Aux Etats-Unis, la chaîne de restauration rapide Taco Bell a trouvé le moyen d’attirer de nouveaux clients. Son slogan du moment ? « Vous êtes dehors. Vous avez faim. Optez pour le quatrième repas. » QUATRE repas ?
Réactions
Avec ses messages « Tout le monde aime le quatrième repas – mais certains ne le savent pas encore » ou « Parfois le meilleur dîner est après le dîner », la nouvelle campagne publicitaire de Taco Bell ne laisse pas indifférent.
Isabelle Parmentier, présidente de l’Association française des diététiciens nutritionnistes (AFDN)
« Faire 4 repas par jour, c’est possible, mais cela dépend des quantités avalées. Tout est question d’équilibre. De manière générale, ceux qui fractionnent trop leurs apports nutritionnels ont tendance à manger plus à la fin de la journée. Mais proposer 4 repas à tout le monde, ça n’a aucun sens, c’est mensonger. Le fast-food doit rester une
sortie plaisir occasionnelle. »
Frédéric Gana, mouvement Slow Food
« Pour moi, c’est du marketing pur. Avec ce type de formule, Taco Bell déculpabilise et banalise des comportements alimentaires incohérents et qui se dégradent (manger tard, debout, vite). Bien sûr, on peut évoluer, mais de là à justifier l’injustifiable… C’est complètement antinomique avec une approche slow qui valorise le changement de rythme, le dialogue entre les gens et la convivialité. »
Xavier Denamur, restaurateur à Paris, producteur de « La république de la malbouffe »
« En France, les publicitaires sont contraints par la campagne « Manger 5 fruits et légumes par jour » mais aux Etats-Unis, on est libre de dire ce que l’on veut. Cependant, il y a une prise de conscience de ces sujets-là ; on l’a vu avec Michelle Obama en campagne contre l’obésité et dans son jardin, ou encore au Québec, où la publicité fast-food à destination des enfants a été interdite. Et on comprend pourquoi : les conséquences en terme de santé publique sont colossales. Le souci, c’est que les marques de fast-food ont encore une image cool, fun… Ce sont des lieux familiaux où les enfants peuvent jouer. Mon souhait serait d’apporter plus de transparence sur ce qu’il y a réellement dans les assiettes, mais aussi de faire en sorte que les politiques réagissent en arrêtant d’aider ces groupes à se développer, via la fiscalité, par exemple. »
Valeria López-Cortés, jeune Américaine qui a vécu un an en France
« Pour nous, cette pub n’est pas choquante, surtout qu’elle met en scène des gens qui ont fait la fête, et normalement on a faim après avoir bu et dansé. Pareil pour les jeunes. A l’université, on avait toujours faim à minuit ou plus tard parce qu’on étudiait le soir. Ce n’est pas bien mais on le fait. Ici, on mange tout le temps, donc « le quatrième repas », pourquoi pas ! Mais je ne sais pas si la pub marcherait en France (sauf peut-être pour les ados) parce que vous faites attention à tout ce que vous mangez : des petites portions et des aliments bons pour la santé. Chez vous, les pubs ont le message « ne mangez pas trop de gras ». Ici, rien à la télé ne nous dit de faire attention. »
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