Pour les troisièmes vœux de son quinquennat, le chef de l'Etat a assuré, la tête déjà à 2022, que cette réforme irait «à son terme».
Il passe ce tour-là. Quasi-muet sur le sujet depuis les débuts de la grève contre sa réforme des retraites début décembre, Emmanuel Macron n’a pas fait d’annonces pouvant déboucher sur une sortie de crise ce mardi soir depuis l’Elysée, pour les troisièmes vœux de son quinquennat. Tout juste le chef de l’Etat a-t-il dit qu'«avec les organisations syndicales qui le veulent», «attendre» du «gouvernement d’Edouard Philippe, qu’il trouve la voie d’un compromis rapide». Lequel ? On n’en saura pas plus en 2019… Mais preuve que sa réforme est au premier rang de ses priorités, il est entré très rapidement dans le vif du sujet, dès la quatrième minute de son allocution. Debout, droit comme un piquet et restant étrangement, en début de discours, les bras ballants, il a défendu un «projet de justice et de progrès social car il assure l’universalité» qui «se traduit par plus d’équité». Un «projet» qui devrait, selon le Président, «bénéficier» aux «oubliés» du système actuel, c’est-à-dire, comme le répètent les dirigeants de la majorité pour défendre une réforme dont l’avant-projet de loi est déjà transmis conseil d’Etat, aux «femmes», aux «commerçants», «artisans» et aux «agriculteurs qui nous nourrissent». En ligne avec son Premier ministre, il a rappelé, après avoir cité le Conseil national de la résistance (CNR), qu’il comptait «garantir l’équilibre du système par répartition qui est le nôtre» et qu’«aujourd’hui», des «millions de Français qui aujourd’hui sont obligés de travailler au-delà de 64 ans».
La réforme «sera menée à son terme»
Soit la barre fixée par l’exécutif pour partir avec une retraite à taux plein mais il ne sera pas mention d’un «âge pivot» pendant les 18 minutes de discours ou de cet «âge d’équilibre» qui fâche la CFDT. Pas de signe non plus que le chef de l’Etat aurait l’idée, pour s’assurer le soutien du premier syndicat de France, de laisser tomber cette mesure. Maigre concession à la centrale dirigée par Laurent Berger: la prise «en compte (des) tâches difficiles». Les prochaines négociations qui s’ouvrent mardi prochain sur la pénibilité diront si cette phrase annonce plus de concessions. Pas de mention non plus dans cette allocution de la grève dans les transports publics qui a désormais dépassé en durée celle de 1995. Emmanuel Macron n’a pas cité les différents «régimes spéciaux» qui sont en première ligne dans ce conflit social, notamment à la SNCF et à la RATP. «L’apaisement doit primer sur l’affrontement», a-t-il simplement affirmé après avoir été clair sur l’avenir de cette réforme. Elle «sera menée à son terme».
Pas d’annonce concrète sur les retraites ni sur le reste. Ce troisième discours de la Saint-Sylvestre a surtout été l’occasion pour Emmanuel Macron de commencer à égréner son bilan : «500 000 emplois depuis mai 2017», «des usines qui rouvrent» «La France n’avait pas connu un tel élan depuis des années», s’est-il vanté avant de rappeler, la tête à 2022, les baisses d’impôts des ménages (impôt sur le revenu, taxe d’habitation…) qui seront une «réalité de 2020». A la droite qui l’accuse d’avoir stoppé les réformes depuis la crise des gilets jaunes il y a un an, il a répliqué qu’il ne comptait pas à «ce moment du mandat renoncer à agir avec vigueur».
Des annonces contre le communautarisme ?
A la gauche qui l’accuse de mener une politique pour les plus riches, il a dit vouloir «lutter efficacement contre les injustices» en «investissant davantage dans l’éducation et la santé» et annoncé une future «stratégie nationale» écologique, parlant même de «nouveau modèle écologique» pour la France. «J’attends beaucoup de la convention citoyenne pour le climat» qui a demandé à prolonger ses travaux jusqu’au printemps, a souligné Macron prêt, jure-t-il, à «affirmer des choix nouveaux et forts» dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la biodiversité.
Flou, le chef de l’Etat a également promis des «décisions […] dans les prochaines semaines […] contre les forces qui minent l’unité nationale» revenant sur le terrain de la lutte contre le communautarisme, parce qu’il y a «trop de divisions au nom des origines». Filant la métaphore de Notre-Dame-de-Paris, il a qualifié les Français de «peuple de bâtisseurs», «de temps long», «qui toujours sait se hisser à la hauteur des circonstances» à l’aube de la décennie 2020. Deux ans avant une échéance présidentielle qu’il a d’ores et déjà en tête, mieux vaut glorifier les futurs électeurs et éviter, comme en août 2018 lors d’une visite au Danemark, de qualifier ce même peuple de «gaulois réfractaires».
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