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MOINS de BIENS PLUS de LIENS

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L'esprit est comme un parapluie = il ne sert que s'il est ouvert ....Faire face à la désinformation


ARTICLE DU JOUR:...Le Monde fait l'éloge d'Henri de Castries

Publié par Brujitafr sur 16 Décembre 2016, 17:35pm

Catégories : #ACTUALITES, #Présidentielles 2017

La tentation politique d’Henri de Castries, ex-patron d’Axa
 

 

Coopté président du groupe Bilderberg, en 2012

2012 est l’année de la consécration pour ce trilingue français-allemand-anglais. Il entre au conseil d’administration de Nestlé et est coopté président du groupe Bilderberg, un club sélect, créé au lendemain de la sconde guerre mondiale pour rapprocher Américains et Européens. S’y retrouvent une fois par an une centaine de dirigeants, de politiques, de diplomates ou de responsables de médias qui échangent très librement sur l’état du monde.

 

 

1....Bref, un simple club de copains pour Le Monde

2...comment un catho pratiquant peut-il faire partie d'une société secrète occulte dont l'objectif  est de détruire la chrétienté ? qui suis-je pour juger répondront ils LOL

ARTICLE DU JOUR:...Le Monde fait l'éloge d'Henri de Castries

Les allégeances d’Henri de Castries, ex-patron d’Axa, au service de Fillon

Il rit. Un peu jaune quand même. Sur son téléphone portable, il se repasse l’émission parodique d’Arte « Kiss Kiss Bang Bang » diffusée le 1er décembre. Le thème ? Lui, Henri de Castries, représenté en snob affecté, assis sur un canapé en tapisserie, aux côtés d’une épouse en serre-tête caressant pensivement un faisan.
Depuis la victoire de François Fillon à la primaire de la droite et du centre le 27 novembre, les projecteurs sont braqués sur l’ex-PDG de l’assureur Axa, ami et soutien du député de Paris. Descendant d’une longue lignée d’aristocrates, inspecteur des finances, neuvième patron le mieux payé du CAC 40 en 2015 selon le cabinet Proxinvest (avec une rémunération totale de 5,4 millions d’euros), président du Bilderberg, un cercle informel de dirigeants mondiaux qui suscite tous les fantasmes… le comte Henri de La Croix de Castries, 62 ans, incarne à lui seul ces particules fines et réussites majuscules qui fascinent et hérissent tout à la fois les Français.
« Je n’ai pas honte de ce que je suis, tranche l’intéressé. Quant à mon patrimoine, je l’ai gagné en travaillant. » En s’affichant aux côtés de François Fillon, lors des deux derniers meetings du candidat, il savait bien que sa présence serait commentée. Le brun tout sourire, chemise rose, qu’on aperçoit assis juste derrière Penelope et François Fillon au Palais des congrès de Paris le 18 novembre, c’est lui. « Riton », pour les intimes.

