Putsch au Niger : le M62 appelle à retenir les ressortissants européens
jusqu'au "départ définitif des forces étrangères
LE POINT SUR LA SITUATION - La junte militaire a de son côté annoncé qu'elle ripostera «immédiatement» en cas d'«agression ou tentative d'agression» contre le Niger par la Cédéao.
- Les chefs d'état-major de la Cédéao ont défini les contours d'une «éventuelle intervention militaire»
- Les putschistes riposteront à «toute agression» de la Cédéao
- Départ de la délégation ouest-africaine sans avoir rencontré le chef de la junte
- Les putschistes rompent la coopération militaire avec Paris, qui leur répond
- L'UE condamne «fermement» la suspension de France 24 et RFI
- Conséquences «dévastatrices» de l’influence russe
- Paris dénonce une «répression autoritaire»
- Les Etats-Unis suspendent des programmes d'aide au gouvernement
La situation politique au Niger continue de se dégrader après le coup d’État. Les putschistes ont dénoncé les accords militaires avec la France et ont limogé quatre ambassadeurs, dont celui de la France. Le Figaro fait le point sur la situation tendue au Niger.
Le Niger refuse de vendre de l’uranium et de l’or à la France
Les nouvelles autorités nigériennes ont suspendu l’exportation d’uranium et d’or vers la France ave effet immédiat. Le Niger fournit 15 % des besoins en uranium de la France et représente un cinquième des importations totales d’uranium de l’UE.
Le coup d’État militaire au Niger suscite des craintes, notamment en France, quant à son impact potentiel sur l’importation d’uranium pour alimenter les centrales nucléaires. La France a suspendu ses programmes de soutien financier au Niger jusqu’au rétablissement de l’ordre constitutionnel dans ce pays africain, a déclaré le ministère français des Affaires étrangères, alors que le Niger est le septième producteur mondial d’uranium. Selon les médias français, le Niger représente entre 15 et 17 % de l’uranium utilisé pour produire de l’électricité en France.
Orano, le producteur français de combustible nucléaire contrôlé par l’État, poursuit ses activités au Niger et surveille la situation, a déclaré un porte-parole de la société dans un communiqué, soulignant que « notre priorité est de maintenir la sécurité de nos employés dans le pays. »
« La France ne dépend d’aucun site, d’aucune entreprise ni d’aucun pays pour assurer la sécurité d’approvisionnement de ses centrales électriques », a déclaré un responsable du ministère français de l’Energie, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat car ils n’étaient pas autorisés à être nommés, bien que la réalité soit franchement différente. « La situation au Niger ne présente aucun risque pour la sécurité d’approvisionnement de la France en uranium naturel », a souligné le fonctionnaire pour tenter de rassurer.
Le gouvernement français et les experts en énergie se sont empressés de souligner que les tensions n’auront pas d’impact immédiat sur les besoins de la France en uranium, car l’extraction se poursuit et, si elle devait s’arrêter, les stocks existants pourraient encore couvrir environ deux ans.
Mais le coup d’État au Niger pourrait constituer un défi pour les besoins en uranium de l’Europe à plus long terme, juste au moment où le continent tente de réduire progressivement sa dépendance à l’égard de la Russie, autre grand fournisseur d’uranium utilisé dans les centrales nucléaires européennes.
Les tensions au Niger pourraient décourager davantage l’UE d’adopter des sanctions contre la Russie dans le secteur nucléaire, selon Phuc-Vinh Nguyen, expert en énergie à l’Institut Jacques Delors à Paris.
En 2021, le Niger était le premier fournisseur d’uranium de l’UE, suivi du Kazakhstan et de la Russie, selon l’Agence d’approvisionnement de la Communauté européenne de l’énergie atomique.
« Cela pourrait avoir des conséquences au niveau de l’Union européenne. L’uranium – et l’énergie nucléaire en général – ne fait toujours pas l’objet de sanctions. Si la situation au Niger s’aggrave, cela compliquerait certainement l’adoption de sanctions sur l’uranium russe à court terme ».
« Nous avons de l’or et nous vivons comme des esclaves »
« Nous avons de l’uranium, des diamants, de l’or et du pétrole, et nous vivons comme des esclaves. Nous n’avons pas besoin des Français pour assurer notre sécurité » – ont scandé des manifestants nigériens en colère en brûlant le drapeau français.
Les partisans du coup d’État s’en prennent désormais aux sites diplomatiques et aux intérêts français, notamment à l’ambassade de France dans la capitale, Niamey.
