Une semaine de vacances en moins permettrait d'augmenter le PIB italien. C’est la solution trouvée par un membre du gouvernement de Mario Monti, Gianfranco Polillo, sous-secrétaire à l’Economie, pour relancer l’économie italienne, rapporte l'agence de presse Ansa. Ces déclarations ont immédiatement suscité la réprobation des syndicats et des partis de gauche.
Travailler plus, pour plus de croissance
«Nous travaillons seulement 9 mois par an. Nous devons augmenter le temps consacré à l'emploi pour relancer la productivité […] Si nous renonçons à une semaine de vacances, il y aura un impact immédiat sur le PIB d'environ un point», a déclaré le sous-secrétaire en marge d’une conférence à Rome qui s’est tenue lundi. Pour lui, il faut un «choc» pour faire redémarrer le système. Une réduction des congés pourrait permettre d'augmenter la production «sans variation des coûts», affirme le ministre, par ailleurs économiste.
Selon Polillo, cité par la Repubblica, il n’y aurait pas de difficulté particulière pour la réaliser cet objectif:
«Nous vivons au-dessus de nos moyens parce que nous avons un déficit de la balance des paiements qui est d’environ 3 points du PIB. […] Cet écart, nous pouvons le remplir de deux façons: soit en réduisant la demande intérieure et cela serait inacceptable si nous ne voulons pas détruire le pays, soit en augmentant le potentiel productif du pays.»
Il précise tout de même que ces idées sont en «phase d’étude et de réflexion», mais souligne que «même les syndicats n’y sont pas opposés […] y compris la CGIL (Confédération générale italienne du travail)».
Cependant, les syndicats et la gauche italienne n’ont pas tardé à riposter aux propos du sous-secrétaire. Directement impliqué, le secrétaire confédéral de la CGIL, Fabrizio Soilari réplique: «C’est une sortie confuse, extemporanée et pas particulièrement intelligente», rapporte Il Fatto Quotidiano. Luigi Sbarra, secrétaire confédéral de la CISL (Confédération italienne des syndicats de travailleurs), confie:
«En d'autres temps, ces recettes auraient fait sourire. Mais étant donné que depuis quelques temps les solutions du gouvernement sont de plus en plus fantaisistes, si le secrétaire Polillo veut travailler une semaine en plus par an, il n’a qu’à commencer par lui pour donner l’exemple.»
Giovanni Centrella, de l’UGL (Union Général du Travail) conclut «avec ce canular, le gouvernement semble avoir touché le fond».
Quant aux partis, c’est notamment du côté du PD (Parti démocratique italien) que l’on trouve les plus vives critiques. Rosy Bindi, ancienne ministre du gouvernement Prodi, choisit de regarder le problème sous un autre angle:
«Dans un moment où le principal problème est le chômage, je ne pense pas que ça soit la solution.»
L’idée est rejetée par le sénateur Lanutti Elio (Italia Dei Valori, gauche, opposition), qui l’attaque sur le fait que les Italiens ne travaillent pas 9 mois de l’année (l'AFP souligne qu'ils ont 4 semaines de congés minimum):
«Polillo se réfère probablement à lui-même et ses bureaucrates, certainement pas à ceux qui n’ont pas les moyens d’aller en vacances.»
Polillo n’en est pas à sa nouvelle provocation, indique Il Fatto Quaotidiano. Les critiques les plus féroces avaient eu lieu quand le secrétaire avait dit, en parlant de Silvio Berlusconi, que c’était un «homme persécuté».
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