MAJ
La sentence visant l’ancien président a été reprise partout dans le monde, les journalistes insistant sur son caractère infamant pour l’ex-chef de l’État.
Nicolas Sarkozy condamné : la presse étrangère pointe
« un mot qui fait mal » dans le jugement « historique »
POLITIQUE - Le scandale n’intéresse pas que les Français, loin de là. Du Times au Wall Street Journal en passant par le Corriere della Sera et Der Spiegel, la condamnation de Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison dans l’affaire libyenne a été massivement reprise par la presse internationale ce jeudi 25 septembre.
Évoquant une « décision historique », les journalistes étrangers ont insisté
sur le « choc pour la République » que représente ce procès qui aura
un « impact fort sur le monde politique ».
/https%3A%2F%2Ffocus.huffingtonpost.fr%2F2024%2F12%2F18%2F112%2F0%2F4263%2F2397%2F1820%2F1023%2F75%2F0%2F51f256c_1734534502113-000-36qk4qz.jpg)
La presse étrangère pointe " un mot qui fait mal " dans la condamnation de Sarkozy
La sentence visant l'ancien président a été reprise partout dans le monde, les journalistes insistant sur son caractère infamant pour l'ex-chef de l'État.
C'est l'affaire dans laquelle Nicolas Sarkozy risquait la plus lourde sanction. L'ex-président français a été condamné jeudi 25 septembre à cinq ans de prison avec mandat de dépôt à effet différé pour association de malfaiteurs. Il a toutefois été relaxé des faits de corruption lors de son jugement jeudi 25 septembre. Un appel ne pourra pas suspendre son incarcération. Nicolas Sarkozy sera convoqué le 13 octobre par le Parquet national financier pour connaître la date de son incarcération.

Un témoin confirme que Sarkozy a reçu de l'argent de la part de Kadhafi

Ziad Takieddine : « J’ai remis trois valises d’argent libyen à Guéant et Sarközy » !
Publié par Brujitafr sur 17 Novembre 2016

Les premiers mots de l'ex-président de la République ont été pour juger sa condamnation d'une « gravité extrême pour l'État de droit ». Il a assuré qu'il répondra à la convocation de la justice pour l'annonce de sa date d'incarcération et qu'il fera appel de sa condamnation. « La haine n'a donc décidément aucune limite », a encore déclaré Nicolas Sarkozy au sujet de cette prochaine incarcération, une première pour un ancien chef de l'État. « S'ils veulent absolument que je dorme en prison, je dormirai en prison. Mais la tête haute, je suis innocent. »

Cette injustice est un scandale, je ne m'excuserai pas de quelque chose que je n'ai pas fait. Naturellement, je ferai appel...
La colère et l'émotion de Nicolas Sarkozy à la sortie de la salle d'audience
Les juges n'ont en revanche pas suivi le Parquet national financier (PNF), qui avait présenté Nicolas Sarkozy comme bénéficiaire de la corruption par le financement de sa campagne électorale par des fonds libyens. Ils ont ainsi relaxé l'ancien président des faits de recel de détournement de fonds publics libyens, de corruption passive et de financement illégal de campagne électorale.
Claude Guéant et Brice Hortefeux également reconnus coupables
Nibar, Nichon, Guéant: les poubelles de Sarkozy
La procédure judiciaire n'a pas permis de « fonder une démonstration que l'argent parti de Libye » ait « in fine » été utilisé dans un financement occulte de la campagne présidentielle victorieuse de Nicolas Sarkozy en 2007, a lu la présidente du tribunal de Paris. « Pour le tribunal, les éléments matériels de l'infraction de corruption ne sont pas constitués », a encore fait valoir Nathalie Gavarino, pour expliquer les relaxes sur ce délit, notamment celle de l'ancien président.
Deux anciens proches collaborateurs de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant et Brice Hortefeux, ont été également reconnus coupables lors du procès. Le premier a été condamné à six ans de prison pour corruption passive et faux, tandis que Brice Hortefeux a été condamné à deux ans pour association de malfaiteurs. La présidente Nathalie Gavarino doit désormais prononcer les peines.
La peine de Brice Hortefeux, 67 ans, aménageable sous bracelet électronique à domicile, a été assortie de l'exécution provisoire, c'est-à-dire applicable même en cas d'appel. Le tribunal n'a pas prononcé de mandat de dépôt contre Claude Guéant, 80 ans, en raison de son état de santé. Les deux hommes ont été reconnus coupables d'avoir mené des discussions avec la Libye de Mouammar Kadhafi dans le but d'obtenir un financement occulte de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
Nicolas Sarkozy a été reconnu coupable d'association de malfaiteurs entre 2005 et 2007, mais relaxé des autres chefs, dans l'affaire des soupçons de financement libyen. Il a été condamné à 5 ans de prison ferme avec mandat de dépôt différé.
Avant lui, d'autres présidents ont eu maille à partir avec la justice. Des poursuites judiciaires qui n'ont à chaque fois pu avoir lieu qu'à l'issue de leur mandat, l'article 67 de la Constitution affirmant le principe de l'irresponsabilité du chef de l’État, qui ne peut faire l'objet d'une procédure pénale, civile ou administrative pendant la durée de son mandat.
- Nicolas Sarkozy
Avant d'être condamné dans l'affaire des financements libyens, Nicolas Sarkozy a été poursuivi en justice dans plusieurs affaires. L'affaire Bettencourt, dans laquelle il a été mis en examen, mais bénéficié d’un non-lieu.
L'affaire des écoutes, où il a été condamné à 3 ans dont 1 ferme. Mais également, l'affaire Bygmalion, celle des accusations concernant un financement illégal de la campagne présidentielle de 2012, dans laquelle il a été condamné à 1 an de prison.

