Fukushima: à des niveaux tels, les écoliers ne vont-ils pas être irradiés?
AFP – par Karyn POUPEE – Des parents d’élèves d’écoles de la préfecture de Fukushima, où se situe la centrale nucléaire accidentée, craignent que leurs enfants ne soient irradiés dans les cours de récréation où le niveau de radiations affleure parfois la limite admise. Une vingtaine d’établissements scolaires de cette province dévastée ont rouvert ces derniers jours. Situés à quelques dizaines de kilomètres du site atomique mis à mal par le séisme et le tsunami du 11 mars, certains sont exposés à un radioactivité jugée préoccupante. « Est-ce qu’il ne serait pas approprié de nous demander notre avis? Avez-vous l’intention de le faire? », a protesté une mère lors d’une réunion le 21 avril avec des jeunes représentants du ministère de l’Education et des Sciences et des porte-parole de la Commission de sûreté nucléaire. Dans une salle sous tension, les fonctionnaires inexpérimentés, regard fuyant et voix tremblante, peinaient à répondre aux craintes de leurs interlocuteurs vindicatifs, excédés par le mépris dont ils se sentent victimes. « Il y a naturellement des différences de sensibilité entre les parents et les enfants, a reconnu le ministre de la Santé, pourquoi n’en tenez-vous pas compte? », s’est énervée une autre maîtresse de maison, applaudie par ses congénères. « Pourquoi le gouvernement japonais a-t-il décrété que les enfants ne couraient pas de danger si la dose de radiations reçues ne dépassait pas annuellement 20 millisieverts, soit le même niveau que pour un adulte? », a insisté un père. La sensibilité des petits à la radioactivité est pourtant plus forte que celle d’un individu âgé de plusieurs dizaines d’années, car « l’enfant va accumuler tôt des doses dont les effets vont se prolonger tout le reste de sa vie, soit sur un nombre d’années censé être plus important que pour un adulte », confirme Olivier Isnard, expert de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
« Comment évaluez-vous la nourriture des écoliers de Fukushima, potentiellement contaminée (par les émanations récurrentes sortant des réacteurs)? » demande avec insistance une troisième mère, angoissée.
– Nous faisons des simulations, a répondu le jeune fonctionnaire.
– Où sont les résultats de ces calculs, pourquoi ne les publiez-vous pas?
– Je suis désolé, mais je ne peux pas répondre à cette question », s’est excusé le fonctionnaire.
Pour limiter l’exposition à la radioactivité ambiante, le ministère a pour l’heure décidé de limiter les activités extérieures à une heure par jour dans la cour et appliqué la même restriction à plusieurs jardins publics. Cette mesure apparaît cependant dérisoire aux yeux de parents, d’autant que, s’appuyant sur l’avis de la Commission internationale de la protection radiologique, le Japon a relevé significativement le niveau maximum autorisé annuellement, compte-tenu de la situation d’urgence résultant de l’accident nucléaire de la centrale Fukushima Daiichi (N°1), évitant ainsi des déplacements trop massifs de population.
« Est-ce qu’il n’aurait pas fallu au moins pour les enfants maintenir, même dans ces circonstances exceptionnelles, la limite d’un millisievert au lieu de 20? », vitupèrent des familles. La fédération des avocats japonais, s’est également emparée du sujet, réclamant la mise en place rapide de mesures pour diminuer les doses reçues ou pour que les enfants soient accueillis dans d’autres établissements. Ces défenseurs exigent en outre que tout soit fait pour que les petits de Fukushima ne soient plus victimes de discriminations. Des écoliers de cette province, envoyés dans d’autres établissements, sont laissés à l’écart par leurs nouveaux camarades de classe qui craignent la contagion.
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