Faisant suite à l’ultimatum de sept jours lancé par les dirigeants de la CEDEAO pour rétablir le président déchu Mohamed Bazoum au Niger, le général Tchiani leur a envoyé un message fort : « le régime militaire attend avec impatience la livraison d’armes lourdes de la Russie, qui est devenue un allié du Niger. »
Par ailleurs, en réponse à la suspension de l’aide française, le Niger a également suspendu ses exportations d’or vers la France.
Pendant ce temps, les putschistes ont accusé lundi la France de planifier des grèves pour tenter de libérer le Président Mohamed Bazoum, actuellement en détention.
Le Président français Emmanuel Macron a déclaré dimanche que la France « ne tolérera aucune attaque contre la France et ses intérêts. »
Orano a annoncé plus tôt cette année qu’elle travaillait avec le gouvernement nigérien pour explorer une nouvelle extraction sur un site d’uranium dans la région d’Arlit, au nord du pays.
Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.
Les chefs d'état-major de la Cédéao ont défini les contours d'une «éventuelle intervention militaire»
Les contours d'une «éventuelle intervention militaire» de la Cédéao contre les putschistes au Niger ont été «définis», a annoncé vendredi l'un des responsables de la Cédéao, à l'issue de la réunion des chefs d'état-major du bloc ouest-africain à Abuja.
«Tous les éléments d'une éventuelle intervention ont été élaborés lors de cette réunion, y compris les ressources nécessaires, mais aussi la manière et le moment où nous allons déployer la force», a déclaré le commissaire chargé des Affaires politiques et de la Sécurité, Abdel-Fatau Musah.
Les putschistes riposteront à «toute agression» de la Cédéao
La tension est encore montée d'un cran entre les putschistes du Niger et la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). La junte militaire a annoncé qu'elle ripostera «immédiatement» en cas d'«agression ou tentative d'agression » contre le Niger par la Cédéao, trois jours avant la fin de l'ultimatum décrété par l'organisation pour un retour à l'ordre constitutionnel.
«La Cédéao étant impersonnelle, toute agression ou tentative d'agression contre l'État du Niger verra une riposte immédiate et sans préavis des Forces de défense et de sécurité nigériennes sur un de ses membres, à l'exception des pays amis suspendus», a déclaré un des putschistes, faisant allusion au Burkina Faso et au Mali.
À lire aussiNiger : la Cédéao peut-elle vraiment lancer une intervention militaire contre les putschistes ?
Départ de la délégation ouest-africaine sans avoir rencontré le chef de la junte
La délégation de la Communauté économique des États d'Afrique de l'ouest (Cédéao) arrivée jeudi soir à Niamey pour trouver une sortie de crise au Niger, est repartie quelques heures plus tard, sans avoir rencontré le chef de la junte, a indiqué un de ses membres.
«Les envoyés de la Cédéao sont repartis» dans la nuit de jeudi à vendredi et n'ont vu ni le chef des militaires qui ont pris le pouvoir la semaine dernière, le général Abdourahamane Tiani, ni le président renversé Mohamed Bazoum, a expliqué vendredi 4 août un des membres de la délégation.
Les putschistes rompent la coopération militaire avec Paris, qui leur répond
Les putschistes au Niger ont déclaré jeudi soir dénoncer plusieurs accords militaires conclus avec la France, qui concernent notamment le «stationnement» du détachement français et le «statut» des militaires présents dans le cadre de la lutte antidjihadiste, dans un communiqué lu à la télévision nationale. «Face à l'attitude désinvolte et la réaction de la France relativement à la situation» du Niger, «le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP, militaires au pouvoir), décide de dénoncer les accords de coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense avec cet État», a déclaré un des putschistes.
La France a réagi vendredi en soulignant que «seules les autorités nigériennes légitimes» étaient en mesure de rompre ces accords. Ces autorités «sont les seules que la France, comme l'ensemble de la communauté internationale, reconnaît», a-t-elle ajouté, tout en «prenant note» du communiqué de la junte.
L'UE condamne «fermement» la suspension de France 24 et RFI
L'Union européenne a jugé vendredi «inacceptable» la suspension de la diffusion des médias France 24 et RFI au Niger, et condamné «fermement» ces «violations aux libertés fondamentales».
Radio France internationale (RFI) et la chaîne France 24 sont inaccessibles depuis jeudi au Niger, où un coup d'État militaire a renversé le président élu Mohamed Bazoum. «Cette mesure est une atteinte grave au droit à l'information et à la liberté d'expression», a indiqué une porte-parole de la Commission sur Twitter, rebaptisé X.
