les élèves d'un même niveau ne croisent pas les élèves d'un autre niveau".
- Concernant le rythme d'accueil des élèves, les établissements devront analyser eux-mêmes les horaires les plus adaptés pour accueillir dans de bonnes conditions les enfants (un jour sur deux, une semaine sur deux...).
- Côté brassage des élèves, les établissements scolaires devront aussi réfléchir à l'organisation des journées et des activités pour éviter que les élèves "d'une classe ne croisent les élèves d'une autre classe" ou que "les élèves d'un même niveau ne croisent les élèves d'un autre niveau". Les temps de récréation devront être adaptés à cette stratégie de non-brassage des élèves.
- Afin de limiter les cas contacts, "les parents ne pourront pas pénétrer dans l'enceinte de l'établissement scolaire".
- Les enseignants et les personnels de direction et éducatif devront être formés aux gestes barrières et aux règles de distanciation
- Chaque élève et membre du personnel devra se laver les mains au moins à son arrivée à l'école ; avant le début des cours ; à la fin des cours ; ainsi qu'avant et à la fin de chaque repas.
- Le recours aux solutions hydroalcooliques ne pourra quant à lui être envisagé qu'à partir du collège. Le Conseil scientifique estime en effet que sa mise à disposition peut être dangereuse pour des écoliers trop jeunes (absorption, projection oculaire…).
- Un "nettoyage de l'établissement plusieurs fois par jour", avec des lingettes désinfectantes si possible
- Pour ce qui est de la restauration, que les "enfants mangent dans la salle de classe à leur table", si cela est possible.
Les recommandations de l'Académie de médecine
L'Académie de médecine a aussi publié ses recommandations le 23 avril dernier pour la réouverture des écoles progressive. Parmi les avis, on trouvait notamment :
- un aménagement des horaires pour un accueil "espacé" des enfants
- un écartement "d'un mètre au minimum" entre les tables de classe
- "une disposition sécurisée des places" à la cantine
- des récréations organisées "par petits groupes, composés si possible des mêmes enfants"
- les parents et enfants, non-autorisés à se rassembler à la sortie de l'école
- une "réserve suffisante de masques anti-projection (ou masques alternatifs)" constituée dans les écoles, à répartir entre les adultes (enseignants, personnel, parents) et les élèves à partir du CP. "A porter lors des activités récréatives en dehors de la classe et à la sortie de l'établissement", mais pas en classe.
- un lavage des mains "systématique et pluriquotidien, à l'eau et au savon" ; l'installation de distributeurs de solution hydro-alcoolique, le nettoyage et la désinfection plusieurs fois par jour des sanitaires, rampes d'escalier, tables en salle de classe, poignées de porte et supports pédagogiques.
- Pour permettre une détection rapide de tout cas suspect, prendre la température des élèves chaque matin par thermomètre frontal, avant leur entrée dans les locaux.
- En amont de la réouverture des établissements, une formation sur les gestes barrière pour les enseignants et le personnel, "à relayer auprès des enfants"
- Concernant les crèches : accueillir un seul parent dans un sas d'entrée pour la prise de la température du nourrisson, et prévoir un renvoi à domicile en cas de fièvre, pour avis médical. Le personnel de puériculture devrait également impérativement porter un masque ainsi qu'une surblouse changée quotidiennement ; et se laver les mains entre chaque nourrisson lors des soins et avant la préparation des biberons.
Que sait-on sur les autres modalités de retour à l'école ?
Voici un récapitulatif des autres annonces sur les modalités retour à l'école faites par le gouvernement tout au long du mois d'avril :
- Reprise des écoles maternelles et élémentaires : priorité donnée aux "classes charnières" (grandes sections, CP, CM2), aux élèves en zone REP+ et aux petites classes des zones rurales (Edouard Philippe le 28 avril)
- Conditions sanitaires strictes de réouverture des classes : protocole sanitaire "établi à partir des notes du conseil scientifique" ; pas plus de 15 élèves par classe ; distances strictes ; gel hydroalcoolique et "masques à porter par l'ensemble des enseignants quand ils ne peuvent pas respecter les règles de distanciation physique". (Edouard Philippe le 28 avril)
- Le masque : il est prohibé en maternelle et non-recommandé par le Conseil scientifique à l'école élémentaire, mais des masques pédiatriques seront fournis aux enfants dans certaines conditions (avant de rentrer chez eux s'ils présentent des symptômes par exemple). "Tous les enseignants et encadrants recevront des masques et devront en porter", a affirmé le Premier ministre Edouard Philippe le 28 avril. "Nous fournirons des masques aux collégiens qui n'auront pas réussi à s'en procurer, le port du masque dans les collèges étant obligatoire". Le 29 avril, le ministre de la Santé Olivier Véran a en partie rectifié les propos du Premier ministre, en annonçant : "Les enseignants et tous les personnels de l'Education "porteront un masque", y compris pendant qu'ils font cours.
