Les blocages sont en cours depuis jeudi, essentiellement en Bretagne, alors que certains automobilistes craignent une pénurie.
La crainte d'une pénurie d'essence va-t-elle gagner toute la France ?
Des professionnels du BTP poursuivaient ce samedi le blocage des accès aux dépôts pétroliers de Vern-sur-Seiche, près de Rennes, Brest et Lorient, ainsi que de celui du Mans, entraînant la fermeture de stations-service non réapprovisionnées, selon des sources concordantes. Les dépôts bretons ont été bloqués à partir de jeudi soir et celui du Mans, jeudi après-midi. Pour le moment, seul le Grand Ouest est touché par le mouvement. Le reste des quelque 200 dépôts répartis sur le territoire semble épargné.
Les manifestants protestent contre la suppression de l'avantage fiscal sur le gazole non routier (GNR), prévu dans le projet de loi de finances pour 2020. De couleur rouge, le GNR est un carburant conçu pour alimenter les véhicules non-routiers, notamment dans les secteurs agricoles, forestiers, fluviaux et des travaux publics (BTP). Or ces entreprises bénéficiaient jusqu'à présent d'un remboursement partiel de la TICPE (Taxe intérieure sur la consommation des produits pétroliers) appliquée au GNR comme à tous les autres carburants. Un avantage qui réduisait le coût du litre de GNR de presque 50 centimes d'euros.
Or dans le projet de loi de finances pour 2020, le gouvernement prévoit de supprimer progressivement sur trois ans cet avantage. Si l'objectif est d'inciter les entreprises à se tourner vers les engins équipés de motorisations électriques ou à hydrogène (même si bon nombre de modèles utilisant cette technologie n'existent pas encore, ou coûtent extrêmement cher), la mesure, qui entraînerait une hausse de plus de 60 % du prix du GNR, permettra également de rapporter plusieurs centaines de millions d'euros supplémentaires dans les caisses de l'Etat.
Le Finistère est le plus touché
D'où la colère du secteur. « Le GNR, une niche fiscale? Non, c'est l'énergie de notre outil de travail », pouvait-on lire sur une banderole devant le dépôt pétrolier du Mans. Un certain nombre de stations-service ont été amenées à fermer depuis vendredi, en totalité ou en partie, selon la nature des carburants qui leur font défaut. Le Finistère, en particulier les secteurs de Brest et Quimper, est le plus touché, selon une carte collaborative proposée par le quotidien le Télégramme. Le secteur de Lorient (Morbihan) est également affecté.
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Dès vendredi, des files importantes s'étaient formées devant les pompes à essence, de nombreux automobilistes craignant une pénurie. « Le premier critère qui assèche une station-service, c'est le changement d'habitude des utilisateurs, explique un porte-parole du groupe pétrolier Total, opérateur du dépôt de Vern-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine). En l'occurence ici, ceux qui se ruent dans les stations pour faire des réserves. »
Au point que certains pompistes interdisent le remplissage de jerricans. « Hier, j'avais des automobilistes, notamment des personnes âgées, qui venaient le coffre rempli de bidons pour faire des réserves, témoigne l'un d'eux, dans la banlieue du Mans (Sarthe). D'abord ça allongeait considérablement le temps d'attente. Et puis ça risquait de me mettre à sec en quelques jours. J'ai effectivement accroché une affichette. »
Faciliter les livraisons longue distance
Les craintes d'une pénurie sont-elles justifiées ? Contactée par Le Parisien-Aujourd'hui en France, l'Ufip (Union française des industries pétrolières) n'a pas souhaité donner d'informations. De son côté, le groupe Total, qui exploite environ 3500 stations sur les 11 000 encore existantes, tempère : « Nous avons à notre disposition de nombreux moyens alternatifs pour acheminer du carburant, précise-t-on encore à la direction. Des arrivées de pipelines, des barges ou même des camions plus gros, qui peuvent aller s'approvisionner plus loin, à Donge (Loire-Atlantique) par exemple. »
Le gouvernement a d'ailleurs pris des dispositions temporaires pour faciliter les livraisons longue distance. Un arrêté paru ce samedi au Journal officiel autorise jusqu'à mercredi prochain (pour le moment) le dépassement du temps de conduite maximal des conducteurs travaillant pour les opérateurs de transport d'hydrocarbure. Celui-ci est ainsi passé de 6 heures à 8 heures par jour.
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