Le président syrien Ahmed al-Charaa se rend à Paris pour son premier voyage officiel en Europe
Cette visite intervient une semaine après les affrontements entre les forces loyalistes et des combattants de la minorité druze, qui ont fait près de 100 morts.
Le président intérimaire de la Syrie, Ahmed al-Charaa, se rend à Paris mercredi pour s'entretenir avec le président Emmanuel Macron. Il s'agit de son premier voyage en Europe depuis sa prise de fonction en janvier et d'une ouverture possible vers des liens plus larges avec les pays occidentaux.
Ahmed al-Charaa a pris le pouvoir après que son groupe islamiste, Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a mené une offensive éclair qui a renversé l'ancien président de longue date, Bachar al-Assad, en décembre.
Bachar Al-Assad, membre de la minorité alaouite de Syrie, a gouverné pendant plus de vingt ans et s'est réfugié en Russie après avoir été renversé.
Le palais de l'Élysée a déclaré que M. Macron réaffirmerait le soutien de la France à "une Syrie libre, stable, souveraine et respectueuse de toutes les composantes de sa société", tout en soulignant l'importance de la stabilité régionale et de la lutte contre le terrorisme.
À cette époque, Ahmed Al-Chaara, alias Abou Mohamed al-Jolani ne fait plus partie de l’État islamique. C’est pourtant lui qui, quelques années plus tôt avait conquis Raqqa au nom de Daech. Depuis, il a rompu avec ses anciens camarades de combat pour poursuivre le djihad en Syrie avec son groupe à lui, Jabhat al-Nosra. Rupture tactique plus que philosophique. Parfois, dans la pratique, la nuance entre Nosra et Daech est plus que ténue : tous deux pratiquent massacres sectaires, décapitations, tortures, etc. Nosra est très syrien, Daech plus internationaliste, dirons-nous pour résumer. Il n’empêche qu’Ahmed al-Chaara a fait partie de ceux qui ont mis Daech sur les fonts baptismaux. En tant qu’ex-compagnon de cellule d’Abou Bakr al-Bagdadi, qui deviendra calife de Daech, Ahmed al-Chaara avait reçu de ce dernier la mission de conquérir la Syrie au nom du groupe. Ainsi, le 13 novembre 2015, Ahmed al-Chaara fait toujours partie de la nébuleuse djihadiste qui a enfanté les massacres de Paris et continue régulièrement à cette époque et depuis, à ensanglanter l’Europe.
les Alawites, les Chrétiens et tout récemment les Druzes ont fait l’objet d’attaques de la part d’éléments extrémistes dans le sillage d’HTC, Hayat Tahir al-Sham, le groupe dirigé par al-Shaara. Certaines vidéos montrent même que les propres hommes d’al-Shaara ont participé aux exactions. Encore que ce dernier se justifie, comme il l’a toujours fait quand il régnait sur la province d’Idlib au nord-ouest de la Syrie, en se présentant comme le pacificateur, celui qui vient dompter les extrémistes. En réalité, il avance masqué depuis toujours et, dans le fond, n’a jamais vraiment coupé avec l’idéologie djihadiste qui l’animait dans sa jeunesse quand, aux côtés d’Abou Moussa al-Zarqawi, il tuait des Américains et surtout des chiites pendant la guerre d’Irak.
. Les Alawites ont été victimes d’attaques sectaires. Des femmes ont été enlevées, des hommes ont disparu, des corps ont été retrouvés. Les Druzes se sont soulevés. Le pays est en ébullition. L’initiative d’Emmanuel Macron interroge donc. Surtout au moment où l’on s’apprête à se remémorer l’horreur du 13 novembre. Devait-on accueillir à Paris en grande pompe un idéologue à l’origine de ces massacres ? La réponse est dans la question.
Cette visite intervient dans un contexte de nouvelle effusion de sang , une semaine après les affrontements entre les forces loyales à Ahmed al-Charaa et les combattants de la minorité druze, qui ont fait près de 100 morts.
Ces affrontements ont fait suite à des violences antérieures dans la région côtière de la Syrie entre des tireurs sunnites et des membres de la minorité alaouite à laquelle appartient Bachar al-Assad. Ces combats ont fait plus de 1 000 morts, dont de nombreux civils alaouites tués lors d'attaques de représailles.
Les minorités religieuses de Syrie, notamment les alaouites, les chrétiens et les druzes, craignent d'être persécutées par le gouvernement majoritairement sunnite. Ahmed al-Charaa a promis à plusieurs reprises que tous les Syriens seraient traités sur un pied d'égalité, indépendamment de leur religion ou de leur appartenance ethnique.
La guerre civile, qui dure depuis 14 ans, a fait près d'un demi-million de morts et des millions de déplacés. Les infrastructures syriennes sont en ruine et les sanctions internationales restent un obstacle majeur à la reconstruction.
La visite à Paris est suivie de près, car elle pourrait constituer un test de la volonté de l'Europe de s'engager auprès des nouveaux dirigeants syriens.
L'administration Trump n'a pas encore officiellement reconnu le nouveau gouvernement syrien dirigé par al-Sharaa et HTS reste une organisation terroriste désignée par les États-Unis.
Les sanctions imposées à Damas sous Assad restent en place. Toutefois, Washington a assoupli certaines restrictions en janvier lorsque le Trésor a délivré une licence générale, valable six mois, autorisant certaines transactions avec le gouvernement syrien, notamment certaines ventes d'énergie et certains transferts accessoires.
L'Union européenne a commencé à assouplir ses sanctions, suspendant les mesures visant les secteurs du pétrole, du gaz et de l'électricité en Syrie, ainsi que les restrictions en matière de transport et de banque.
Fin avril, le gouvernement britannique a annoncé qu'il levait les sanctions imposées à une douzaine d'entités syriennes, dont des ministères et des médias publics.
Puisque vous êtes là…
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