Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

MOINS de BIENS PLUS de LIENS

MOINS de BIENS PLUS de LIENS

L'esprit est comme un parapluie = il ne sert que s'il est ouvert ....Faire face à la désinformation


L’Allemagne fait venir des milliers de saisonniers pour sauver ses récoltes + Vaucluse, des agriculteurs renoncent aux récoltes

Publié par Brujitafr sur 13 Avril 2020, 04:57am

Catégories : #Coronavirus, #ACTUALITES, #ECONOMIE - FINANCE, #VIE QUOTIDIENNE, #NATURE - ECOLOGIE

main-d'oeuvre étrangère assure le piquage des asperges en Allemagne CHRISTINE HART / Max PPP

main-d'oeuvre étrangère assure le piquage des asperges en Allemagne CHRISTINE HART / Max PPP

Sauver les récoltes du pays, malgré le covid19 qui tétanise l’économie mondiale. Nos voisins allemands ne veulent pas se résoudre à perdre leurs cultures et les revenus qui s’y rattachent. Pendant le week-end pascal, 4.500 travailleurs saisonniers sont attendus dans le Bade-Wurtemberg.

La démarche semble incompréhensible au premier abord. Certains diront "hallucinante" ou "inconsciente". A l'ouest du Rhin, la France vit en mode confiné. En Alsace, plus encore qu’ailleurs, chacun est contraint à rester chez soi. Ici les agriculteurs, paysans, maraîchers désespèrent de voir leurs récoltes se perdre. Dans le même temps, de l'autre côté du Rhin, nos voisins allemands font atterrir des dizaines d’avions dont descendent des milliers de travailleurs saisonniers. Ainsi, ce jeudi 9 avril 2020, 1.300 saisonniers venus de Roumanie ont débarqué à l'aéroport de Karlsruhe Baden-Baden, dans le Land du Bade-Wurtemberg, à une quarantaine de kilomètres au nord-est de Strasbourg.

Et ils seront au total 4.500 attendus tout au long du week-end pascal dans cette région frontalière. "Ils ont déjà rempli un questionnaire de santé, dans l'avion" explique le journaliste Günther Precechtel dans son reportage pour la SWR, "et chacun a reçu un coupon de sortie, sur lequel est indiqué l'emplacement exact où il était installé dans l'avion." Ensuite, ils passent un contrôle de police et un contrôle sanitaire assuré par du personnel de la Croix-Rouge.

Une décision ministérielle

Pourquoi cette décision de faire venir des travailleurs d'autres pays d'Europe, alors que le covid19 sévit partout? "Nous devons combiner la protection de la santé et la sécurité des cultures, et nous avons réussi à le faire aujourd'hui. Il existe des règles strictes pour la protection de la santé de la population et ces règles seront respectées", a déclaré Julia Kloeckner, ministre allemande de l'Agriculture. Donc pandémie ou pas, en Allemagne l'économie est-elle prioritaire ? Apparemment oui.

Les producteurs allemands attendaient cet avion avec impatience. Ils sont allés chercher eux-mêmes, à l’aéroport de Karlsruhe Baden-Baden, les travailleurs saisonniers venus spécialement de Roumanie pour la cueillette des asperges. Ce sont eux aussi qui ont pris en charge les frais de vols. Après avoir rempli un formulaire de santé dans l'avion, les saisonniers sont passés par un contrôle de police, puis un contrôle sanitaire, assuré par du personnel médical de la Croix-Rouge. Tout signe de fièvre ou autre symptôme en rapport avec un éventuel cas de coronavirus devait interdire l'entrée du travailleur sur le territoire. Selon nos collègues de la SWR, l'aéroport de Karlsruhe, la police et la Croix-Rouge se disent prêts à gérer rapidement d'éventuelles suspicions de covid19.

L'asperge, légume culte en Allemagne

Asperges, champignons, fraises, carottes ou salades, le printemps sonne l’heure des premières récoltes et des espoirs économiques pour l’agriculture. D'autant plus lorsqu'il s'agit d'une production essentielle comme celle de l'asperge en Allemagne.

Car dans ce pays l'asperge est culte, comme la fraise en France. Outre-Rhin, qu'elle soit racine blanche ou tige verte ou encore mauve, l'asperge est de tous les repas familiaux et gastronomiques pendant trois mois environ. Avec sa production annuelle de plus de 130.000 tonnes, contre 20.000 tonnes en France, l'Allemagne est le premier producteur européen d'asperges, avoisinant les 50% de la production du vieux continent. Les Allemands cultivent 24.000 hectares d’asperges et n’exportent que 6% de leur production, c’est dire s’ils raffolent de ce légume.

Un manque de main-d'œuvre locale

"La main d’œuvre allemande n’est pas disponible", explique l'un des agriculteurs qui a fait venir des ouvriers agricoles roumains. La peur du virus, l'interdiction de sortir, le manque d'habitude de ce type de travail physique, des salaires trop bas… La liste est longue pour expliquer pourquoi les Allemands eux-mêmes manquent à l’appel. D'où cette décision du gouvernement de faire venir de la main d'œuvre étrangère dans des avions spécialement affrétés.