- Cantine scolaire : les élèves "devront parfois apporter leurs propre repas", a précisé le ministre de l'Education nationale le 29 avril. Il y aura, selon lui, bien un accès au service de cantine après le 11 mai, mais les modalités des repas seront à adapter "école par école". Dans certaines communes par exemple, "la cantine de l'école sera en mesure de respecter les règles sanitaires" et pourra donc accueillir les enfants au déjeuner. "Dans d'autres endroits, ce ne sera pas possible. Alors, le conseil scientifique recommande d'organiser les repas en classe. Parfois, on demandera donc aux élèves de venir à l'école avec leur repas déjà préparé. Cela se décidera école par école", a précisé le ministre. Jean-Michel Blanquer a souligné que la possibilité de déjeuner à l'école est "fondamentale" pour les enfants, et que le gouvernement "n'encourage pas une reprise par demi-journée. Il faut que les enfants puissent venir une journée entière, pour ne pas avoir le problème des transports notamment".
- Continuité pédagogique : dans le cas où les parents décident de ne pas renvoyer leurs enfants à l'école, l'enseignement se poursuivra obligatoirement à distance et les absences (à distance) ne seront plus acceptées. "Un élève ne sera jamais en dehors de l'obligation scolaire", a ainsi souligné Jean-Michel Blanquer mi-avril.
- Enseignants à risque face au Covid-19 : selon le ministère de l'Education mi-avril, les enseignants vulnérables sur le plan de la santé pourront poursuivre le télétravail
- "Départements rouges" : sur les restrictions qui seront à l'oeuvre dans ces départements où le Covid-19 circule davantage, le ministre de la Santé Olivier Véran a notamment indiqué le 29 avril que des écoles pourront localement y être fermées : "Dans ces territoires, on n'ouvrira pas les collèges la semaines du 18 mai, des lieux extérieurs resteront fermés. Mais cette différentiation se fera aussi par des décisions prises au niveau local".
Dès le 30 avril, le directeur général de la santé Jérôme Salomon doit en effet présenter une première carte département par département, pour donner une vision de la situation actuelle en France. "Les indicateurs seront cristallisés le 7 mai, afin de déterminer quels départements basculent le 11 mai en catégorie rouge ou vert", a indiqué le Premier ministre. Le 11 mai, s'appuyer sur cette bicolore permettra de ne pas déconfiner tout le territoire de la même façon, suivant qu'un département est plus ou moins touché par l'épidémie. - Organisation par demi-journée ? : celle-ci n'est pas recommandée à l'école, a déclaré Jean-Michel Blanquer sur BFMTV le 29 avril, sur la question de ce rythme de présence à l'école. "Nous laissons beaucoup de souplesse au terrain (...) mais ce qui n'est pas recommandé, c'est le système par demi-journée. Il faut que les enfants puissent venir une journée entière. La demi journée pose des problèmes de transports notamment. On peut envisager par demi-semaine, ou une semaine sur deux".
- Lieux d'étude : les élèves étudieront soit chez eux, en classe, à l'étude ou dans des locaux périscolaires. "Je veux laisser le maximum de souplesse au terrain (maires, directeurs d'établissement, parents d'élèves...)", a précisé le Premier ministre le 28 avril.
- Crèches : elles seront également "réouvertes à partir du 11 mai". "L'accueil par groupe de 10 enfants maximum sera possible, avec la possibilité d'accueillir plusieurs groupe de 10 enfants si l'espace le permet, afin que ces groupes ne se croisent pas". Seront prioritaires au retour en crèche les nourrissons des couples d'actifs dans l'impossibilité de télétravailler, des familles monoparentales, des soignants et des professeurs. "Il n'y aura bien sûr pas de port du masque pour les enfants de moins de 3 ans", mais les masques grand public seront obligatoires pour les professionnels de la petite enfance. (Edouard Philippe le 28 avril)
- Bac de français en 1ère : "à ce stade", l'oral de français en Première est maintenu à la fin du mois de juin. Selon le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer le 29 avril, "Si nous avons maintenu l'oral, c'est qu'il n'y a pas de note de contrôle continu en Première. (...) Nous voulons que les élèves aient un point de repère pour se préparer". "Si en juin, nous estimons que les conditions sanitaires ne sont pas réunies, nous transformerons la note de contrôle continu", a-t-il expliqué.