Le jeune grand-père est un coriace, un dur

Ne pas se fier à sa silhouette juvénile et son rire facile. Le jeune grand-père est un coriace, un dur. Il a survécu à deux crises financières, évité un putsch orchestré par son « père spirituel », Claude Bébéar, sauté en parachute avec la Légion. Mais la politique reste un combat autrement plus éprouvant. Surtout qu’une bonne partie des attaques lancées contre le candidat Fillon se concentre sur lui.
Flatteur ? Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, place l’ex-patron du CAC 40 aux côtés du président russe Vladimir Poutine dans la liste des mauvais génies du député de Paris, l’un en matière économique, l’autre pour la politique étrangère. Nicolas Dupont-Aignan, le leader de Debout la France, fustige à travers lui les « forces de l’argent » accompagnant son adversaire des Républicains. Quant à Marine Le Pen, invitée dimanche 11 décembre du « Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI », elle a souligné qu’avec Henri de Castries en futur premier ministre il ne fallait pas s’étonner si la Sécurité sociale était privatisée.
L’ex-assureur est en effet accusé par la gauche et l’extrême droite d’être l’inspirateur du projet de réforme controversé de François Fillon sur la Sécu, sur lequel le candidat a finalement reculé lundi. « Quel amalgame facile ! », s’agace-t-il, avant de répliquer : « Quoi qu’il en soit, le fait de s’interroger sur la soutenabilité à terme du modèle de la Sécurité sociale ne justifie pas d’être jeté au bûcher. » Et de renchérir : « C’est comme l’Education nationale. Tout le monde hurle dès qu’on parle de toucher à son organisation, et maintenant, c’est officiel, nous avons l’école la plus inégalitaire de l’OCDE. »
« Je n’ai jamais entendu Henri parler de la Sécu lors de nos réunions », confirme un proche de François Fillon
Il faut rendre à César ce qui lui appartient : celui qui prônait une meilleure répartition des rôles entre le privé et le public en matière d’assurance-maladie, c’était Claude Bébéar, le fondateur d’Axa. Des propositions reprises par l’Institut Montaigne, le think tank libéral créé par l’assureur en 2000. Son successeur n’en a jamais fait un cheval de bataille personnel. « C’est un sujet dont la profession dans son ensemble s’est emparée, mais Henri de Castries ne participait pas à ce débat franco-français. Il était très porté sur l’international », assure Gérard de La Martinière, qui a présidé la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA) de 2003 à 2008.
« Je n’ai jamais entendu Henri parler de la Sécu lors de nos réunions », confirme un proche de François Fillon, soulignant d’ailleurs que l’assureur n’avait pas participé à la rédaction de la tribune du candidat parue dans le Figaro mardi 12 décembre sur ce sujet. Sur quoi s’est-il exprimé alors ? « Sa philosophie générale, c’est de redonner tout son sens à la devise républicaine. Liberté ? Parce qu’il est profondément libéral. Egalité ? Parce qu’il dénonce un système bénéficiant seulement à ceux qui ont déjà un emploi. Fraternité ? Parce qu’il déplore la froideur et l’indifférence de nos sociétés. »
L’assureur figure parmi la dizaine d’apôtres qui ont accompagné le troisième homme des Républicains dès 2012. Patrick Stefanini, Jean de Boishue, Jean-Paul Faugère et autres Antoine Gosset-Grainville se sont même réunis à plusieurs reprises à l’invitation du futur candidat dans le pavillon de chasse situé sur les terres sarthoises d’Henri de Castries, à quelques lieues du manoir de Beaucé, propriété des Fillon. Ils y ont esquissé les grandes orientations du programme, dans le silence de la campagne brisé par les aboiements des chiens.

Il vient de décliner la prestigieuse présidence de HSBC

Si François Fillon est élu président de la République en mai 2017, cette fidélité doublée d’hospitalité sera-t-elle récompensée par un maroquin ? Bercy ? Ce serait compliqué pour lui de supprimer l’impôt sur la fortune… Le Quai d’Orsay ? La défense ? Voire même Matignon ? On le voit partout. « On m’a appris à ne pas demander mais à servir », rétorque l’intéressé. Il a, cependant, tout fait pour conserver sa liberté. Au cas où…
Il a quitté Axa fin août, à la surprise générale, deux ans avant la fin de son mandat. Et, selon des sources concordantes, il vient de décliner la prestigieuse présidence de HSBC, la première banque européenne, dont il a rejoint le conseil d’administration en mars. Il ne confirme pas. « Si vous le dites… », lâche-t-il, gêné. « Il ne faut rien en conclure. Il n’était pas tenté par une présidence d’un groupe financier. Si cela avait été un groupe industriel, cela aurait peut-être été différent… », souligne un de ses proches.
En 2007, Henri de Castries avait refusé le portefeuille de Bercy que lui proposait Nicolas Sarkozy. « Il m’a suffi de voir la tête de ma femme et de mes trois enfants en rentrant le soir », se remémore-t-il. Sa succession n’était pas réglée chez Axa. Dix ans plus tard, la situation a changé. Seule Anne, son épouse – la fille de sa cousine issue de germain –, serait encore réticente selon leur entourage : mais la petite-fille du duc de Castries a aussi le sens du devoir…

