Réunis à Washington, les ministres des finances du G20 ont essentiellement évoqué les mesures structurelles nécessaires pour favoriser la croissance et l’emploi. Des mesures qui ne seront pas forcément populaires.

Le trésorier australien, Joe Hockey, l’a clairement laissé entendre à l’issue de la réunion des ministres des Finances du G20, ce vendredi à Washington. Nous allons mettre en œuvre « des réformes structurelles » qui « pourraient être impopulaires ». Peu après la fin de cette réunion sous présidence australienne, les participants s’accordaient sur le fait que l’essentiel des discussions avait porté sur les stratégies à mettre en place pour augmenter leur potentiel de croissance.
Si mardi dernier, le Fonds Monétaire International (FMI) avait salué les meilleures perspectives de croissance mondiale, il n’en avait pas moins souligné la faiblesse des performances.
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Son chef économiste, Olivier Blanchard, avait été jusqu’à expliquer que la crise économique déclenchée en 2008 avait abouti à l’abaissement de la croissance potentielle non seulement dans les pays riches mais également dans les pays émergents. Avec un total de 46 millions de chômeurs, rien que dans les pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE), la tâche que les ministres se sont fixé en février dernier d’obtenir 2% de croissance supplémentaire d’ici à 5 ans (0,5 % de plus par an de 2015 à 2019) apparaît d’autant plus urgente. Cet objectif est sensé représenté plus de 2.000 milliards de dollars de PIB en plus au niveau mondial.
Chacun des pays doit livrer dès septembre prochain lors de la réunion des ministres des Finances du G20 de Cairns un plan stratégique précis visant à renforcer sa croissance. Des plans qui seront ensuite endossés par les chefs d’Etat et de Gouvernement lors de leur sommet de Brisbanne mi novembre. Les débats de Washington ont été centrés sur les moyens à mettre en œuvre. Comme l’a rappelé Joe Hockey à la fin de la réunion, « nous allons accroître nos investissements, favoriser les créations d’emplois, libéraliser le commerce et favoriser la concurrence ».
Tout est sur la table
A Washington, « chacun a présenté une sorte de squelette des réformes qu’il compte entreprendre. Le moins que l’on puisse dire est qu’on est loin du compte pour atteindre nos objectifs », a indiqué un haut fonctionnaire. Et c’est là tout le sens de la remarque du trésorier australien. Des réformes impopulaires sont à prévoir. « Nous nous sommes accordés sur le fait que nos réformes doivent être ambitieuses. Elles doivent être nouvelles et non pas être des réformes recyclées », a-t-il clamé. Investissements dans les infrastructures, dérégulation et flexibilisation des marchés du travail, amélioration du taux d’emplois des femmes, accroissement de la concurrence sur le marché des biens et services pour abaisser les prix et les coûts sont ainsi au programme dans les différents pays.
« Les réformes structurelles sont particulièrement importantes pour parvenir à notre objectif. Nous nous sommes centrés, lors de notre réunion, sur l’importance des réformes qui favorisent une plus grande concurrence des marchés de biens et de services. Ces réformes, couplées avec des mesures améliorant le commerce, peuvent favoriser le dynamisme et augmenter la productivité de nos économies », précise le communiqué final du G20. Négociations salariales non plus par secteur mais par entreprises, paiement des salariés en fonction de ce qu’ils produisent, recours au chômage partiel en cas de difficultés conjoncturelles sont autant de pistes évoquées. Tout est sur la table. A chacun de se déterminer.
Dans ce cadre, le ministre des Finances français, Michel Sapin, a présenté les axes de réformes en France tel que le Crédit d’Impôt Compétitivité et Emploi, le pacte de responsabilité. « Dans le domaine des nouveautés, la France n’a pas à rougir par rapport à d’autres pays du G20 qui sont nettement en retard », témoignait ce haut fonctionnaire. Avant d’ajouter qu’il sera extrêmement difficile de mettre tout cela en œuvre à la satisfaction de tout le monde.
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En effet, une mesure nationale visant à accroître la compétitivité du pays peut se faire au détriment des autres partenaires. « Qu’arriverait il si l’Allemagne renforçait encore sa compétitivité ? », s’interroge une source proche du dossier. En outre, l’instauration de mesures structurelles peut aussi, à court terme, détruire des emplois. C’est donc un subtil dosage que les membres du G20 devront trouver dans les prochains mois. Une chose est cependant sûre : toutes ces mesures évoquées sont fortement teintée de libéralisme.
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