- Examens nationaux en général : concernant l'aménagement des modalités de passage des examens nationaux, l'ensemble des épreuves du diplôme national du brevet et du baccalauréat général, technologique et professionnel seront validées sur la base du contrôle continu, à partir des notes du livret scolaire (hors confinement) à l'exception de l'épreuve orale du baccalauréat de français (voir ci-dessus). Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a rendu cette décision publique le 3 avril. En discussion avec les syndicats et les parents d'élèves, le ministre avait évoqué le 27 mars dernier le fait que "la formule du contrôle continu a un intérêt, elle perme[t] d'avoir cours plus longtemps durant le mois de juin" et de combler les retards engendrés pendant le confinement.
- Date des vacances d'été : la date des vacances scolaires est confirmée au 4 juillet prochain. "Nous ne changeons pas (les dates de vacances d'été), ça reste un point de repère", a affirmé Jean-Michel Blanquer le 29 avril. Le ministre a par ailleurs évoqué des "modules de soutien scolaire" pour les élèves en difficulté à cause du confinement, ou bien des "colonies de vacances apprenantes", le tout basé sur le volontariat, pour les élèves comme les professeurs. "Les vacances 2020 seront différentes que tout ce qu'on a connu auparavant", a conclu le ministre de l'Education.
Le retour à l'école est-il obligatoire ?
Le 23 avril, l'Elysée a indiqué que la reprise des cours se ferait "sur la base du volontariat", il n'y aura donc en théorie pas d'obligation pour les parents de mettre leurs enfants en classe. Emmanuel Macron a ainsi exaucé un souhait de l'Association des maires de France, qui, par la voix de son président François Baroin, avait appelé à cette liberté de choix des parents [les maires sont chargés de la gestion des écoles maternelles et élémentaires de leurs communes, ndlr]. Dans un document de préparation au déconfinement, l'AMF souligne ainsi que le retour à l'école doit être abordé "avec souplesse et pragmatisme et relever plutôt d'un esprit d'expérimentation indispensable avant la rentrée de septembre que d'une volonté de contraindre et d'imposer un dispositif uniforme".
A partir du 1er mai, les parents en arrêt pour garder leur enfant de moins de 16 ans vont bel et bien basculer au chômage partiel. Mais à partir du 1er juin, il leur faudra une attestation garantissant que l'école n'est pas en mesure d'accueillir leur enfant pour continuer à bénéficier de ce régime, a précisé le ministère du Travail le 29 avril. Si le non-retour de l'enfant à l'école relève d'une volonté des parents, ces derniers n'auront donc plus droit au chômage partiel. Ils devront alors poser des jours de congés. Une précision qui fausse nettement la marge de manoeuvre des parents.
Concernant le dispositif du chômage partiel en lui-même, selon la ministre du Travail Muriel Pénicaud, toujours le 29 avril, il n'y aura "pas de couperet au 1er juin" mais "le taux de prise en charge de l'Etat sera un peu moins important" au-delà de cette date.
Quels sont les risques du retour à l'école pendant l'épidémie de coronavirus ?
Quels sont les risques de dissémination du virus liés à la réouverture des établissements scolaires ? L'école a été plusieurs fois présentée comme un facteur de propagation de l'épidémie, les enfants ne pouvant pas appliquer les gestes barrière et étant de potentiels porteurs du virus, susceptibles de le ramener à la maison. Ce qui rend le sujet particulièrement sensible, ce qui est aussi le cas de l'accueil en crèches. Le cabinet de Christelle Dubos, secrétaire d'Etat auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, a fait savoir que toutes les pistes sont encore sur la table.
