Il reste désormais une vingtaine de jours avant la cérémonie d'investiture de Donald Trump qui, à coup de tweets, semble faire fi des usages politiques et diplomatiques. Son élection est « un vrai point d'inquiétude, comme on en a jamais eu depuis longtemps », estime Alain Minc. Le conseiller politique et essayiste pense même que « les Etats-Unis sont en train de devenir le premier pays du tiers monde ».

« Je laisse de côté les GAFA, Wall Street et les grandes universités... Le système américain, où le financement politique est sans limite (...), où il n'y a plus de bornes dans les comportements individuels - l'homme le plus puissant du monde a quand même décidé qu'il n'y avait aucune différence entre un mensonge et une réalité... (...) Les Etats-Unis d'aujourd'hui ne sont pas les Etats-Unis dont nous avons rêvé et qui nous ont sauvé », précise M. Minc.

Revenant sur les causes qui ont conduit le sulfureux milliardaire à la tête de la première puissance mondiale, celui qui parlait de « mondialisation heureuse il y a une vingtaine d'années ne balaye pas l'idée d'une « mondialisation malheureuse », mais précise que « cela dépend pour qui ».

Une mondialisation « malheureuse »  ?

« La mondialisation heureuse c'est d'abord celle des centaines de millions de gens, Chinois, désormais Indiens, des pays du monde en développement, qui sont sortis de la pauvreté et qui ont fabriqué une immense classe moyenne. La mondialisation heureuse, elle relève aussi chez nous de la schizophrénie, c'est-à-dire que l'ouvrier légitimement angoissé pour son job est le même qui, le samedi après-midi, va faire ses courses chez Carrefour, et qui est un bénéficiaire de la mondialisation », considère Alain Minc.

Lors de l'interview, Alain Minc revient également sur l'élection présidentielle française de 2017, estimant que tout l'enjeu pour François Fillon et ses équipes sera de rassembler dès le premier tour, quitte à devoir se « juppé-iser ». En ce qui le concerne, le conseiller, qui avait ardemment soutenu le maire de Bordeaux lors de la primaire de la droite, indique qu'il hésitera entre le Sarthois... et un certain Emmanuel Macron.

« L'Invité des Echos »  : l'émission intégrale

Extrait n°1 - « La mondialisation heureuse relève chez nous de la schizophrénie »

« La mondialisation heureuse c'est d'abord celle des centaines de millions de gens, Chinois, désormais Indiens, des pays du monde en développement, qui sont sortis de la pauvreté et qui ont fabriqué une immense classe moyenne. La mondialisation heureuse, elle relève aussi chez nous de la schizophrénie, c'est-à-dire que l'ouvrier légitimement angoissé pour son job est le même qui, le samedi après-midi, va faire ses courses chez Carrefour, et qui est un bénéficiaire de la mondialisation », considère Alain Minc.

Extrait n°2 - « Les Etats-Unis sont en train de devenir le premier pays du tiers monde »

Alain Minc estime que « les Etats-Unis sont en train de devenir le premier pays du tiers monde ». Et de préciser : « Je laisse de côté les GAFA, Wall Street et les grandes universités... Le système américain, où le financement politique est sans limite (...), où il n'y a plus de bornes dans les comportements individuels - l'homme le plus puissant du monde a quand même décidé qu'il n'y avait aucune différence entre un mensonge et une réalité... (...) Les Etats-Unis d'aujourd'hui ne sont pas les Etats-Unis dont nous avons rêvé et qui nous ont sauvé ».

Extrait n°3 - « Le problème de Fillon, c'est de se Juppé-iser »

« Tout le problème désormais de François Fillon, c'est, entre guillemets, de se Juppé-iser. C'est-à-dire que la bourgeoisie a été un agent électoral formidable (...) mais ça ne fait pas une majorité de Français. Et tout le problème de Fillon, qui est très compliqué, c'est, sans déroger à ce qu'il a dit avant, d'ouvrir son compas ».