"Oui, c'est envisageable": la France pourrait-elle vraiment être mise sous tutelle après l'alerte du FMI?
La BCE au secours de la France
Mais cette hypothèse d'une France sous la houlette d'un Fonds monétaire international est-elle plausible?
Le scénario d'une France "sous tutelle" est crédible "à moyen ou long terme" compte tenu de "l'incapacité des gouvernements quels qu'ils soient à réduire significativement la dépense publique", selon Christopher Dembik conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM.
"Oui, c’est envisageable que le FMI débarque en France. J’espère, et je pense qu’on arrivera à un accord entre les partis (politiques), ou qu’un parti suffisamment fort y arrivera, pour qu’on évite cette case. Mais ce n’est pas impensable", confirmait sur notre antenne l'ex-chef économiste du FMI, Olivier Blanchard.
Pour Christopher Dembik, ce n'est toutefois pas le FMI qui viendrait toquer à la porte le premier "pour la simple et bonne raison que la Banque centrale européenne interviendrait avant et donc l'intervention du FMI ne serait pas utile".
(...) En contrepartie, le pays concerné par ce programme doit négocier avec la Commission européenne et le Conseil européen ce que l'on appelle dans le jargon de l'UE un "plan d'ajustement budgétaire". Pour être plus clair: un plan d'austérité.
Un plan d'austérité "extrêmement douloureux"
(...)
Quid du plan d'austérité exigé en contrepartie? "Ce serait extrêmement douloureux et cela durerait plusieurs années, prévient d'emblée Christopher Dembik. On considérera certainement qu'il faudra aligner le ratio de dépense publique sur le PIB actuellement à 57% sur la moyenne européenne, soit une baisse d'environ dix points. C'est massif".
Cela passera aussi sans doute par une réforme des retraites avec un net relèvement de l'âge légal de départ "car le sujet de la dépense publique en France est avant tout un sujet de retraites qui constituent le premier poste de dépense publique", rappelle-t-il.
Finances publiques : la France
sous tutelle du FMI ?
L’hypothèse d’une mise sous tutelle de la France compte tenu du dérapage de sa dépense publique n’est plus totalement exclue par les experts à moyen ou long terme.(BFM)
Les alertes sur l’état des finances publiques françaises se suivent et se ressemblent. Pour la énième fois en février, la Cour des comptes a mis en garde le gouvernement contre une dépense publique « en roue libre » plaçant la France « au pied du mur ». Ce jeudi, c’est le Fonds Monétaire InternationaI qui est revenu à la charge en insistant sur la nécessité de prendre des « décisions difficiles » pour redresser les comptes de l’État.
Le gouvernement promet pourtant de revenir sur la voie du sérieux budgétaire en ramenant le déficit public sous les fameux 3% en 2029, contre 5,8% en 2024. Le problème, c’est que personne n’y croit. Ni la Commission européenne, ni la Cour des comptes qui jugent l’exécutif trop « optimiste ». Ni même le FMI qui estime que sans nouvelles mesures « significatives », le déficit resterait autour des 6% du PIB et que la dette publique augmenterait jusqu’en 2030.
Mais la France peut-elle se payer le luxe de laisser ses comptes dériver encore longtemps?
« Dès que les investisseurs arrivent à la conclusion que le contrôle du budget n’est pas évident, ils se disent: on ne va peut-être pas être payés. Ils demandent alors une augmentation des taux d’intérêts », ce qui peut déclencher un mouvement de panique sur les marchés, avait mis en garde sur BFM Business Olivier Blanchard, ancien chef économiste du FMI.
L’ancien ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, agitait déjà ce spectre en 2024 en faisant planer la menace d’une possible « mise sous tutelle » de la France en cas d’arrivée au pouvoir du RN ou du NFP dont il jugeait les programmes trop dispendieux.
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Le FMI met la France face à l'urgence de réformes budgétaires
Dans son rapport annuel, l'institution internationale appelle à des choix budgétaires clairs, tout en déconseillant une nouvelle hausse de la pression fiscale, jugée déjà trop forte.
Le FMI s’inquiète : la dette française toujours en hausse
La conclusiondu Fonds monétaire international est sans appel : à politique constante, la dette publique continuera de progresser jusqu’en 2030, et le déficit restera à 6 % du PIB. Pour l’institution, l’engagement du gouvernement à revenir sous la barre des 3 % d’ici à 2029 est « bienvenu », mais insuffisant sans mesures supplémentaires. Le FMI valide l’objectif affiché pour 2025 (5,4 % de déficit), mais doute de sa durabilité. Il appelle donc Paris à « un ensemble de mesures bien défini et crédible », selon le rapport du 22 mai 2025.
Le FMI trace une ligne rouge claire : pas question d’augmenter encore les impôts. La France, déjà l’un des pays les plus fiscalisés d’Europe, ne doit pas compter sur la seule recette fiscale pour redresser la situation. Le rapport insiste : un plan basé sur la fiscalité pèserait sur « la confiance des entreprises, la consommation des ménages et le potentiel de croissance ». L’alternative ? Une réduction ciblée des dépenses publiques, à tous les étages : État, collectivités locales, sécurité sociale.
Quarante milliards d’économies à trouver d’ici à 2026
Le cap est fixé :Bercy doit trouver 40 milliards d’euros d’économies pour 2026. Objectif : ramener le déficit à 4,6 %. Le ministre de l’Économie, Éric Lombard, se veut confiant : « Notre effort actuel (…) est crédible », a-t-il assuré. Mais les détails concrets restent à venir. Le gouvernement promet de dévoiler ses pistes d’ici au 14 juillet 2025. Parmi les leviers évoqués : suppression de certaines niches fiscales, fusion d’agences, rationalisation des opérateurs publics.
Dans son rapport,le FMI encourage la France à relancer deux chantiers très sensibles : l’assurance-chômage et les retraites. Il suggère de revoir les critères d’éligibilité, la durée d’indemnisation, ou encore d’harmoniser les régimes pour garantir l’équilibre du système. Une ligne risquée politiquement, dans un climat social tendu. L’institution elle-même le reconnaît : la fragmentation politique et les tensions actuelles pourraient « retarder les efforts de consolidation budgétaire ».
Le FMI n’attend pas de miracle sur la croissance. Il anticipe un PIB en hausse de seulement 0,6 % en 2025, soit un niveau faible pour soutenir l’effort budgétaire. Dans ce contexte, le rapport sonne comme une mise en garde. Il insiste sur la nécessité de décisions « décisives » et « équitables ». Une équation difficile pour le gouvernement, qui doit conjuguer impératifs économiques, contraintes politiques et acceptabilité sociale. Le rendez-vous du 14 juillet 2025 pour la présentation des mesures budgétaires pourrait bien être décisif.
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