L'exécutif est prêt à transformer en profondeur la SNCF. Mais que contiendra la réforme exactement ? Quid du statut des cheminots ? Le point.
C'est donc la prochaine grande réforme qui pourrait provoquer un petit séisme social en France : en s'attaquant à la société ferroviaire publique, l'exécutif sait qu'il faut s'attendre à une importante grève à la SNCF. Un mouvement social reconductible est même déjà prévu pour le 12 mars prochain. Mais le gouvernement entend bien garder son cap et faire les choses rapidement : Edouard Philippe a même annoncé qu'un certain nombre de mesures seront prises et mises en oeuvre via les ordonnances. Au grand étonnement des syndicats, qui rappellent que se passer du Parlement pour réformer le droit du travail avait une certaine logique présidentielle, puisqu'il s'agissait d'un engagement de candidat. Or, Emmanuel Macron ne s'est pas prononcé durant sa campagne pour changer la donne à la SNCF...
De quoi parle-t-on exactement ? Le Premier ministre a déjà fait savoir que les fermetures des petites lignes qui coûtent cher et sont très peu utilisées sont exclues. "Je ne suivrai pas le rapport Spinetta sur ce point. On ne décide pas la fermeture de 9 000 km de lignes depuis Paris", a indiqué le chef du gouvernement. Il n'est pour autant pas impossible qu'une discussion soit entamée à l'avenir avec les collectivités locales pour mettre sur la table la question de l'entretien des lignes peu empruntées. A quoi faut-il s'attendre, donc, avec cette réforme de la SNCF ?
Changer le statut des cheminots
C'est sans doute le point de crispation principal. Edouard Philippe a fait savoir que les nouvelles embauches effectuées à la SNCF se feraient avec des contrats de travail calqués sur ceux du privé. C'est donc la fin de l'emploi à vie et des avantages liés au statut des cheminots. Le Premier ministre a estimé que cette réforme était imposée par la nécessité pour le groupe de faire des économies. En revanche, les cheminots déjà en poste garderont le statut que leur ont conféré leur contrat à l'embauche. Ils sont entre 160 000 et 190 000 salariés à bénéficier de ce statut.
Changer le statut de la SNCF
Edouard Philippe veut une transformation profonde, parlant même d'un "nouveau pacte ferroviaire entre la nation, la SNCF et les cheminots". Celui-ci doit composer avec cette contrainte : la société ferroviaire française a près de 50 milliards d'euros de dette. Le Premier ministre a assuré que "l'Etat prendrait sa part de responsabilité" sur cette dette, mais qu'il faudrait très vite mettre en place une "nouvelle organisation" à la SNCF, pour remplacer celle jugée aujourd'hui "trop rigide et trop fragmentée". Il appelle ainsi de ses voeux une "profonde réforme sociale, industrielle et managériale". Et de se montrer optimiste sur les effets rapidement générés : "Cette transformation de la gouvernance sera vertueuse. Elle permettra de sortir du piège d'une dette sans limite et responsabilisera les dirigeants de l'entreprise, l'Etat et les collectivités".
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