Les enfants semblent être de faibles disséminateurs du Covid-19 par rapport à ce qu'on croyait au départ et les sorties d'écoles sont sans doute plus à craindre que les cours de récréation, souligne le pédiatre et infectiologue Robert Cohen. "Les arrivées et les sorties d'écoles sont des moments de rencontres entre adultes. C'est peut-être ça qui joue un rôle dans l'épidémie bien plus que les enfants eux-mêmes", a-t-il indiqué mercredi sur France Info. Auprès de l'AFP, l'épidémiologiste Antoine Flahault, directeur de l'Institut de santé global à l'Université de Genève, se veut optimiste : "Il faut savoir ce qu'on veut. Si on ne rouvre pas les écoles, on ne peut pas laisser les gens retourner au travail. Déconfiner ne veut pas dire qu'on aura zéro cas pendant l'été. On va permettre à la vie sociale et économique de reprendre certains de ses droits et espérer contrôler la situation pour que les hôpitaux ne soient pas engorgés".
Y a-t-il par ailleurs un risque pour la santé des enfants à reprendre le chemin de l'école ? D'après l'agence Santé publique France, le nombre de cas graves de Covid-19 recensés parmi les enfants de moins de 15 ans ne représente que 0,6% du total des cas graves en France entre le 16 mars et le 12 avril. Mais une maladie grave touchant parfois des enfants positifs au Covid-19 provoque des craintes depuis peu. Le ministre de la Santé Olivier Véran l'a évoquée le 29 avril : "J'ai reçu une alerte de la part d'équipes parisiennes. Des alertes similaires viennent du Royaume-Uni, d'Espagne, de Suisse, d'Italie depuis 15 jours. Des enfants de tous âges présentent des signes de fièvre, des problèmes digestifs et un syndrome pouvant entraîner une défaillance cardiaque. (...) Certains enfants touchés, mais pas tous, se sont avérés porteurs du coronavirus. À ma connaissance, aucun enfant, heureusement, n'est mort de ces complications qui sont des maladies assez rares", a-t-il ajouté, précisant toutefois qu'il prend "très au sérieux" le phénomène avec "une certaine inquiétude".
Les scientifiques se veulent par ailleurs rassurants sur le retour à l'école des enfants : le 29 avril dernier, lors d'une table ronde à l'Assemblée nationale mêlant députés et scientifique, le député LR des Alpes-Maritimes Eric Ciotti a émis des interrogations, demandant si la reprise des cours au 12 mai prochain représentait un danger pour la santé publique et évoquant les infections parfois graves ayant touché ces dernières semaines des enfants en Europe de l'Ouest. A cette question, le virologue et Professeur au CHU de Lyon Bruno Lina a répondu : "Cela ne remet pas en cause l'ouverture des écoles en France", car "nous restons encore très prudents" face à ces infections, "nous n'en comprenons pas encore trop la mécanique" et "ce phénomène est extrêmement récent".
Des cours de soutien seront-ils organisés pendant les vacances ?
Comment rattraper les semaines de confinement perdues pur un certain nombre d'élèves qui n'ont pas pu suivre correctement les cours à la maison voire qui ont complètement décroché ? Dans un entretien au Parisien, le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer avait déclaré que "le but n'est pas de toucher aux vacances" d'été qui débuteront donc bien le 4 juillet. Mais pour pallier de possibles inégalités, Jean-Michel Blanquer, qui a déjà proposé du soutien scolaire aux élèves qui pouvaient en avoir besoin pendant les vacances de Pâques, a réitéré sa volonté de proposer "des modules de soutien scolaire aux élèves [en difficulté]" à la fin du mois d'août.
Les concours sont-ils annulés ou reportés ?
Dans un communiqué publié le 24 mars 2020, le ministère de l'Enseignement supérieur a annoncé le report de tous les concours d'écoles de commerce, d'ingénieurs post-prépa et la seconde partie des épreuves du concours PACES que doivent passer les étudiants en première année de médecine. Le ministère a précisé : "Les épreuves des examens et des concours nationaux qui n'ont pas pu se tenir ou qui doivent se tenir dans les prochaines semaines seront reprogrammées à une date ultérieure. Au regard de la complexité de l'organisation de ces épreuves, en tout état de cause, elles ne pourront avoir lieu avant la toute fin du mois de mai."
Le ministère de l'Enseignement supérieur a également précisé : "La réorganisation des concours nationaux sera mise en œuvre dans un cadre collectif associant les établissements d'enseignement supérieur et l'ensemble des ministères concernés" via la création d'un comité opérationnel de pilotage. Le ministère informait également à cette occasion que les établissements "pourront réviser le format des concours, qu'il s'agisse du nombre d'épreuves, de leur format, ou de leur durée", pour garantir que les étudiants ne "soient pas pénalisés".
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