Un rapport de la Cour des comptes, dévoilé par notre journal, dénonce les pratiques douteuses du comité d’entreprise (CE) de la RATP. Les magistrats réclament des poursuites judiciaires.
PARIS (XIIe). Chaque année, le comité d’entreprise de la RATP, qui emploie 600 salariés, reçoit une subvention de l’entreprise équivalant à 3,11 % de la masse salariale. Soit 53 M€ en 2009.
| (LP/OLIVIER CORSAN.)
C’est un rapport qui va faire du bruit. Dans la lignée de ceux publiés sur celui d’EDF, la Cour des comptes s’attaque cette fois-ci au comité d’entreprise de la RATP. Absence de comptabilité digne de ce nom, opacité de la gestion des cantines et des centres de vacances, brutalité des relations sociales, surfacturations, recettes qui se volatilisent… Cette enquête, que notre journal s’est procurée, est accablante.
Ni hasard ni défaillance humaine
On est loin des frasques de cet ancien responsable syndical accusé de harcèlement sexuel, l’été dernier. Les dérives constatées par la Cour des comptes laissent à penser « qu’ils ne sont la conséquence ni de hasards malheureux ni de défaillances humaines. C’est un système de fuite des fonds confiés au comité d’entreprise qui apparaît. »
Les faits sont d’une telle gravité que l’institution demande à la justice de se saisir au plus vite de ce dossier. Ce scandale — même si le rapport ne le dit pas ouvertement — met une nouvelle fois le doigt sur le sujet du financement des syndicats. Lorsque le comité d’entreprise offre des prestations de traiteur, pourquoi fait-il une exception pour la CGT — qui pilote le CE avec l’Unsa — en ne la faisant pas payer ? L’exemple peut paraître anecdotique mais en dit long sur les relations troubles entre les richissimes CE des entreprises publiques et les syndicats.
Hasard de l’actualité, cette enquête sort alors qu’un rapport parlementaire consacré au financement des syndicats vient d’être enterré. Pourquoi ? Parce que si on contraignait les organisations de salariés à une obligation de transparence, on s’apercevrait qu’elles ne sont pas entièrement « financées par leurs adhérents », accusait en fin de semaine le député centriste Nicolas Perruchot. Mais le plus grave, dans le cas de la RATP, n’est-ce pas que le CE et ses 53 M€ de subventions, censés profiter à tous les agents, ne bénéficie en réalité qu’à une minorité ? Les 45000 salariés de la RATP apprécieront…
source: Le Parisien
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