A notre demande, il convoque ses chers fantômes

Car ses intimes en sont convaincus. L’idée qu’un La Croix de Castries revienne au service de la France ne déplaît pas à Henri. Bien au contraire, ce serait une manière de prolonger l’épopée d’une dynastie d’évêques, de militaires et de ministres qui ont suscité sa passion de l’histoire. Son histoire. Dans sa famille, les gens « ont pris de vrais risques », insiste celui qui se retrouve à la fois l’héritier de saint Roch, qui distribua sa fortune aux pauvres au XIVe siècle, et du marquis de Sade.
A notre demande, il convoque ses chers fantômes, dont les faits d’armes ont bercé son enfance. Le maréchal de Castries a été ministre de la marine de Louis XVI puis chef de cabinet du futur Louis XVIII, alors en exil. Au premier, qui lui demandait de reprendre d’urgence son portefeuille, il écrit brièvement : « Sire, trop tard. » C’était le 13 juillet 1789. Auparavant, il avait exfiltré en Amérique son fils et deux neveux un peu turbulents, dont un certain La Fayette, pour participer à la guerre d’indépendance.
Un autre parent, le vicomte de Noailles, a voté l’abolition des privilèges dans la nuit du 4 août… « Un moment d’égarement », commente son descendant, l’œil malicieux. Plus près, Henri évoque avec fierté son père, le colonel François de Castries, héros de la guerre de Corée, qui s’est battu « à mains nues » pendant des jours faute de munitions, ou encore son grand-oncle Christian de La Croix de Castries, général à Dien Bien Phu. « La légende prétend que les prénoms donnés aux collines dominant le camp, Isabelle, Béatrice… étaient ceux de ses maîtresses. Un personnage. Ma mère n’était pas rassurée quand mon frère et moi allions le voir. »

Pierre de Chevigné, son grand-père, l’a initié à la politique

Dans son panthéon familial, toutefois, son grand-père maternel, Pierre de Chevigné, occupe une place à part. A ses visiteurs, il montre le fac-similé d’une lettre du général de Gaulle qui détaille le trajet prévu pour entrer dans Paris le 25 août 1944. Pierre de Chevigné, condamné à mort par Vichy, fut l’un des premiers à rallier Londres en juin 1940. Ce compagnon de la Libération sera plusieurs fois ministre MRP (Mouvement républicain populaire) sous la IVe République.
« Tous les étés dans la maison familiale de Biarritz, il recevait René Pleven et Jacques Chaban-Delmas à dîner. Nous, les petits-enfants, avions droit d’assister à leur conversation »,
se souvient-il, encore impressionné.
C’est Pierre de Chevigné qui a initié l’aîné de ses petits-enfants à la politique en l’incitant à participer au conseil municipal d’Abitain, une commune d’une centaine d’âmes dans les Pyrénées-Atlantiques de 1983 à 2001. Son grand-père aurait souhaité le voir s’impliquer davantage dans sa région. « Je ne me voyais pas devenir un professionnel de la politique, je pensais que seule l’expérience apporte de la légitimité », s’excuse Henri de Castries. Alors il distribuera des tracts pour François Bayrou, un des poulains de son grand-père.

Son copain Jean-Pierre Jouyet

La carrière militaire le tente, mais il choisira la haute fonction publique. Cet HEC intégrera la fameuse promotion Voltaire de l’ENA avec François Hollande, Ségolène Royal, Dominique de Villepin et son copain Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l’Elysée, qu’il appelle tous les dimanches. « Henri m’a impressionné par son intelligence, sa culture et aussi son énergie », se souvient le financier Jean-Marc Espalioux, de deux ans son aîné, qui fut son chef de brigade lors de son stage de l’inspection des finances, à la trésorerie de Saint-Pourçain-sur-Sioule (Allier). « Je suis ton patron, mais il y a cinq cents ans on m’aurait donné des roseaux pour que je batte l’étang et chasse les grenouilles qui t’empêchent de dormir », taquinait alors son responsable. « Oui, chef », lui répondait en souriant « Riton ».
Ce sera ensuite la Direction du Trésor, où il participe, de 1986 à 1988, aux privatisations du gouvernement Chirac orchestrées par le ministre de l’économie Edouard Balladur, en particulier celle de TF1. « C’était absolument passionnant, se souvient-il. Nous avions une administration créative. » Mais il a vite l’impression de tourner en rond, dans une institution un peu lourde. Ce n’est pas là qu’il se voit utile au pays
En 1989, sur les conseils d’un associé de Lazard, David Dautresme, il rencontre Claude Bébéar. Ce patron d’une petite mutuelle normande vient tout juste de mettre la main sur la puissante Compagnie du Midi, devenant le deuxième assureur français. Il reçoit l’impétrant dans son bureau, où trônent une peau de léopard et des fusils. Les deux chasseurs se jaugent. Et s’apprécient. L’affaire est faite. « A l’époque, c’était un choix anticonformiste. Beaucoup de gens au Trésor n’ont pas compris. L’UAP [Union des assurances de Paris, privatisée en 1994], oui, mais Axa ? C’était bizarre. Compte tenu de tout ce qu’il représentait et de son parcours, les gens pensaient qu’il servirait l’Etat ou une entreprise publique », se souvient Xavier Musca, le numéro deux du Crédit agricole.

