« Tu bombardes,
tu es exclu »
Un collectif de 72 artistes qui ont déjà participé au concours a adressé ce mardi un courrier aux organisateurs pour demander que la télévision israélienne soit exclue, en raison de la situation dans la bande de Gaza.
Plusieurs anciens participants du concours, dont les Français La Zarra (édition 2023), Jessy Matador (2010) et Marie Line (1998), ont signé une lettre ouverte pour demander l'exclusion de la télévision israélienne KAN en raison de la situation à Gaza.
Les répétitions viennent à peine de commencer que les polémiques sont déjà là. Pas moins de 72 anciens participants à l’Eurovision demandent l’exclusion de la télévision israélienne KAN de l’Union européenne de radiotélévision (UER), dans une lettre adressée à l’institution et publiée par le média britannique The Independant ce mardi 6 mai. Une telle exclusion de la chaîne publique israélienne entraînerait de fait celle d’Israël du concours de chansons, puisque l’UER en est l’institution organisatrice.
Dans ce courrier, ces artistes, compositeurs, danseurs, choristes ou encore auteurs motivent les raisons de cette requête : ils accusent la télévision publique KAN d’être « complice du génocide israélien envers les Palestiniens à Gaza et du régime d’apartheid en cours depuis des décennies à l’encontre du peuple palestinien ».
« Nous n’acceptons pas ce deux poids, deux mesures »
« Nous croyons au pouvoir unificateur de la musique, c’est pourquoi nous refusons que la musique soit utilisée en tant qu’instrument pour disculper de crimes contre l’humanité. L’an dernier, nous avons été abasourdis que l’UER autorise Israël à participer. Le résultat a été désastreux », affirment ces anciens interprètes, parmi lesquels deux anciens gagnants, Salvador Sobral (2017) et Charlie McGettigan (1994). « En conséquence, nous nous associons pour dénoncer la complicité de l’UER avec le génocide israélien qui doit s’arrêter », insistent-ils.
« En continuant à offrir une vitrine à l’État hébreu, l’UER normalise ses crimes. L’UER a déjà montré par le passé sa capacité à prendre des mesures, comme en 2022, lorsqu’elle a exclu la Russie de la compétition. Nous n’acceptons pas ce deux poids deux mesures vis-à-vis d’Israël », déplorent ces 72 professionnels du monde de la musique, qui concluent en demandant formellement l’exclusion du pays du concours.
Ils soulignent que les polémiques avec la délégation israélienne qui ont émaillé le concours l’an dernier en ont fait l’édition « la plus politisée, la plus chaotique et la plus désagréable de l’histoire de la compétition ». Plusieurs candidats, dont les Norvégiens du groupe Gåte, avaient effectivement évoqué leur hésitation « jusqu’au dernier moment » à participer à la finale. Ils font aujourd’hui partie des signataires du courrier envoyé à l’UER.
De nombreuses vidéos avaient été diffusées sur les réseaux sociaux dans lesquelles des membres de la délégation israélienne et des journalistes de la télévision publique israélienne KAN filmaient d’autres concurrents alors que ceux-ci s’y étaient expressément opposés.
Lors de la diffusion de la première demi-finale, les commentateurs israéliens ont également appelé les téléspectateurs à insulter Bambie Thug, qui participait pour l’Irlande, ce qui est interdit par le règlement du concours. L’artiste avait alors affirmé que la délégation irlandaise s’était plainte à l’UER et qu’il lui avait été confirmé qu’il s’agissait bien d’une violation des règles. Cela n’a pas été confirmé par un communiqué officiel de l’organisation, cependant plusieurs délégations ont effectué des signalements similaires, dont les Pays-Bas, confirmait à l’époque le site Nu.nl.
Trois Français signataires
Parmi les signataires de la lettre, figurent trois anciens représentants français : La Zarra (2023), Jessy Matador (2010) et Marie Line (1998). Contacté, Jessy Matador, qui avait terminé 12e à Oslo (Norvège), n’a pas souhaité s’exprimer davantage.
De nombreux anciens participants solidaires du mouvement viennent d’Islande, pays à la politique très propalestinienne : l’île scandinave avait même failli envoyer le chanteur palestinien Bashar Murad à l’Eurovision 2024, avant qu’il ne se fasse souffler la victoire lors de la sélection nationale.
Plusieurs anciens candidats portugais, bosniens, irlandais, maltais ou encore slovènes font également partie de la liste, tout comme l’Anglaise Mae Muller (2023). Dès le printemps 2024, une dizaine de participants au concours avaient demandé un cessez-le-feu « immédiat et durable » à Gaza et la libération de « tous les otages ».
Israël avait terminé 5e de l’Eurovision 2024 avec Eden Golan et sa chanson « Hurricane », écho très clair aux attaques du 7 octobre 2023. Pour cette nouvelle édition, dont la finale aura lieu le 17 mai à Bâle, en Suisse, Yuval Raphael, une survivante du festival Nova, a été choisie par le public pour représenter son pays. Elle chantera le titre « New Day Will Rise », également référence à la reconstruction du peuple israélien face à ce drame.
Des pétitions en Finlande
Cette lettre ouverte survient alors que des pétitions ont été lancées en Finlande fin mars pour demander à la chaîne publique Yle de faire pression sur l’UER afin d’exclure Israël de l’édition 2025, là aussi en raison de la guerre à Gaza. En avril, le groupe public de radio et télévision espagnol RTVE avait quant à lui demandé à l’organisateur du concours de débattre de la participation d’Israël au concours.
En coulisses, la panique grandit ...
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