Conséquences «dévastatrices» de l’influence russe
Le président Mohamed Bazoum a prédit des conséquences «dévastatrices» pour le monde si l'ensemble de la région du Sahel passe sous «influence» de la Russie, via les mercenaires du groupe Wagner, dans une tribune parue jeudi soir dans le Washington Post . «Avec le feu vert des instigateurs du putsch et de leurs alliés régionaux, l'ensemble de la région centrale du Sahel pourrait passer sous influence russe via le groupe Wagner, dont le terrorisme brutal a été clairement exposé en Ukraine», a-t-il ajouté.
À lire aussi«Qu’ils rentrent chez eux!»: au Niger, les proputschistes célèbrent «la vraie indépendance»
Par conséquent, «j'appelle le gouvernement américain et l'ensemble de la communauté internationale à aider à restaurer l'ordre constitutionnel», a annoncé le président. «J'écris ceci à titre d'otage», a-t-il lancé, séquestré depuis que son gouvernement a été renversé le 26 juillet dernier par des militaires putschistes. «Ce coup (...) n'a aucune justification et s'il réussit cela aura des conséquences dévastatrices pour notre pays, notre région et le monde entier», a souligné le président. «Dans la région trouble du Sahel, au milieu de mouvements autoritaires qui se sont imposés chez certains de nos voisins, le Niger est le dernier bastion pour le respect des droits», a-t-il poursuivi.
Paris dénonce une «répression autoritaire»
Les militaires putschistes au Niger ont mis en place «une répression autoritaire», a déploré vendredi soir la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, qualifiant la situation d'«inacceptable». «Il y a une répression autoritaire qui s'est mise en place ces derniers jours avec l'arrestation de membres du gouvernement qui ont été nommés par le président (démocratiquement élu Mohamed) Bazoum, des arrestations de membres de la société civile, les partis politiques ont été fermés, les manifestations interdites et des médias libres et indépendants ont été suspendus» dont France 24 et RFI, a décrit Anne-Claire Legendre, interrogée par BFM TV. Des journalistes sont «tous les jours menacés dans leur activité», a-t-elle poursuivi.
Les conditions de détention du président Bazoum se dégradent, a également déclaré Anne-Claire Legendre, citant des informations communiquées par l'ambassadrice du Niger en France, Aïchatou Boulama Kané. Bazoum «est pris en otage, il n'a plus d'électricité et il n'a plus accès à ses téléphones», a-t-elle également détaillé.
Interrogée par ailleurs sur une éventuelle intervention militaire de la France, la porte-parole du Quai d'Orsay a estimé que ce n'était «pas la question aujourd'hui».
Les Etats-Unis suspendent des programmes d'aide au gouvernement
Les Etats-Unis ont suspendu des programmes d'aide au gouvernement du Niger, où des putschistes ont pris le pouvoir, mais vont poursuivre leur aide humanitaire «essentielle» sur place, a annoncé vendredi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken. Washington «suspend certains programmes d'aide internationale au bénéfice du gouvernement du Niger», a-t-il déclaré dans un communiqué. Mais «la délivrance d'aide humanitaire et alimentaire vitale va se poursuivre», a ajouté le secrétaire d'Etat.
- Niger : la Cédéao peut-elle vraiment lancer une intervention militaire contre les putschistes ?
- Coup d’État au Niger: «Ça me déchire le cœur de quitter ce pays que j’aime», la France contrainte d’évacuer ses ressortissants
- Niger : ce que révèle l’apparition des drapeaux russes en marge du coup d'État
- source
/https%3A%2F%2Fwww.leparisien.fr%2Fresizer%2F17dljELu2wNdOR1T-JFGbrc2uyc%3D%2F1200x675%2Fcloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com%2Fleparisien%2F57SEDE3FJFDFRBFBC5BCVGBEHE.jpg)
Crise au Niger : Paris condamne " très fermement " la coupure de RFI et France 24
Les chaînes de télévision et de radio françaises dénoncent " une décision prise hors de tout cadre conventionnel et légal ". Les signaux ont été coupés sur instructions des nouvelles auto...
Niger : La junte dénonce les accords de coopération en matière de défense et de sécurité conclus avec la France - Zone Militaire
/https%3A%2F%2Fwww.jor2a.online%2Fassets%2Fimg%2FNews%2Fjor2aNews64cda2f52db54.jpg)
Washington suspend partiellement son soutien financier au Niger
Le secrétaire d'État américain Anthony Blinken a annoncé vendredi 4 août que le gouvernement américain suspendrait certains programmes d'aide étrangère bénéficiant au gouvernement du Nige...
https://www.jor2a.online/NewsFr/International/jor2a-News-64cda302e8a6b
Partager cet article
Puisque vous êtes là…
|
Abonnez-vous à notre newsletter
Rester libre !
N'oubliez pas de partager.
Commenter cet article