Il s’entiche vite des beaux parleurs, des flamboyants

C’est typique d’Henri, racontent ses détracteurs : il s’entiche vite des beaux parleurs, des flamboyants, pour parfois déchanter ensuite. Concernant Claude Bébéar, le jeune ambitieux a visé juste, en misant sur l’un des grands bâtisseurs d’empire français. Encore fallait-il lui succéder.
Car longtemps le mentor a pris soin de conserver plusieurs dauphins potentiels. Mais l’inspecteur des finances gagne ses galons lors de la conquête de l’UAP en 1996. L’ex-compagnie publique, deux fois plus grosse qu’Axa, va mal. Pendant le long week-end du 11 novembre, la reddition est signée sous la menace d’une OPA à la prochaine ouverture de la Bourse. Confiant, Claude Bébéar est parti tirer le cerf dans la vallée de Chevreuse, laissant son bras droit s’occuper de la négociation. Quand l’un, en jeans, et l’autre, toujours en pantalons de chasse, débarquent sous les lustres de la place Vendôme, au siège de l’UAP, ils ont eu « l’impression d’être des barbares entrant dans un château ».
Les nouveaux maîtres des lieux ne l’ont pas emporté au paradis. En 2001, les voilà retenus trente-six heures en garde à vue puis mis en examen dans le cadre de l’enquête sur PanEuroLife, une société d’assurance-vie luxembourgeoise créée par l’UAP bien avant son entrée dans le groupe Axa et suspectée d’avoir abrité un circuit de blanchiment d’argent. Comble de l’ironie, leur garde à vue a lieu rue du Château-des-Rentiers, dans le 13e arrondissement de Paris, dans un immeuble appartenant à leur compagnie.
Les fautes d’orthographe dans le procès-verbal, les erreurs de transcription, les toilettes bouchées… Quinze ans après, Henri de Castries s’en souvient comme si c’était hier. De cette affaire, dont les deux dirigeants sortiront blanchis, il garde encore sur son bureau un minuscule code pénal offert par leur avocat Guy Carcassonne, histoire de leur expliquer les arcanes de la justice. Particularité : les pages de ce petit livre rouge sont blanches…

« Henri n’a pas vécu sur un lit de roses »

