« Vous savez pourquoi la Bourse se porte bien ? C'est parce que je suis en tête dans les sondages. Scott l'avait écrit à ses investisseurs », avait lâché Donald Trump au printemps lors d'un meeting. « Scott », c'est Scott Bessent, qui a longtemps travaillé pour George Soros comme directeur des investissements, que ce soit dans son hedge fund ou family office après 2011. Il a quitté le milliardaire en 2015 pour lancer son propre hedge fund, Key Square .
Alors que son ex-mentor reste un soutien inconditionnel des démocrates pour cette campagne très indécise, Scott Bessent est devenu un des conseillers économiques très écouté par Donald Trump. Ce donateur républicain, venu sur le tard en politique, estime que la victoire de l'ancien président serait une bonne nouvelle pour Wall Street et les investisseurs.
« C'est un homme d'affaires, il comprend l'économie »
Indépendance de la banque centrale américaine ( Réserve fédérale ), dollar , guerre commerciale… Sur tous ces sujets sensibles, il soutient ou tente d'influer sur les propositions souvent iconoclastes du républicain.
Il s'est d'abord voulu rassurant sur la monnaie américaine. Trump n'a cessé de critiquer le niveau trop élevé du dollar, qui pénalise les exportations américaines. Le candidat laisse planer la menace d'une dévaluation pour restaurer la compétitivité des entreprises.
L'ancien gérant de hedge fund sait pertinemment pour sa part qu'une telle décision, du ressort du Trésor, porterait atteinte à l'attractivité et à la sûreté des actifs américains (Wall Street, dette) et donc au billet vert, première monnaie mondiale. « Trump soutient les Etats-Unis et le dollar comme monnaie de réserve. C'est un homme d'affaires, il comprend l'économie », a ainsi assuré Scott Bessent au « Financial Times ». Une dévaluation ouvrirait un conflit avec la Fed, opposée à toute intervention sur le dollar, hormis dans des conditions exceptionnelles de crise.
Pas d'agence hors de la sphère du pouvoir
Dévaluation ou pas, l'affrontement entre la Maison-Blanche et sa banque centrale paraît inévitable en cas de victoire du républicain. Donald Trump veut reprendre la main sur la politique monétaire en revenant aux premières années de la Fed.
Un bras de fer judiciaire entre la Maison-Blanche et la Fed serait ans doute très mal perçu par les marchés et investisseurs.
Avant 1935, le secrétaire au Trésor et le contrôleur de la monnaie, tous deux nommés par le président, siégeaient au conseil d'administration de la banque centrale créée près de 20 ans plus tôt. Il pourrait engager un complexe combat juridique. Il plaiderait que les agences gouvernementales américaines comme la Fed sont inconstitutionnelles, comme certains juristes conservateurs semblent le croire, selon David Wilcox du Peterson Institute.
La Constitution américaine ne mentionne pas d'agences « indépendantes » qui seraient hors de la sphère du pouvoir. Seulement ce bras de fer judiciaire inédit, qui finirait sans doute devant la Cour Suprême, serait sans doute très mal perçu par les marchés et investisseurs.
Le chaperon de Jay Powell
Scott Bessent propose plutôt d'isoler Jerome Powell, le président de la Fed avec qui Trump avait des relations tendues quand il était à la Maison-Blanche, et de rendre sa position intenable sous la pression.
Il veut que le remplaçant de l'actuel président de la banque centrale soit nommé le plus tôt possible et bien avant la fin de son mandat qui court jusqu'en mai 2026. Ce « nouveau gouverneur », pas encore en fonction, serait ainsi très écouté par les marchés, de telle sorte que « plus personne ne se souciera de ce que Jerome Powell a à dire », a-t-il expliqué au magazine « Barron's ». Cet isolement serait un moyen d'obtenir sa démission.
En cas de victoire à l'élection, Donald Trump nommera-t-il un ancien gérant de hedge fund, John Paulson, 68 ans ou Scott Bessent, 61 ans, au poste très sensible de secrétaire au Trésor ? En 2015, l'activiste Carl Icahn se serait vu proposer un tel poste par le républicain s'il devenait président. Le financier avait refusé, mais il avait gagné gros en pariant sur la victoire de Trump, jugée à l'époque hautement improbable par les marchés.
Soros soutient Kamala Harris
George Soros ouvre régulièrement son portefeuille au moment des élections. Lors des élections de mi-mandat de 2022, il avait dépensé 170 millions de dollars pour les démocrates. Cette année, il a versé 60 millions de dollars, et peut-être davantage dans la dernière ligne droite.
En 2023, son réseau de fondation, l'Open Society Foundations, a versé 1,7 milliard de dollars à des organisations non gouvernementales ou des causes libérales qu'il soutient depuis des années.
Les Etats-Unis ont capté près du quart de cet argent. En 30 ans, George Soros a mobilisé 22,7 milliards de dollars pour promouvoir les idées qui lui sont chères, un record dans l'univers des hedge funds.
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