Frédéric Laurent, rédacteur de Vos Finances

Après la Grèce, c’est au tour de l’Italie de perdre la confiance des marchés. Rappelons que l’Etat grec est grevé de quelques 350 milliards, alors que l’Italie, de son côté, « pèse » 1 900 milliards de dettes. Et je ne parle ni de drachmes, ni de lires, mais bien de milliards d’euros, ce qui démontre l’étendue des dégâts qu’un éventuel défaut pourrait occasionner.

L’Italie a un besoin urgent d’argent
Pour mieux appréhender ces chiffres colossaux, voici quelques éléments qui nous font prendre conscience de l’urgence de trouver une solution… L’Italie a besoin de se refinancer à hauteur de 53 milliards d’euros d’ici à la fin de l’année – dont 9 milliards dès la semaine prochaine !
Mais surtout, elle aura besoin de quelques 300 milliards d’euros d’ici l’année prochaine. Avec un taux d’intérêt à 7% (soit 1 point de plus que le mois dernier), elle devra payer 3 milliards d’intérêts en plus. Je vous laisse imaginer si les taux montent à 8% ou plus. Intenable !

La France dans la tourmente
Il va être de plus en plus difficile d’enrayer les dégradations et d’empêcher les dominos suivants de tomber. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à observer la montée des taux d’intérêt français. Ils n’ont jamais connu un spread aussi important avec les taux allemands – ces derniers sont à un taux de 1,92% pour un emprunt à 10 ans alors que la France doit payer près de 3,50% ; il y a près de 150 points de base d’écart !
Et ce n’est pas la grossière erreur de Standard & Poor’s qui se trompe en annonçant la dégradation de la France qui rassurera les marchés.
Car les marchés l’ont bien compris : les mesures ne sont pas à la hauteur des sacrifices demandés pour réduire nos dettes. La France sera bel et bien dégradée, c’est une question de temps. Je ne parle pas d’année, mais de mois… sans doute en début d’année prochaine.

Inutiles plans de rigueur
Nous sommes incapables pour l’instant de prendre des mesures à la hauteur de la situation dramatique, je le répète, dans laquelle le pays est. Regardez le premier plan de rigueur de 12 milliards d’euros qui avait été annoncé début septembre. Il aura duré deux mois avant l’annonce d’un nouveau plan. Cette fois, il n’a fallu que trois jours pour s’apercevoir qu’il ne suffirait pas. Il faudra sortir un troisième plan.
Jusqu’à ce que l’on réalise que ces plans ne sont que des pansements qui ne suffiront pas, que c’est en fait tout le système, toute la mentalité, toutes les bases de réflexion qui doivent être changées : nous devons nous adapter à ne plus être dans une période de croissance, et ne plus vouloir vivre comme si nous étions et allions rester la cinquième puissance du monde indéfiniment. Il est grand temps de revoir notre train de vie à la baisse.

Quelles sont les solutions possibles ?
Difficile de trouver des solutions qui mettent tout le monde d’accord. Pour l’heure, la solution qui semble évidente à tous – mais les Allemands la refusent –, c’est de faire marcher la planche à billets en donnant la possibilité à la BCE de racheter toutes les dettes européennes.
En effet, dans le cas d’une prochaine déroute de l’Italie, la seule issue possible est que la BCE devienne prêteuse en dernier ressort. C’est au prix d’un renforcement de l’idée de fédéralisme que les pays doivent accepter que cette crise puisse enfin trouver une solution.
Dans le cas inverse, des pays feront faillite et la zone euro implosera avec le retour aux anciennes monnaies dans nos économies déprimées, des risques sociaux et un retranchement derrière un renforcement de la notion de souveraineté, proche d’un nationalisme de triste mémoire.

N’oublions pas les Etats-Unis
De l’autre côté de l’Atlantique, il ne faut pas pour autant penser que tout va bien. Un épisode qui n’a pas fait les grands titres des journaux financiers vient pourtant accentuer les problèmes typiquement américains. Le comté de Jefferson dans l’Alabama vient de se déclarer en faillite. Cela devrait remettre à l’ordre du jour les avertissements de l’analyste Meredith Whitney qui envisageait le risque grandissant de centaines de milliards de dollars de pertes dans les Municipal Bonds. D’autres, petits et grands vont certainement suivre… [...]

SOURCE : La Quotidienne d’Agora – Mardi 15 novembre 2011

Et pas que la France…On va tous y passer.

Jo ^^"L'éveil 2011"