Après le prix du gaz, qui a augmenté de 4,4% le 1er janvier, le prix du fioul de 20% en 1 an, le litre d’essence à 1,70 euros, c’est maintenant le prix de l’ électricité qui va augmenter.
Il faut prévoir une hausse de 30% du prix de l’ électricité d’ici à 2016, d’après le patron de Commission de régulation de l’ énergie ( CRE). Selon l’ Insee, pour un ménage moyen les dépenses d’énergie se sont accrues de 9,3% en 2011, soit largement 4 fois plus que le taux de l’inflation à 2,1%. Et c’est à Henri Proglio, patron d’ EDF, que revient tout le mérite de cette explosion des prix d’ EDF.
Les travaux imposés par l’ Autorité de sûreté sur les centrales nucléaires, après l’accident de Fukushima, ont fait couler beaucoup d’encre. Tout comme la modernisation du réseau de distribution. Mais le magnifique cadeau arraché de haute lutte, l’année dernière, au gouvernement par Henri Proglio sur les prix de l’ électricité n’a pas été célébré. Surtout que ce coup de massue a été obtenu au nom d’une loi votée en 2010 pour assurer la concurrence dans le domaine de l’ électricité. Avec la belle ambition de faire baisser les prix… Une réussite.
Jusqu’à l’entrée en vigueur, en juillet dernier, de la loi Nome ( nouvelle organisation des marchés de l’ électricité), la concurrence entre EDF et les nouveaux fournisseurs d’ électricité ( GDF Suez, Poweo, Direct Energie, etc.) n’était qu’une farce. Ces derniers achetaient en effet le courant sur le marché européen au prix de 50 euros le mégawattheure ( MWh). Tandis qu’avec ses 58 réacteurs EDF produisait son courant d’origine nucléaire à environ 31 euros. Conclusion : les nouveaux arrivants pouvaient toujours aller se faire voir.
Afin de rétablir un semblant de concurrence, la loi oblige désormais EDF à vendre chaque année le quart de sa production aux opérateurs alternatifs, et à prix coûtant. Mais comment définir ce prix ? 42 euros exigeait Proglio. Au dessous cela « ressemblerait à du pillage », pleurnichait aussitôt le patron d’ EDF. La Commission de régulation, elle aussi, fait chauffer la calculette. A partir des éléments fournis par EDF – sans doute pas les plus favorables -, elle arrivait à une estimation de 37 euros.
C’était compter sans le lobbying de Proglio auprès de l’ Elysée, relayé par son vieil ami Jean-Louis Borloo. Le prix finalement retenu, contre l’avis du ministre de l’ Industrie Eric Besson, a été exactement conforme au souhait de Proglio : 42 euros le megawattheure. Un prix qui servira de base aux tarifs EDF facturés dans les prochaines années. Les analystes, eux, estiment que le résultat brut d’exploitation d’ EDF devrait s’en trouver gonflé de 2 milliards par an. Payés par les consommateurs. Et ce n’est peut-être pas fini. Proglio a déclaré au Monde : « Avant Fukushima, ‘avais dit que le coût de la production du mégawattheure serait de 46 euros en 2016. Après on sera entre 46 et 50 euros. »
Autre facteur sournois de hausse des tarifs EDF, cette petite taxe planquée dans les dernières lignes des factures envoyées aux particuliers et au nom barbare : la contribution au service public de l’ électricité ( CSPE). D’un montant de 4,5 euros par mégawattheure en 2009, elle a été multipliée par 2 en 2011 et devrait encore plus que doubler, pour atteindre 19 à 20 euros en 2016. A ce moment là, le prix coûtant sortant des centrales nucléaires – 46 euros selon la balance lourdement tarée par Proglio – sera majorée de moitié par la CSPE. Cette taxe pesait 1,6 milliard sur les factures des abonnées en 2009, et il est prévu qu’elle grimpera à 6,5 milliards en 2016.
Cette explosion s’explique par une « progression incontrôlée des charges liées au soutien aux énergies renouvelables« , selon la Cour des comptes. La CSPE finance le tarif social de l’électricité – ce qui représente des broutilles – et subventionne la distribution dans les régions peu accessibles ( telles les îles) pour assurer une égalité des prix sur tout le territoire national. Mais elle sert surtout à racheter aux producteurs privés l’électricité solaire et éolienne, hors de prix. Et la réglementation du tarif, censée empêcher, quelques années encore, de trop fortes hausses des tarifs de l’ électricité, n’a aucune prise sur cette taxe qui vient alourdir sévèrement le prix du kilowattheure réglementé. Tant que le consommateur ne pète pas les plombs…
source: le canard enchainé via impots-economie.com
Commenter cet article