A ceux qui verraient dans ce jeu de chaises musicales un signe inquiétant de l'inanité de la fonction ministérielle en Macronie, reléguée à la simple exécution des volontés jupitériennes, Sibeth Ndiaye a une réponse toute prête ce lundi 17 février : au contraire, l'exécutif a l'embarras du choix.
En football, on parle de "profondeur de banc". L'expression désigne la quantité et la qualité de la réserve de remplaçants prêts à suppléer un titulaire faisant défaut. Sur ce point, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, se veut rassurante ce lundi 17 févirer : l'exécutif est bien pourvu. C'est ainsi qu'Olivier Véran, député de l'Isère, s'est trouvé catapulté ministre de la Santé ce dimanche, après qu'Agnès Buzyn, en charge de ce portefeuille jusqu'alors, a repris en catastrophe la tête de la liste municipale de La République en marche à Paris, Benjamin Griveaux, ayant lui-même jeté l'éponge en raison de la diffusion d'images à caractère sexuel le concernant. A ceux qui verraient dans ce jeu de chaises musicales un signe inquiétant de l'inanité de la fonction ministérielle en Macronie, reléguée à la simple exécution des volontés jupitériennes, Sibeth Ndiaye a une réponse toute prête : au contraire, l'exécutif a l'embarras du choix.
Pourtant, Agnès Buzyn semblait très attachée à la conduite de ses dossiers : "Je ne pourrai pas être candidate aux municipales : j'avais déjà un agenda très chargé, j'ai beaucoup de réformes dans le ministère, et s'est rajouté un surcroît de travail avec la crise du coronavirus, qui aujourd'hui m'occupe énormément", déclarait-elle encore vendredi au micro de France Inter. Dossiers que la même ministre n'a pas tardé à lâcher : "Elle a fait le choix de démissionner de son ministère, en considérant que mener une campagne à Paris comme tête de liste, ce n'était pas compatible avec le fait d'avoir des fonctions ministérielles", commente la porte-parole du gouvernement.
Qu'Agnès Buzyn ou quelqu'un d'autre soit le visage du gouvernement sur ces dossiers, cela n'aurait donc pas d'importance au fond ? "Chaque ministre a évidemment sa particularité", répond Sibeth Ndiaye, qui a elle-même pris la suite de Benjamin Griveaux en tant que porte-parole du gouvernement. Et d'ajouter : "Mais vous aurez noté qu'à chaque fois qu'on a eu des départs qui n'étaient pas prévus – je pense à celui de Jean-Paul Delevoye notamment -, ils ont été remplacés non pas par des personnes qui étaient choisies au hasard, mais qui étaient directement impliquées dans les dossiers qu'ils avaient à gérer." Autrement dit : le gouvernement prend en compte les compétences d'un ministre avant de le nommer. Quel management !
"Un repère de talents"
"On a des parlementaires qui sont d'excellents techniciens, de très grands politiques, et qui peuvent parfaitement accéder au gouvernement", continue-t-elle, réponse à la critique visant l'absence de poids lourds au sein du gouvernement et de la majorité. Un écho à cette bouleversante déclaration du patron du groupe LREM à l'Assemblée nationale, Gilles Le Gendre, qui s'émouvait en septembre dernier auprès du Figaro, à propos de la majorité : "C'est un repère de talents formidables, une écurie de pur-sang à la robe frémissante."
Quid d'Olivier Véran, dernier étalon à avoir obtenu son ticket pour un ministère ? "C'est un excellent technicien, un excellent politique aussi. Quelqu'un qui a été rapporteur général de la commission des affaires sociales, donc il s'y connaît très bien en matière de santé, et en matière d'affaires sociales." Alors ça, ça tombe bien.
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