Lors de sa séance annuelle de questions-réponses en direct avec ses concitoyens, le 15 décembre, le Premier ministre a apparemment fait des concessions démocratiques, tout en se réservant le rôle de "filtre" et de principal adversaire à la présidentielle.

Pour sa dixième édition, la "Conversation avec Vladimir Poutine", rendez-vous annuel du Premier ministre avec les citoyens de Russie diffusé en direct sur plusieurs chaînes de télévision et de radio, a battu un nouveau reccord de durée : 4heures et 32 minutes. Un marathon "au cours duquel le candidat à la présidentielle de mars 2012 a répondu à des questions concernant les législatives, les manifestations, l'élection des gouverneurs, le pluralsime politique, le Caucase russe, les rapports avec l'opposition", énumère le quotidien Moskovskié Novosti.
Selon la Nezavissimaïa Gazeta, il a, de fait, "exposé les priorités de son programme présidentiel, parmi lesquelles le renforcement du système politique actuel, la situation des couches sociales défavorisées, les menaces de l'Occident." Les dernières élections législatives (entachées de fraudes et dénoncées par une partie croissante de la population qui a manifesté massivement le 10 décembre) ont également été largement abordées. Le politologue Gleb Pavlovski, interrogé par le quotidien moscovite estime à ce sujet que "dans un contexte où il est urgent de réduire le degré de violence et de peur", Vladimir Poutine a lâché du lest, semblant dire "c'est bon, manifestez, mais sans casser les vitrines". Cette promesse de "ne pas traiter les manifestants à coups de matraque sur la tête, comme avait recommandé de le faire le Premier ministre il y a peu, c'est déjà bon à prendre".
Autre réaction d'assouplissement face à la mobilisation du 10 décembre, Vladimir Poutine a proposé de réformer partiellement le système de désignation des gouverneurs en restaurant leur élection au suffrage universel. Tous les partis siégeant à la Douma pourront proposer des candidats. Cependant, seuls ceux qui auront passé le "filtre présidentiel" seront effectivement enregistrés. Concernant la lutte contre la fraude, il a promis l'installation de web-cam dans les bureaux de vote avec retransmission sur Internet.
Lors de la conférence de presse qui a suivi l'émission, un journaliste lui a demandé qui serait à ses yeux son principal adversaire à la présidentielle ; "moi-même", a-t-il répondu.
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