Trois otages de l'ONG française Triangle Génération Humanitaire, détenus au Yémen, ont été libérés après cinq mois de captivité, "en bonne santé".

Les trois otages français - deux femmes et un homme - détenus au Yémen depuis le 28 mai dernier ont été libérés dans la nuit de dimanche à lundi 14 novembre, a annoncé la présidence française dans un communiqué. Ils sont "en bonne santé", a précisé un médiateur yémenite.
Pierre Verbruggen, le co-directeur de l'ONG française Triangle Génération Humanitaire, à laquelle appartenaient les otages âgés de 25 à 30 ans, fait part de son "grand soulagement" après l'annonce de leur libération, ajoutant qu'il n'avait aucune information sur la date de leur retour en France.
"Les trois Français sont en bonne santé. Ils sont en ma compagnie à Ataq, une heure après leur libération par al-Qaïda", a déclaré de son côté à l'AFP un chef tribal, qui a mené une médiation pour leur remise en liberté.
"Ils passent la nuit à Ataq et seront conduits dans la matinée à Sanaa", a déclaré pour sa part un responsable des services de sécurité dans la province de Chabwa.
Médiation tribale
Un responsable gouvernemental avait fait état dimanche 13 novembre d'une médiation tribale pour la libération des otages français.
"La médiation tribale a été menée auprès de Fahd al-Qussa, un chef d'al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa), dont les hommes retenaient en otage les trois Français", a précisé à l'AFP un responsable local. "La libération des otages français a été négociée par des dignitaires de la tribu d'Al-Awalaq auprès de Fahd al-Qussa, qui appartient à cette tribu", a indiqué le médiateur tribal, qui a requis l'anonymat.
Les ex-otages étaient "retenus ces dernières semaines dans la province de Chabwa", a-t-il ajouté. Chabwa, un fief de l'Aqpa, est la province d'origine d'Anwar al-Aulaqi, l'imam américano-yéménite tué le 30 septembre dans une frappe américaine au Yémen.
Aide "déterminante" d'Oman
Dans son communiqué, la présidence française précise que "le chef de l'Etat remercie chaleureusement le sultan d'Oman et les autorités omanaises pour leur aide déterminante, ainsi que toutes les personnes ayant contribué à cet heureux dénouement".
"Un riche homme d'affaires yéménite, Ahmed Ben Férid al-Souraimeh, qui vit en exil dans le sultanat d'Oman, a joué un rôle déterminant dans la libération des otages", a de son côté expliqué la source tribale, sans plus de détails.
Fin septembre, Washington avait également remercié le sultan Qabous pour la médiation d'Oman dans la libération des deux randonneurs américains détenus alors en Iran sous l'accusation d'espionnage. Oman avait alors payé une caution de 400.000 dollars réclamée par la justice iranienne pour chacun des randonneurs, selon l'avocat de ces Américains en Iran.
Une rançon de plusieurs millions de dollars
Des sources tribales avaient indiqué fin juillet que les trois otages français étaient aux mains d'éléments d'al-Qaïda qui demandaient une rançon de 12 millions de dollars pour les libérer. Des sources tribales et de sécurité ont confirmé qu'une rançon de plusieurs millions aurait été payée.
Fin octobre, le ministre français de la Défense Gérard Longuet avait lui indiqué que les demandes des ravisseurs étaient "assez confuses".
Les trois humanitaires avaient disparu le 28 mai à Seyoun (600 km à l'est de Sanaa), chef-lieu du Hadramout. Ils travaillaient pour un programme de développement agricole et notamment pour la remise en état d'infrastructures, cette la région, dans laquelle "on est bien intégrés", selon Pierre Verbruggen.
Après la disparition de ses trois employés, l'ONG avait suspendu ses programmes au Yémen, en proie à une vague de violences liées à un mouvement de contestation du régime et à un regain d'activité d'al-Qaïda dans le Sud. Le Yémen est le théâtre de fréquents enlèvements d'étrangers par des tribus. Plus de 200 d'entre eux y ont été enlevés ces 15 dernières années et la grande majorité ont été libérés sains et saufs.
Après ces libérations, il reste cinq français retenus en otage dans le monde, l'un ayant été enlevé en Somalie, les quatre autres au Niger.
source: Le Nouvel Observateur - AFP
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