L'agence de notation Standard and Poor's (S&P) a abaissé vendredi la note de neuf pays de la zone euro, enfonçant un peu plus le Vieux Continent dans la crise de la dette publique qui le frappe de plein fouet.
S&P a donc retiré à la France et à l'Autriche leur AAA, dégradé d'un cran à AA+. Malte, la Slovaquie et la Slovénie perdent aussi un échelon.
L'agence a par ailleurs abaissé de deux crans la note de l'Italie, de l'Espagne, du Portugal et de Chypre.
Ces deux derniers États sont désormais classés dans la catégorie des investissements spéculatifs.
La Commission européenne a immédiatement réagi, dénonçant une « décision aberrante » rendue alors que l'Union monétaire « agit de manière décisive sur tous les fronts pour répondre à la crise ».
En revanche, les quatre autres pays qui avaient la note parfaite (Allemagne, Finlande, Pays-Bas et Luxembourg) ont été épargnés, au même titre que la Belgique, l'Estonie et l'Irlande.
Mais la charge de S&P ne s'arrête pas là. Hormis l'Allemagne et la Slovaquie, l'agence de notation place tous les pays de la zone euro sous « perspective négative », comme elle l'avait déjà fait avec la Grèce. Elle estime donc à une sur trois les chances d'une nouvelle dégradation en 2012 ou 2013 pour ces États.
La France avait auparavant annoncé la perte de son triple A, en en minimisant les effets. « Ce n'est pas une bonne nouvelle », mais ce n'est « pas une catastrophe », avait estimé le ministre des Finances François Baroin à l'antenne de la télévision France 2. « Ce ne sont pas les agences de notation qui dictent la politique de la France », a-t-il poursuivi.
« C'est comme si vous demandiez à un élève qui a eu 20 sur 20 pendant très longtemps et qui passe à 19 si c'est une catastrophe. » — Le ministre des Finances François Baroin Source
D'autres pays européens verraient leur note souveraine abaissée ce vendredi. L'Autriche pourrait ainsi être dégradée de AAA à AA+ et placé sous perspective négative selon le Financial Times. Selon Reuters, la Slovaquie serait également concernée. Selon Les Echos, l'Italie, l'Espagne et le Portugal, eux, seraient dégradés de deux crans. En revanche, l'Allemagne, les Pays-Bas, le Luxembourg et la Finlande seraient épargnés par cette vague de dégradations. Deux autres pays de la zone euro bénéficient jusqu'ici de la meilleure note possible : l'Autriche et la Finlande. Mais la source citée par l'AFP n'a pu donner immédiatement de précisions les concernant.
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SARKOZY NE DEVRAIT PAS S'EXPRIMER
L'agence S&P s'est refusé à tout commentaire dans l'immédiat. Selon Arnaud Leparmentier, journaliste au Monde, qui suit l'Elysée, "l'affaire exaspère l'entourage de Nicolas Sarkozy. Ses conseillers espéraient échapper à une dégradation au cas où les émissions d'emprunts d'Etat en Europe se passeraient bien, ce qui fut le cas cette semaine". "Politiquement, cela va durer 48 heures et pas quatre mois", lance un conseiller. Selon Franck Louvrier, conseiller de l'Elysée, Nicolas Sarkozy ne s'exprimera pas lorsque la dégradation de la France sera officielle.
Valérie Pécresse, ministre du budget et porte-parole du gouvernement, n'a pas confirmé la dégradation du triple A français à 17 h 30, affirmant que "la France est une valeur sûre". Au Parti socialiste, dans l'équipe du candidat François Hollande, si Michel Sapin a refusé de se prononcer pour le moment, la socialiste Marisol Touraine, en charge du pôle social, indique au Monde : "Un record de déficit et de dettes, un laxisme budgétaire pour préserver les intérêts de quelques uns : c'est la politique de Nicolas Sarkozy, prétendument menée pour préserver la santé politique de la France, qui est sanctionnée. Le président est directement responsable."
"C'est la première étape de l'éclatement de la zone euro", a réagi Marine Le Pen, interrogée par Le Monde. La perte attendue du triple A traduit "l'échec de la politique de Nicolas Sarkozy et de ses cadeaux fiscaux" qui ont "aggravé" la situation économique du pays, a estimé de son côté Eva Joly. Jean-Luc Mélenchon s'est emporté contre "l'agence de notation Standard & Poors, qui déclare la guerre de la finance contre la France". Son parti, le Front de gauche, appelle à un rassemblement devant les bureaux parisien de l'agence ce vendredi à 18 h 30.
source: Lemonde.fr
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