« Contrairement aux apparences, Henri n’a pas vécu sur un lit de roses », insiste Alain Minc, le conseiller des puissants. Pas de chance déjà, il prend les rênes d’Axa à la veille de l’éclatement de la bulle Internet. Seize ans plus tard, l’action Axa n’a toujours pas retrouvé les niveaux de l’époque. En 2008, la crise des subprimes plonge de nouveau l’assureur dans la tourmente. Tous les groupes financiers souffrent, mais Henri de Castries doit faire face à une attaque inattendue.
Furieux de la faiblesse persistante du cours de Bourse, Claude Bébéar laisse filtrer dans Paris son mécontentement. Les dîners en ville bruissent de rumeurs sur des bombes à retardement cachées dans les portefeuilles d’Axa. Elles se propagent sur les marchés. Sale temps pour le fils chéri. L’amertume perce encore, même si les deux hommes se sont réconciliés depuis.
Henri n’est pas non plus un tendre. Un samedi de mars, il a cueilli à froid Nicolas Moreau, alors patron d’Axa France que le Tout-Paris voyait lui succéder, pour lui annoncer que le conseil d’administration allait adouber, quelques heures plus tard, l’Allemand Thomas Buberl. « C’est un homme de dialogue qui a des idées très arrêtées, un patron directif à dimension sociale évidente, reconnaît Maurice Zylberberg, syndicaliste CFDT, ancien expert au comité européen du groupe. Il a la fibre sociale, pourvu qu’on partage son point de vue ultralibéral. »
Etre parrain du capitalisme français comme l’était Claude Bébéar ne l’intéresse pas. Quant au dîner mensuel du Siècle, qui réunit l’establishment français, il en a démissionné. Il préfère parcourir le monde. Son réseau américain, il l’a bâti en pilotant au début des années 1990 les activités d’Axa outre-Atlantique. L’Allemagne le passionne. La Chine le fascine. Il l’avait sillonnée avec Jean-Louis Borloo dès 1975, lors de ses études à HEC. « Henri de Castries est aujourd’hui le dirigeant français le plus respecté à l’étranger. S’il entrait au gouvernement ce serait une très bonne chose », témoigne le Suisse Philipp Hildebrand, vice-président du géant américain de la gestion d’actifs BlackRock.

Coopté président du groupe Bilderberg, en 2012

2012 est l’année de la consécration pour ce trilingue français-allemand-anglais. Il entre au conseil d’administration de Nestlé et est coopté président du groupe Bilderberg, un club sélect, créé au lendemain de la sconde guerre mondiale pour rapprocher Américains et Européens. S’y retrouvent une fois par an une centaine de dirigeants, de politiques, de diplomates ou de responsables de médias qui échangent très librement sur l’état du monde.
Le diplomate américain Henry Kissinger, « incroyable de vision prospective et de profondeur », vient y débattre, mais aussi des acteurs de la nouvelle économie comme Peter Thiel, l’investisseur star de la Silicon Valley, Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, ou encore des économistes comme le britannique Guy Standing, venu en juin à Dresde développer sa théorie du prolétariat précaire ou « précariat ». « Nous avons touché du doigt l’importance de la cybersécurité bien avant que le sujet ne devienne d’actualité », estime Henri de Castries. Chaque année, le président convie huit Français, très souvent des politiques, de droite comme de gauche : « J’y ai emmené Manuel Valls, Laurent Fabius, Alain Juppé, François Fillon, Emmanuel Macron et Christine Lagarde. »
Finalement, les hommes politiques n’ont jamais été loin du grand patron. Barre et Giscard l’ont impressionné. Chirac l’a déçu. En 2005, il s’est impliqué auprès de Nicolas Sarkozy avant de s’en éloigner comme nombre de ses pairs. A Hollande, son camarade de promo à l’ENA, il a donné 2 000 euros dans le cadre du financement de sa campagne pour les primaires socialistes de 2012. « Je donne à tous mes amis qui font de la politique, assure-t-il. J’ai peut-être même fait un chèque à Ségolène. »
Mais, quelques mois plus tard, à la présidentielle, il a voté Sarkozy. Quand Emmanuel Macron a quitté l’Elysée en 2014 – avant d’être repêché comme ministre –, Henri de Castries lui a présenté des entrepreneurs de la Silicon Valley. Brigitte Trogneux, l’épouse du leader d’En marche !, avait d’ailleurs été la prof de français de son fils Jérôme, au lycée privé Saint-Louis-de-Gonzague, dans le 16e arrondissement de Paris.

« François Fillon respecte l’expérience d’Henri »

