Tapez "Le Soir", "La Libre Belgique" ou "Vers l’Avenir" dans Google et vous ne tomberez jamais sur les sites de ces médias de presse quotidienne belge. Pour le porte-parole de Google, il ne s’agit là que d’une application d’une décision de justice.
Les quotidiens du groupe Sudpresse et "La Dernière Heure" sont logés à la même enseigne que les quotidiens précités.
Il s’agit là d’une conséquence d’une décision prise par l’entreprise américaine de ne plus référencer les sites des organes de presse quotidienne belge francophone et germanophone, nous confirme-t-on du côté de Google.
Pourquoi cette décision?
On s’en souvient, en mai dernier la Cour d’appel de Bruxelles avait confirmé sa condamnation de Google à retirer de ses sites tous les articles et photographies des éditeurs belges de presse quotidienne francophone et germanophone.
La condamnation était intervenue suite au contentieux qui opposait Copiepresse (la Société de gestion de droits des éditeurs de presse quotidienne francophone et germanophone) au célèbre moteur de recherche. Copiepresse estimait que le moteur de recherche Google ne respectait pas les droits d'auteur en reprenant systématiquement des articles de presse dans Google News.
La justice belge avait donc donné raison à Copiepresse qui espérait que, suite à cet arrêt, Google serait disposé à discuter en vue de la "conclusion d'un accord équitable pour l'ensemble des parties".
"Une simple application de la décision"
Mais le géant américain ne l'a pas entendu de cette oreille. Google avait déjà menacé de ne plus référencer des sites de journaux s’il n’était plus autorisé à diffuser leur contenu sur Google Actualités.
Une menace cette fois mise à exécution. "Il ne s’agit que d’une application de la décision de justice", explique Mark Jansen. "En conformité avec cette décision, nous avons retiré tout matériel Copiepresse de notre index", nous explique le porte-parole de Google pour le Benelux.
Ce dernier ne cache pas qu’il s’agit là d’une interprétation très stricte de la décision en question.
"Mais nous restons ouverts à toute collaboration avec des membres de Copiepresse à l’avenir", conclut-il.
"Cela pose question quant à la neutralité du moteur de recherche"
Pour Philippe Laloux, responsable du site Lesoir.be, l'attitude de Google "pose question quant aux pratiques de Google et à la neutralité dont l'entreprise se vante". "Alors qu'on pouvait déjà payer pour être plus haut dans le référencement, on apprend maintenant qu'on a intérêt à garder le doigt sur la couture sous peine de ne plus être référencé du tout".
"Google n'agit pas honnêtement en disant qu'il se base sur l'arrêt. Il ne digère pas la décision de justice et pratique une véritable mesure de rétorsion. Nous sommes furieux", a indiqué pour sa part Margaret Boribon, secrétaire général de Copiepresse, à l'agence de presse Belga.
D'après Gabriel Goldberg, spécialiste de la question, les sites d'information concernés pourraient perdre entre 20 et 30% de leur trafic des suites de leur absence de référencement au sein du moteur de recherche le plus consulté de la toile.
Julien Vlassenbroek
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