Le président de la République n’a pas renoncé à sa réforme des retraites malgré la crise énergétique. Il imagine la présenter à l’Assemblée dès cet automne dans le cadre du projet de loi de Finances de la Sécurité sociale bien qu’il ait, ce jeudi 15 septembre, semblé faire marche arrière. Le scepticisme est de mise jusque dans la majorité.
Retraites: 3 milliards d'euros
d'excédent cette année
Selon le rapport annuel du COR, les régimes de retraite vont enregistrer un excédent de plus de 3 milliards d'euros cette année, avant une dégradation dans les années à venir.
"Cette nette amélioration par rapport à 2020 s'explique en très grande partie par la croissance importante des ressources due au rebond d'activité, alors que l'effet de la surmortalité des retraités liée à la Covid sur les dépenses de retraite est resté limité", écrivent les auteurs du rapport.
Désintox. Non, le déficit
des retraites ne va pas augmenter
ces prochaines années
/https%3A%2F%2Fi.f1g.fr%2Fmedia%2Feidos%2F1200x630_crop%2F2022%2F09%2F15%2FXVM0b9a17da-3526-11ed-bdbb-c6399f0f6dae.jpg)
Réforme des retraites: les 30 milliards de déficit caché des fonctionnaires
DÉCRYPTAGE - Contrairement à d'autres régimes, l'État n'a pas mis d'argent de côté pour financer les retraites de ses employés. Les régimes de retraite privés, des salariés et des indépe...
Emmanuel Macron a en effet annoncé devant l’Association de la presse présidentielle réunie à Nanterre en début de semaine, que non seulement il maintenait son projet de réforme des retraites, mais qu’il imaginait même en accélérer le tempo. Selon lui, la France va avoir à investir massivement sur la santé et sur l’école, or la question, a-t-il assuré, c’est « comment on le finance ».
« On ne peut pas attendre »
De son point de vue, il existe trois pistes qui doivent s’additionner : produire plus de richesse, augmenter la quantité de travail en réduisant le chômage – d’où la réforme de l’assurance chômage – et réformer les retraites. « On ne peut pas attendre », a-t-il assuré, n’excluant pas, au lieu de discuter d’un texte dédié, glisser cette réforme au sein du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) qui doit être débattu à l’Assemblée en octobre. Ce jeudi 15 septembre, il a cependant semblé faire marche arrière, assurant devant les préfets : « Le gouvernement la conduira par la concertation sociale et en cherchant les compromis ».
Dès lundi, l’annonce a, en effet, fait hurler les syndicats qui seraient, de facto, exclus des négociations. Les partis d’opposition sont aussi montés au créneau pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme un déni de démocratie. « Si Emmanuel Macron (se servait du PLFSS) pour s’attaquer aux retraites, c’est-à-dire contourner un débat sur le sujet, il va se trouver confronté à une opposition totale de notre part », a lancé Marine Le Pen sur France 2 mardi dernier. « Le président de la République doit respecter un minimum le dialogue social dans notre pays », a assuré, pour sa part, Olivier Marleix le patron des députés LR. « Ce serait une déclaration de guerre, nous confiait, ce jeudi, le député Insoumis Manuel Bompard qui imagine déjà « une motion de censure » et « une réponse dans la rue ».
Le risque d’une dissolution de l'Assemblée est en effet dans toutes les têtes
Mais les réticences ne sont pas cantonnées aux oppositions. Au sein du gouvernement, et dans la majorité à l’Assemblée, des critiques se sont fait entendre, bien qu’exprimées plus discrètement. Sur le fond d’abord : « En 2019, on pouvait dire que la réforme Delevoye était légitime car elle améliorait le système mais là, ce qui est proposé ne prend en compte que l’aspect financier pour dégager des marges budgétaires. La poutre a sérieusement bougé », grince un ministre. Sur la forme surtout : « j’adore le hard rock, ma fille porte des tee-shirts ACDC, le trash ça ne me fait pas peur mais là j’atteins mes limites. Le combo retraites/assurance chômage, ça va être compliqué », nous assurait une autre…
Du côté des députés Renaissance, l’enthousiasme est tout aussi modéré. Le risque d’une dissolution de cette Assemblée sans majorité absolue est en effet dans toutes les têtes et certains se disent qu’en ayant voté la réforme des retraites, ils auraient bien peu de chance d’être réélus. « Je pense que le jour du vote, si le Président passe par le PLFSS, il y aura beaucoup d’absents », assure un pilier du parti présidentiel.
Reste une question qui taraude oppositions comme majorité : pour
quelle raison le Président veut-il aller vite ? Pour certains, il s’agit de reprendre le leadership. Après une rentrée parlementaire en juillet qui ne lui a que peu laissé la main. Emmanuel Macron espère, en imposant cette réforme envers et contre tous, montrer qu’il peut réformer malgré un contexte politique compliqué. Une façon de redevenir le maître des horloges qui n’est pas sans risque. Une ministre confiait, mercredi à La Dépêche : « Je n’image pas la violence des débats à l’Assemblée, ça va ressembler au mariage pour tous. »
Commenter cet article