Sa rencontre avec François Fillon remonte à 1995. L’un était alors ministre chargé de La Poste, des télécommunications et de l’espace du gouvernement Juppé, l’autre administrateur de France Télécom. « Fillon n’a pas calé sur la réforme des télécoms », insiste Henri de Castries, alors qu’au même moment le premier ministre Alain Juppé tombait lourdement sur celle des retraites.
« Ils ont une relation d’amitié et de très grande confiance, témoigne un proche des deux hommes. François Fillon respecte l’expérience d’Henri. » Ensemble, ils partagent la vision amère d’une France qui, à force de repousser les réformes, a décroché par rapport à ses voisins. « C’est un européen convaincu, il a voté oui à Maastricht, il est un bon contrepoids pro-occidental », estime Alain Minc.
Quand Fillon s’installe à Matignon, en 2007, Castries se montre un visiteur régulier. En décembre 2012, leur complicité éclate lors des Entretiens de Royaumont, le rendez-vous politique créé par Jérôme Chartier, député du Val-d’Oise porte-parole de François Fillon, dans l’ancien monastère cistercien d’Asnières-sur-Oise.
Le 3 décembre, c’est sous les voûtes de cette même abbaye qu’Henri de Castries a livré, ému, une profession de foi très intime : « Je suis citoyen, croyant et engagé, a-t-il affirmé. Je n’aime pas Rousseau. Je ne crois pas que l’homme soit naturellement bon. L’homme a le choix de faire le bien ou le mal, il peut choisir son intérêt ou le bien commun. »
L’idole des milieux catho avoue avoir défilé pour la défense de l’enseignement privé en 1984 et en janvier 2013, lors de la première grande manifestation contre le mariage homosexuel. Il ne participera pas aux autres cortèges, désapprouvant la tournure prise par le mouvement. Cela ne l’a pas empêché d’œuvrer pour la diversité chez Axa. Et, ironie suprême, quand en janvier 2015 la compagnie s’est engagée « pour la promotion d’une culture inclusive pour les collaborateurs LGBT [lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres] », il a pris une volée de bois vert sur les réseaux sociaux par les sympathisants de La Manif pour tous. Son soutien au scoutisme est connu. Son engagement personnel aux côtés de l’Association Pierre-Claver, qui offre un lieu de rencontre et d’études aux migrants, l’est moins.

La « verdeur » du « hussard »

Il suffit toutefois de jeter un coup d’œil à ses larges mains de terrien pour comprendre que M. de Castries n’est pas qu’un intello. « Henri est quelqu’un qui affronte le danger. Il a un vrai courage physique », relate son ami l’avocat François Martineau, qui l’a connu pendant son service militaire.
L’aristo-macho avait choisi de rejoindre les hussards de Tarbes. Il en a gardé « un enthousiasme », « une verdeur », estiment les militaires. Colonel de réserve du 2e régiment étranger de parachutistes, il a emmené son équipe de direction sauter à Calvi en novembre 2015. Il manque rarement les cérémonies du régiment et a passé en avril 2015 une semaine avec eux au Niger, dans le cadre de l’opération « Barkhane ».
Henri de Castries a désormais le temps de profiter de ses passions. Mercredi 31 août, au soir de sa dernière journée de présidence, il a retiré le pin’s Axa accroché au revers de sa veste. « Cela m’a fait un drôle d’effet, reconnaît-il, je l’avais porté tous les jours pendant vingt-sept ans. »
Les liens ne sont pas pour autant coupés. L’ex-PDG préside toujours le conseil des mutuelles Axa, qui détiennent 24 % des droits de vote du groupe. « Ce n’est pas moi qui les exerce », se défend-il, reconnaissant tout de même qu’il faudra clarifier cette situation. De même, il se rend régulièrement avenue Matignon, siège du groupe proche de celui de l’Institut Montaigne, qu’il préside depuis juillet 2015. « Je lui ai donné un bureau, car je ne voulais pas qu’il soit SDF », glisse son successeur, Thomas Buberl.
La page est tournée et l’ancien patron affirme ne rien regretter en contemplant les deux photos des équipes dirigeantes d’Axa dans les sables du désert, accrochées dans son nouveau bureau. La première a été prise dans le Ténéré, au Niger, en 1996, la seconde, récente, à Abou Dhabi. Vingt ans les séparent. Mais sur lui le temps ne semble pas avoir de prise. Si peu qu’une journaliste britannique l’a pris à part récemment pour lui poser une question qui la préoccupait : « Est-ce que vous vous teignez les cheveux ? » Nous n’osons pas lui faire remarquer à notre tour que sa crinière, si longtemps noire de jais, se laisse aller à grisonner. Déjà un contrecoup de la politique ?

Isabelle Chaperon

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