La presse a révélé qu’un exercice conjoint mené par les armées chinoise et canadienne devait avoir lieu en 2019 au Canada. Une perspective inquiétante pour le Pentagone. La décision prise par l’armée canadienne d’annuler cet échange pour des raisons de sécurité a irrité le Premier ministre, Justin Trudeau, dont la réaction suscite la controverse.
Les États-Unis ne sont jamais très loin du Canada quand il est question de défense et de relations étrangères. Le 9 décembre dernier, le site d’actualité Rebel News et le journal Globe and Mail ont révélé que l’Armée populaire de libération chinoise et les Forces armées canadiennes devaient réaliser un exercice conjoint en 2019. Ce à quoi s’opposait le Pentagone. L’entraînement de survie hivernale était prévu à la Garnison Petawawa, une base terrestre des Forces canadiennes située dans la ville du même nom, dans la province de l’Ontario. De six à huit soldats de l’armée chinoise étaient censés prendre part à cet entraînement par temps froid.
Formation de troupes chinoises par le Canada: le Pentagone y était opposé
Les deux médias ont pu mettre la main sur une note classée secrète, montrant que le ministère canadien des Affaires étrangères avait été avisé de l’annulation de l’exercice par Jonathan Vance, chef d'état-major de la Défense du Canada. D’après les informations, les Forces armées canadiennes étaient préoccupées par les risques d’espionnage que l’exercice pouvait induire. Le Pentagone avait aussi pressé le Canada de revoir son partenariat avec l’armée chinoise pour des raisons de sécurité. L’un dans l’autre, le haut commandement de l’armée canadienne a finalement décidé d’annuler l’entraînement en janvier 2019.
Selon ce que rapportent les deux médias, l’annulation de l’événement a fortement déplu à Justin Trudeau. Le Premier ministre considérait que le geste risquait d’aggraver les relations entre Pékin et Ottawa, quelques mois après l’arrestation à Vancouver de la haute dirigeante de Huawei, Meng Wanzhou. À la suite de l’arrestation de Mme Wanzhou en décembre 2018, la Chine avait procédé à l’arrestation de deux Canadiens en Chine, Michael Kovrig et Michael Spavor, ce qui est considéré par Ottawa comme des actes de représailles. Les «deux Michael» –comme les désigne souvent la presse canadienne– sont toujours détenus à l’heure actuelle.
Trudeau mécontent de l’annulation de l’exercice: un «manque de cohérence»
Selon Pierre-Hugues Boisvenu, sénateur conservateur à Ottawa, la réaction de Justin Trudeau et de son équipe par la voie des Affaires étrangères illustre le «manque de cohérence» du discours gouvernemental face à la Chine. D’après les notes confidentielles, les Affaires étrangères ont exigé de l’armée canadienne qu’elle les consulte la prochaine fois avant d’annuler une autre activité réalisée en partenariat avec l’armée chinoise. Vice-président du comité permanent sénatorial sur la sécurité nationale, le sénateur estime que le gouvernement Trudeau essaie d’adopter «un ton doux et ferme à la fois» face à Pékin. Mais, surtout, la réaction du Premier ministre pourrait avoir froissé les États-Unis, estime-t-il:
«Lorsqu’une force étrangère vient s’entraîner au Canada, elle vient en même temps pratiquement le faire sur le sol américain. Les armées américaines et canadienne sont intégrées en Amérique du Nord, surtout à travers le NORAD [Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord, ndlr]. Il y a une complicité qui existe de tout temps et on sait à quel point les États-Unis redoutent l’espionnage», souligne le sénateur au micro de Sputnik.
«C'est un choc pour les Canadiens», a déclaré Ezra Levant sur Fox News.
Pour le sénateur Boisvenu, l’affaire démontre aussi la tendance du Premier ministre Trudeau à s’ingérer dans des affaires qui ne devraient pas relever de lui et de son cabinet.
«Voilà qui est Trudeau. Il ne dirige pas pour gouverner, mais pour mettre en œuvre une unique stratégie: se maintenir au pouvoir. Ce qui l’amène à avoir des comportements qu’aucun autre Premier ministre n’a eu dans l’histoire de ce pays, comme ses intrusions répétées dans toutes les sphères de l’appareil public. [...] Tout se politise avec Trudeau. La justice, la pandémie et même les Forces armées», accuse le sénateur Boisvenu.
Ce développement survient dans un contexte où les relations entre Ottawa et Pékin n’avaient jamais été aussi mauvaises.
Rien ne va plus entre Ottawa et Pékin
En octobre dernier, ces relations se sont encore tendues lorsque l’ambassadeur chinois à Ottawa, Cong Peiwu, a mis en garde le gouvernement Trudeau contre toute forme d’ingérence dans les affaires intérieures de la Chine. Il a notamment prévenu qu’accueillir des réfugiés en provenance de Hong Kong risquait de compromettre «la santé et la sécurité de 300.000 Canadiens» qui résident sur l’île.
Le 20 décembre dernier, Harjit Sajjan, le ministre canadien de la Défense, a publiquement souligné l’importance pour le Canada et ses alliés de rester unis devant la menace que représentait pour eux la Chine.
«L’armée est là pour s’assurer que nous sommes toujours prêts à envoyer un fort message de dissuasion. Mais nous le ferons toujours en appui de la diplomatie», a déclaré le ministre Sajjan à la presse canadienne.
Une sortie qui illustre encore une fois le «manque de cohérence» du gouvernement Trudeau face à la Chine, estime le vice-président du comité permanent sénatorial sur la sécurité nationale du Canada:
«On voit que le ministre de la Défense est inquiet, lui, par rapport à la montée de l’influence chinoise. [...] Les pressions de Justin Trudeau pour inviter l’armée chinoise en sol canadien sont incohérentes et inappropriées par rapport à nos alliés américains», conclut le sénateur Boisvenu.
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