Des milliers de manifestants, depuis le 17 novembre, réclament le départ de l'armée, qui assure le gouvernement de transition depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011© REUTERS.© REUTERS
Depuis le 19 novembre, des milliers de manifestants égyptiens réclament le départ de l'armée, au pouvoir depuis la chute d'Hosni Moubarak en février dernier. Ils dénoncent l'immobilisme du régime et la brutalité de la répression.
Depuis le 19 novembre, des milliers d’Égyptiens manifestent pour réclamer le départ du Conseil suprême des forces armées (CSFA), au pouvoir depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2010. La répression a déjà fait une trentaine de morts et au moins 1900 blessés.
Un processus législatif doit débuter lundi 28 novembre. Il devrait s'achever en mars après que les différentes régions se sont prononcées. Les manifestants souhaitent que l'élection présidentielle ait lieu dans la foulée.
Il y a encore quelques jours, l'armée voulait repousser cette consultation au début de l'année 2013.
Avant-hier, mardi, après une concertation avec l'organisation islamiste des Frères musulmans, l'armée a annoncé qu'elle était d'accord pour avancer la présidentielle à juin 2012. "L'armée ne veut pas le pouvoir", a assuré le maréchal Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA), dans une allocution télévisée mardi 22 novembre.
Ce recul du nouveau pouvoir n'a cependant pas désamorcé la colère. Les affrontements continuent sur la place Tahir et l'emploi de gaz suffocants par les militaires n'a fait qu'ajouter à la tension.
1. Il n'y a pas eu de révolution
"Le départ de Moubarak n'a rien changé. Le fond de la question est qu'il n'y a pas eu de révolution en Égypte. La crise a été suffisante pour amener le départ du Président mais non la chute du régime." explique Jean-Noël Ferrié, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de l'Égypte.
Les partisans de la démocratie viennent de s'en rendre compte et entendent "terminer la révolution" engagée au mois de janvier 2011. Ils réclament le départ du maréchal Tantaoui, ancien ministre de la défense d'Hosni Moubarak.
2. Répression et justice expéditive ont accentué la colère
En quelques mois, l'image de l'armée s'est détériorée. La brutalité avec laquelle elle maintient l'ordre a rappelé celle de la police sous le gouvernement d'Hosni Moubarak. Dès le 8 juillet, des pamphlets réclamaient, place Tahrir, la constitution d’un conseil présidentiel à la place du conseil militaire et dénonçaient la violence exercée contre les manifestants. Trois vidéos relayées par les réseaux sociaux ont particulièrement terni la réputation des militaires.
Parmi celles-ci, une vidéo de la manifestation des coptes -les chrétiens d'Égypte- le 9 octobre à Maspero, dans le centre du Caire, qui s’était soldée par la répression la plus sanglante depuis la chute de Moubarak. Dans la vidéo, on voit des chars de l’armée foncer dans la foule et des soldats tirer sur les manifestants, faisant au moins 26 morts.
Depuis le départ de Moubarak, près de 12 000 Égyptiens sont passés devant des tribunaux militaires, d'ordinaire réservés aux soldats. Une justice expéditive destinée à dissuader les partisans d'un retour du pouvoir aux civils de protester.
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