Matteo Salvini et Luigi Di Maio ont annoncé être parvenus à un accord. L'eurosceptique Paolo Savona sera ministre des politiques européennes.
Cet article vous a intéressé ? Moins de Biens Plus de Liens ! a besoin de ses lecteurs pour poursuivre son travail, faites un don.
Plus rien ne s'oppose à la naissance du premier gouvernement anti-système de l'Union Européenne. La Ligue et le M5S sont parvenus ce jeudi soir à un accord pour surmonter le veto mis par Sergio Mattarella sur l'eurosceptique Paolo Savona comme ministre de l'Economie.
A l'issue d'une énième journée de négociations, quatre-vingt-dix jours après les élections législatives, Luigi Di Maio et Matteo Salvini ont conjuré les spectres d'un retour aux urnes et la formation d'un gouvernement technique. Deux options chargées d'incertitudes et considérées comme les pires pour le pays, comme l'a reconnu Carlo Cottarelli, l'éphémère président du Conseil , en annonçant qu'il n'avait plus de raison de diriger un gouvernement.
Une mission qui incombe à Giuseppe Conte . Même président du Conseil donc, même programme à mettre en oeuvre, mais avec une liste de ministres modifiée qu'il a présentée dans la soirée à Sergio Mattarella. Le gouvernement prendra ses fonctions dès vendredi.
Défi lancé à Bruxelles et à Berlin
La Ligue, qui soutenait Paolo Savona, a obtenu qu'il y figure toujours mais, comme un défi lancé à Bruxelles et Berlin - critiqués pour « l eurs inacceptables ingérences » -, il sera chargé des politiques européennes.
Enzo Moavero Milanesi, fervent pro-européen, qui occupait ce poste dans le gouvernement Monti, dirigera la diplomatie italienne.
A l'économie, poste le plus important et sensible, arrive Giovanni Tria, soixante-neuf ans, actuellement président de l'Ecole nationale d'administration italienne et professeur d'économie politique à l'université romaine de Tor Vergata. Sur des positions moins radicales que Paolo Savona, il n'en critique pas moins l'excédent budgétaire allemand. Mais dans un langage moins fleuri et sans remettre en cause la monnaie unique.
Des figures universitaires, donc, à commencer par le chef du gouvernement, alors que les forces anti-système n'ont cessé ces dernières années de crier au scandale de gouvernements techniques composés de membres non élus sans expérience politique.
Di Maio et Salvini au premier rang
Ce n'est pas le cas de Luigi Di Maio et Matteo Salvini, qui seront les véritables garants d'une équipe dans laquelle ils figureront au premier rang. Le leader de la Ligue en tant que ministre de l'Intérieur, et celui du M5S comme ministre du Développement économique. Le premier a toujours clamé sa volonté d'« avoir les mains libres pour résoudre le problème de l'immigration », le second souhaitait avoir la main sur une administration qui lui permette de lancer le revenu citoyen, promesse symbole de son parti.
Ce vendredi, le gouvernement Conte prêtera serment au Quirinale avant de se présenter devant le parlement pour obtenir, sans difficulté, un vote de confiance. La IIIe République, celle de l'affrontement entre le camp souverainiste au pouvoir et celui proeuropéen à l'opposition, commencera. Le ministre sortant du Développement économique, le membre du Parti démocrate Carlo Calenda, craint « que l'épargne des Italiens soit détruite et que le pays soit exposé au risque de défaut ». Une crise vient d'être résolue.
Commenter cet article