Financement libyen: les réactions pleuvent à l'annonce de la condamnation de Nicolas Sarkozy
Les réactions de la classe politique ne se sont pas fait attendre à l’annonce du verdict. Bruno Retailleau, lointain successeur de Nicolas Sarkozy en tant que président du parti Les Républicains, a apporté son « soutien » à l’ex-chef de l’État, espérant qu’il puisse « faire prévaloir son innocence » en appel.
« Ce traitement exceptionnel, que rien ne justifie, dit tout de ce jugement politique », a réagi sur X l’eurodéputé et vice-président des républicains, François-Xavier Bellamy. Dénonçant « un tsunami de honte », le sénateur LR Stéphane Le Rudulier a de son côté demandé sur X à Emmanuel Macron « la grâce » de l’ancien président, « un geste indispensable pour la nation et la dignité d’un homme comme d’une fonction ».
Marine Le Pen dénonce la généralisation des exécutions provisoires des peines
L’ex-président des républicains Éric Ciotti – rallié au Rassemblement national depuis l’an dernier – a, lui aussi, exprimé « une pensée amicale pour Nicolas Sarkozy », selon lui « condamné à une peine extrêmement sévère ».
La leader du RN, Marine Le Pen, condamnée, elle aussi, à une peine avec exécution provisoire au procès des assistants européens, a de son côté dénoncé « la généralisation » de cette mesure, « un grand danger, au regard des grands principes de notre droit. »
Le président LR du Sénat, Gérard Larcher, a dit « partager » le « questionnement grandissant au sein de la société sur l’exécution provisoire d’une condamnation alors que les voies de recours ne sont pas épuisées ».
À lire aussiProcès du RN: Marine Le Pen, reconnue coupable, condamnée à cinq ans d'inéligibilité immédiate
La gauche ironise
À gauche, les premières réactions se voulaient plutôt ironiques. « Il l’a finalement son nouveau quinquennat Sarkozy », a écrit le porte-parole du groupe écologiste à l’Assemblée Benjamin Lucas-Lundy, alors que l’eurodéputée LFI Manon Aubry reprenait une célèbre phrase de l’ancien président : « Vous en avez assez de cette bande de racailles ? On va vous en débarrasser ! »
Le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, a pour sa part pointé le « deux poids deux mesures » de la droite et de l’extrême droite qui « n’ont d’habitude pas de mots assez durs pour dénoncer le soi-disant laxisme de la justice et pour en appeler à la fermeté des condamnations ».
La secrétaire générale des écologistes Marine Tondelier reprend de son côté un montage réalisé par l’association altermondialiste Attac, parodiant un des slogans de campagne des LR « La France des honnêtes gens », et remercie Nicolas Sarkozy et Les Républicains « de toujours montrer l’exemple ».
Sherpa, Transparency International et Anticor, saluent un « jugement historique »
Les associations de lutte contre la corruption Sherpa, Transparency International et Anticor, parties civiles au procès, ont salué dans un communiqué un « jugement historique. » « Sherpa travaille depuis plus de 10 ans sur l’affaire des financements libyens et voit la condamnation des prévenus comme une réussite et un rappel de la force de la justice pour lutter contre l’impunité ; néanmoins, l’absence dans les débats de la question de la population libyenne nous rappelle que la corruption fait des victimes invisibles et silencieuses, affectant des milliers de citoyens et citoyennes », déclare Sandra Cossart, directrice de Sherpa.
Pour Emma Taillefer, présidente d’Anticor, « la justice a confirmé qu’une entente illicite avait influencé une campagne présidentielle. Le jugement, dans cette affaire d’une gravité inédite, met en lumière une compromission intolérable pour notre démocratie. Les associations de lutte contre la corruption sont reconnues comme victimes, tout comme, à travers elles, l’ensemble des citoyens et citoyennes de notre pays. »
De son côté, Patrick Lefas, président de Transparency International France, souligne qu'« à moins de deux ans de la prochaine élection présidentielle, nous devons tirer toutes les leçons de ce procès : rien ne garantit aujourd’hui que de telles dérives ne se reproduiront pas. Le financement de la vie politique doit être encadré beaucoup plus strictement pour éviter un nouveau scandale. »
« Mediapart a joué son rôle de contre-pouvoir »
À l’origine de cette affaire, les révélations de Mediapart. Dès 2011, le média indépendant enquête sur les soupçons de financement libyen de la campagne de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy. Quatorze ans plus tard, Edwy Plenel, cofondateur de Mediapart salue également cette décision de justice.
« Il s'agit surtout de se féliciter que dans nos temps un peu chahutés, on est là l'illustration de l'utilité d'une presse libre et d'une justice indépendante », souligne Edwy Plenel au micro de RFI. « La démocratie, ce n'est pas l'impunité des élus, de ceux qui ont du pouvoir, de ceux qui dirigent, de ceux qui nous gouvernent. La justice est la même pour tous et il faut des contre-pouvoirs. »


En coulisses, la panique grandit ...
Puisque vous êtes là…
|
Abonnez-vous à notre newsletter
Rester libre !
N'oubliez pas de partager.
/https%3A%2F%2Fwww.franceinfo.fr%2Fpictures%2F3Ei_2FpVJCflAGfyDT2mjsYTOjg%2F0x61%3A1024x637%2F432x243%2Ffilters%3Aformat%28jpg%29%2F2025%2F09%2F23%2F000-1l73q3-68d2bce0dad70925430456.jpg)

Commenter cet article