Mercredi 04 juillet 2012, 17h08
La défense de Grande Paroisse (groupe Total) dans le procès de l'usine AZF s'appuie sur l'affaire Merah pour relancer l'hypothèse que l'explosion qui a fait 31 morts en septembre 2001 à Toulouse soit due à un acte intentionnel plutôt qu'à un accident chimique.
Les avocats de Grande Paroisse utilisent le fait que le frère aîné de Mohamed Merah, Abdelkader, actuellement incarcéré pour complicité d'assassinats, était proche de la communauté islamiste d'Artigat (Ariège) qu'ils ont régulièrement mise en cause dans le procès AZF.
Me Daniel Soulez-Larivière a indiqué mercredi à l'AFP qu'il avait adressé lundi à la cour d'appel de Toulouse une note de onze pages soulignant que les tueries de Toulouse et Montauban perpétrées en mars 2012 par Mohamed Merah, montrent qu'il "existe bien à Toulouse et dans sa région un foyer islamiste radical structuré, qui était déjà extrêmement présent et actif en 2000-2001".
Le procès en appel pour homicides involontaires du directeur de l'usine Serge Biechlin et de son propriétaire Grande Paroisse a duré quatre mois et demi, jusqu'au 15 mars. La cour délibère depuis sur ce procès fleuve et son jugement sera rendu le 24 septembre.
La défense a plusieurs fois regretté pendant les débats que les enquêteurs aient "négligé la piste intentionnelle". Me Simon Foreman a notamment souligné que dès 2000-2001, la communauté d'Artigat était "un foyer islamiste radical structuré" et déplorait qu'il n'y ait eu "aucune vérification" sur une possible relation de cette communauté avec des salariés d'AZF, notamment Hassan Jandoubi mort dans l'explosion.
La communauté fut ensuite visée en 2007 par une enquête sur une filière de djihadistes vers l'Irak qui a débouché sur huit condamnations.
L'enquête sur Mohamed Merah, qui a tué sept personnes entre le 11 et le 19 mars (trois militaires puis trois enfants juifs et un adulte), a révélé dès le jour de sa mort sous les balles des policiers du Raid, le 22 mars, que le nom de son frère aîné était apparu plusieurs fois dans la procédure Artigat mais qu'il avait bénéficié d'un non-lieu.
Les parties civiles protestent
Ces liens montrent selon Me Soulez Larivière que "l'affaire Merah n'a pas poussé comme un champignon". "C'est bien la même filière djihadiste qui a fait parler d'elle en 2006-2007 et à nouveau en 2012", indique sa "note en délibéré" à la cour d'appel.
Me Soulez Larivière souligne que lorsque le procès AZF s'est terminé, Mohamed Merah n'était pas encore identifié. "Nous ne pouvions savoir où cela menait, nous avons beaucoup travaillé depuis, cela nous a traumatisé" a expliqué l'avocat de Total.
Les principales associations de victimes d'AZF, parties civiles, ont vivement réagi à l'action de la défense. "Il serait temps que Total et sa défense respectent la douleur et la souffrance des Toulousains au lieu de l'instrumentaliser" a déclaré Me Thierry Carrère pour "l'association des sinistrés du 21 septembre".
"Ils sont encore en train de produire de la confusion" a déploré Sophie Vittecoq pour le collectif "Plus jamais ça !".
"On en a plein les bottes d'être traités comme des salauds qui exploitent tout: on cherche seulement toutes les alternatives" rétorque Me Soulez Larivière.
L'avocat de la défense souligne d'ailleurs qu'il a adressé lundi une deuxième note à la Cour, sur une piste non intentionnelle.
"Rien ne permet d'écarter la présence dans le sous-sol d'AZF de nitrocellulose", un explosif enfoui en grande quantité dans cette zone depuis la Première Guerre mondiale et qui a provoqué une explosion spontanée en décembre 2011 dans une entreprise voisine. "Cette hypothèse est une des plus plausibles" indique cette note. source
Révélations sur l’exploitation des renseignements français de M. Merah
La presse française continue à dévoiler les détails des dernières heures de la vie de Mohamed Merah, accusé d’avoir tué sept personnes dans ce qui est appelé l’affaire de Toulouse, en mars dernier. Les dernières informations dans cette affaire révèlent que le jeune français, d’origine algérienne, projetait de s’attaquer à l’ambassade indienne à Paris, ainsi qu’à des personnalités médiatiques françaises, rapporte le journal algérien elkhabar.com.
Des informations et documents ont filtré au cours de la dernière période prouvant la coopération entre les renseignements généraux et Mohamed Merah. Des informations obtenues par la presse française auprès de la police de la circulation, selon lesquelles le jeune Merah a été arrêté en 2007 pour infraction au code de la route, chose qui a incité la police à rechercher son nom dans sa banque de données. Les agents ont dit avoir été surpris des consignes les appelant "à ne pas déranger la personne arrêtée, et à ne pas susciter du bruit autour de lui". Les deux policiers l’ayant arrêté ont exécuté les consignes après avoir appris que la personne concernée est du renseignement et coopère avec la sécurité française.
Ces révélations confirment les suspicions des familles des victimes de Mohamed Merah, qui ont demandé aux juges chargés de l’affaire, de lever le secret sur tous les dossiers et les enregistrements liés à Merah. Elles prouvent également que les appareils sécuritaires ont été au courant de l’activité et des agissements de Mohamed Merah.
Les parties ayant soutenu Merah considèrent néanmoins qu’il a été victime de complicité des renseignements français qui l’ont exploité dans l’infiltration des groupes intégristes, sans qu’il n’y soit préparé, ce qui l’a amené à adopter les idées de ces groupes.
Les juges d’instruction ont demandé, jeudi dernier, de lever le secret sur tous les dossiers pour déterminer la responsabilité des renseignements français, et le directeur des renseignements généraux dans l’affaire de Toulouse, étant donné qu’ils disposaient d’informations, et qu’ils étaient capables d’arrêter Merah avant qu’il ne commette le crime qui lui est imputé.
La maison d’édition Laffont se propose de publier un livre sur l’affaire Merah sous forme d’une enquête, à la mi-juin, relatant l’exploitation des renseignements généraux de Mohamed Merah.
Ceci étant, l’avocate mandatée par la famille Merah s’est rendue en France pour déposer une plainte contre les unités d’élite française, accusées d’avoir liquidé Merah. Cette plainte sera déposée lundi, selon le père de Mohamed Merah.
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Me Soulez Larivière, l'avocat du groupe Total dans le procès AZF, le 30 mars 2010 (Photo Patrick Kovarik/AFP/Archives) |
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