Du côté des Alsaciens, même souci pour les producteurs d'asperges, entre-autres. La main d'œuvre locale n'est pas au rendez-vous non plus. Trop qualifiée pour ramasser des légumes chez les paysans? Trop orgueilleuse ou pas assez flexible par rapport à la charge et aux horaires de travail? Sans doute, mais en Alsace, pas d'avions à l'horizon. La question des différences de charges, de TVA et de frais pour les producteurs entre l'Allemagne et la France est un sujet douloureux depuis longtemps pour les paysans français et notamment alsaciens, frontaliers avec l'Allemagne. Ils ne sont pas logés à la même enseigne que leurs collègues, ou plutôt leurs concurrents d'outre-Rhin.

Car le salaire que versent les producteurs français à leurs saisonniers est supérieur à celui que touchent les travailleurs ponctuels en Allemagne. À titre de comparaison, depuis le 1er janvier 2020, le Smic (Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance) allemand est de 9,35 euros brut par heure. En France, en 2019, il était de 10,03 € brut par heure, soit 7,28 % plus élévé. Par ailleurs, les producteurs allemands bénéficient d'une fiscalité favorable avec leur TVA et les charges patronales sont plus faibles que pour les exploitants français.

40.000 saisonniers étrangers en Allemagne

​​​​​​​Les saisonniers étrangers attendus pendant le week-end pascal chez nos voisins immédiats du Bade-Wurtemberg seraient 4.500. Mais pour toute l'Allemagne, ils devraient être 40.000 au total.
Tous arrivés en Allemagne par avion depuis d'autres pays d'Europe, ils doivent se soumettre à un contrôle médical et s’ils sont en règle, ils peuvent travailler dans les champs allemands, en avril et en mai. Les travailleurs arrivés ce jeudi 9 avril viennent de Roumanie, un pays encore peu touché par le covid19. Selon les relevés de l'OMS, ce vendredi matin 10 avril, moins de 5.000 cas de covid19 sont confirmés sur près de 22 millions d'habitants et "seulement" 209 décès sont à déplorer.​​​​​​​

En attendant, de notre côté du Rhin, les agriculteurs français se débrouillent comme ils peuvent. Inventent de nouvelles façons de récolter et de vendre, forment des néophytes bénévoles ou embauchés, instaurent des drives, et engrangent majoritairement de grosses pertes. Alors ils se posent des questions. Forcément. Beaucoup. L’Allemagne est souvent prise en exemple sur le plan économique. Quid cette fois-ci ? La France va-t-elle s’inspirer de cette démarche, ou trouvera-t-elle des solutions dans ses propres ressources, sur son territoire? Sommes-nous au début d'une autre agriculture, plus respectueuse de l'environnement, plus proche des citoyens et plus appréciée, mieux reconnue par eux? L'aube peut-être d'une nouvelle agriculture...ou pas. 
 
 
L’Allemagne fait venir des milliers de saisonniers pour sauver ses récoltes  + Vaucluse, des agriculteurs renoncent aux récoltes
C'est un agriculteur partagé entre capitulation et colère qui arpente ses 30 hectares de pousses tendres de salades, roquettes et jeunes épinards dont raffolent les gourmets. Avec la fermeture des hôtels et des restaurants où ses clients grossistes à Rungis écoulaient l'essentiel de sa production, Guillaume Rippert, installé à Monteux, près d'Avignon, a perdu 90 % de ses débouchés et il doit maintenant se résigner à passer à la broyeuse six semaines de semailles. « En temps normal, nous expédions quotidiennement 1,5 tonne de marchandises. Depuis le confinement, seuls quelques magasins de fruits et légumes se fournissent encore chez nous pour un maximum de 200 kg par jour », déplore le jeune agriculteur.

Comble de malchance : les concombres qu'il a semés dans l'urgence en espérant compenser ses pertes sur d'autres circuits ont vu leur croissance stoppée nette par les giboulées qui ont récemment touché le Vaucluse. « Sur la dernière quinzaine, mes pertes se chiffrent à 50.000 euros, l'équivalent de mes bénéfices l'an passé », peste l'exploitant, qui s'est endetté de 1 million d'euros ces dernières années pour reprendre et moderniser l'exploitation familiale. Nouvelles machines, nouvelles serres, équipement d'une ligne de conditionnement, création d'une marque (La Coupe d'Or)… En peu de temps, son entreprise s'est taillée une sérieuse réputation dans les cuisines les plus exigeantes de la capitale, au point d'écouler la saison passée 250 tonnes de jeunes pousses, donnant du travail à une quinzaine de salariés en CDI. « Tout est à refaire », anticipe le patron.

Manque de main-d’œuvre

Son cas n'est pas isolé. Sur ces terres fertiles de l'ancienne enclave des Papes, de nombreuses exploitations ont renoncé à récolter les primeurs de fraises et d'asperges. « Les exploitations manquent toujours de bras, beaucoup de grandes surfaces privilégient encore les importations espagnoles et les marchés de plein air autorisés sont déserts », résume Jean-Louis Blasco, directeur de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) du Vaucluse.

L'an passé, les 2.500 exploitations du département avaient fait appel à 32.000 saisonniers. Peur de la contamination, difficulté de mobilité, conditions d'accueil inadaptées… A Entraigues-sur-la-Sorgue, Daniel Fabre, toujours alerte à soixante-dix ans, fait habituellement appel à 25 saisonniers pour récolter ses 3 à 4 tonnes d'asperges. Malgré le cours avantageux du légume, il a préféré renoncer à la saison. « La vie ne vaut pas le meilleur des prix », a-t-il tranché.
 
 

Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents

weblogs