
La présidence égyptienne a rejeté implicitement dans la nuit du lundi 1er au mardi 2 juillet l'ultimatum lancé plus tôt par l'armée au chef de l'Etat islamiste Mohamed Morsi, lui laissant 48 heures pour satisfaire les "demandes du peuple", faute de quoi elle imposerait une feuille de route. Déterminée "à poursuivre dans la voie qu'elle a choisi pour mener une réconciliation nationale globale", l'administration note que "la déclaration des forces armées n'a pas été soumise au (chef de l'Etat)" avant sa diffusion et contient "des signes pouvant causer la confusion".
"L'Etat démocratique égyptien civil est une des plus importantes réalisations de la révolution du 25 janvier" 2011 qui a renversé l'ancien président Hosni Moubarak, poursuit le communiqué, affirmant que "l'Egypte ne permettra absolument aucun retour en arrière quelles que soient les circonstances".
Lundi soir, le commandement militaire avait affirmé dans un message lu à la télévision que "si les revendications du peuple ne sont pas satisfaites, (les forces armées) annonceront une feuille de route et des mesures pour superviser sa mise en œuvre". Les opposants au président Morsi, mobilisés en masse depuis dimanche notamment sur l'emblématique place Tahrir du Caire, ont explosé de joie à cette annonce.
Voir : Pourquoi des millions d'Egyptiens sont descendus dans la rue
L'OPPOSITION REFUSE DE DISCUTER AVEC MORSI
"Nous n'allons pas discuter avec Morsi car nous considérons qu'il n'est plus légitime", a déclaré lundi Khaled Dawoud, porte-parole du Front de salut national (FSN), coalition rassemblant des libéraux et des personnalités de gauche. Le mouvement a décidé dans la soirée de désigner Mohamed ElBaradeï comme son représentant dans d'éventuelles discussions avec l'armée, a-t-il ajouté. "Nos revendications, que nous allons présenter à l'armée, sont principalement que le président Morsi démissionne et que nous allons avoir besoin d'un gouvernement fort et d'un président intérimaire, dont nous proposons qu'il s'agisse du président de la Cour constitutionnelle", a-t-il dit.
Le même jour, partisans et adversaires du président islamiste ont échangé des coups de feu à Suez, selon des témoins. Au moins 16 personnes sont mortes dans des affrontements de ce type en Egypte depuis le week-end.
Le ministre égyptien des affaires étrangères, Mohamed Kamel Amr, a par ailleurs remis sa démission, selon l'agence officielle de presse Mena, qui ne précise pas les raisons de sa décision. Cinq autres ministres, dont aucun n'appartient à la confrérie islamiste, ont également démissionné depuis la journée de mobilisation de dimanche.
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