Le Front national arrive pour la première fois en tête d’une élection au niveau national, et avec un score record : autour de 25%. On respire un grand coup, et on analyse.
On le savait, en effet, depuis des semaines, les sondages ne s’étant, sur ce point, pas trompés. Et pourtant, contrairement au « sursaut » du deuxième tour de 2002, il n’y a pas eu de mobilisation générale pour faire barrage à l’extrême-droite.
Au contraire, y compris à gauche, beaucoup ont choisi de laisser faire en s’abstenant massivement, même si la participation a été légèrement supérieure aux européennes précédentes. C’est de ce point de vue plus grave que le 21 avril « accidentel ».
C’est ce phénomène qui est le plus intéressant à comprendre, à analyser.
Le Front national est donc en tête, et il assurément le grand vainqueur de ce scrutin. C’est incontestable, et c’est historique.
La liste des perdants
Les perdants sont nombreux :
- En premier lieu, évidemment, le PS qui réalise un score pathétique (moins de 15%) pour une formation au pouvoir, et qui paie l’incompréhension de ses électeurs face à la politique, et même au personnage, de François Hollande depuis deux ans. Le PS pourra-t-il se relever un jour de cette Bérézina ?
- Le Front de Gauche, qui aurait dû, en toute logique, suivre la trajectoire de Syriza en Grèce, arrivé en tête dans son pays, s’est aussi « planté » : 6,6%. Mais Jean-Luc Mélenchon n’a pas su sortir de la dénonciation et de la rhétorique depuis deux ans, ne parvenant pas à incarner une alternative de gauche à l’échec du PS.
Au-delà de ces analyses politiciennes, c’est l’état de la société française et du fonctionnement de la démocratie française qui sont en cause.
- L’UMP, qui, après sa victoire aux municipales en raison d’un mode de scrutin favorable, retrouve à la proportionnelle un étiage faible (20%) pour une opposition en période de crise. Le FN lui a volé la vedette, et une partie de ses électeurs : guerre des chefs, affaire Bygmalion et affaires en tous genres...
La faillite de l’« offre » politique
Avec une question : si les Français n’ont pas trouvé dans l’« offre » politique que le Front national pour incarner une alternative au « système », malgré la démagogie de ses propositions, c’est que les partis politiques traditionnels, de droite comme de gauche, ont failli et n’ont pas su se renouveler.
Le FN est en tête, mais pas pour autant le premier parti de France. Il est simplement le plus cohérent dans cette époque, en sachant tenir un discours peut-être irréaliste mais suffisamment fort en direction des victimes de la crise, en direction de tous ceux qui se sentent oubliés, délaissés, par l’élite politique qui se succède au pouvoir sans jamais résoudre les problèmes.
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