A quatre jours du premier tour de la présidentielle, le parquet national financier (PNF) a annoncé mercredi avoir ouvert une enquête sur les pratiques d'"optimisation fiscale" du cabinet de conseil McKinsey révélées par la commission d'enquête du Sénat et dénoncées par l'opposition.
#Exclusif : le cabinet #McKinsey, condamné
à 573 millions de dollars pour fraude,
a créé En Marche en 2016
Contacté par l'AFP, Bercy a refusé de faire des commentaires sur cette procédure.
Une absence d’enquête dénoncée par les magistrats
Dans une tribune publiée mardi 5 avril sur le site de l'hebdomadaire Marianne, des magistrats anonymes s’insurgeaient de l'absence de toute enquête :
« L’ampleur et la dimension des informations révélées par le rapport de la commission d’enquête sénatoriale sur les cabinets de conseil publié le 17 mars dernier a le mérite d’éclairer les citoyens sur l’état de délabrement de nos institutions, gravement menacées depuis plusieurs années par des dérives susceptibles de relever du champ pénal, et à tout le moins, osons le dire, de donner à voir un État possiblement frappé par la corruption. »
Le parquet national financier (PNF) français a ouvert le 31 mars une enquête préliminaire pour blanchiment aggravé de fraude fiscale après les accusations d'une commission d'enquête du Sénat sur l'influence des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques, a annoncé mercredi le procureur national financier dans un communiqué. Dans un rapport remis le 16 mars, la commission d'enquête du Sénat assurait que les contrats conclus par l’État avec les cabinets de consultants comme McKinsey avaient "plus que doublé" entre 2018 et 2021, atteignant un montant record de plus d'un milliard d'euros en 2021.
Elle accusait en particulier les entités françaises du cabinet McKinsey d'"optimisation fiscale", de telle sorte qu'elles n'auraient versé aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020. McKinsey a affirmé respecter les règles fiscales françaises, précisant qu'une de ses filiales avait payé l'impôt sur les sociétés pendant six ans sur la période au cours de laquelle le Sénat l'accuse d'optimisation fiscale. L'enquête du PNF, ouverte après "des vérifications", a été confiée au Service d'enquêtes judiciaires des finances (SEJF), précise Jean-François Bohnert dans ce communiqué qui ne mentionne pas le nom de McKinsey.
Drame pour Emmanuel #Macron :
cette plainte déposée par
une femme qui pourrait
anéantir le #Président-candidat ?
"S'il y a des preuves de manipulation,
que ça aille au pénal"
En pleine campagne présidentielle, les oppositions politiques au chef de l'État Emmanuel Macron ont demandé de manière répétée l'ouverture d'une enquête sur ce qu'elles considèrent comme du favoritisme dont la majorité ferait preuve, au profit de ce cabinet de conseil, dont certains membres ont pu œuvrer pour le camp de M. Macron, notamment lors de l'élection présidentielle de 2017. "S'il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal", a rétorqué le 27 mars Emmanuel Macron à ceux qui lui reprochent ces nombreux contrats. Le président sortant, candidat à une réélection, a estimé notamment que le non-paiement de l'impôt sur les sociétés par McKinsey s'expliquait par les règles fiscales en vigueur.
Dimanche, le chef de file des députés de la majorité présidentielle LREM, Christophe Castaner, a dénoncé une "opération politique". "Nous assumons. L’État a toujours eu recours à des cabinets de conseil depuis le début des années 2000. Valérie Pécresse a mis en œuvre la loi de réforme de l'université en s'appuyant sur des cabinets de conseil. À droite comme à gauche, ils dirigent des collectivités territoriales qui ont recours à eux", a affirmé de son côté le même jour le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt sur Radio J.
Satisfaction des oppositions... parfois teintée de suspicion
Sur les réseaux sociaux, les réactions ont tout de suite fusé. Le candidat à la présidentielle Eric Zemmour s’est félicité de cette nouvelle, saluant au passage les parlementaires de Reconquête pour leur signalement fait au PNF. Pour Jordan Bardella, député RN, cette affaire « pose une question vitale : qui dirige la France ? ». De son côté, le député LFI Alexis Corbière a, lui, lâché une pique à l’endroit d’Emmanuel Macron : « La Macronie va t-elle toujours parler de "contre-vérités" et de pratiques d'optimisation fiscale "légales" ? », a-t-il raillé.
S'il s'est réjoui de la nouvelle, Nicolas Dupont-Aignan, candidat à la présidence de la République, s’est étonné que ne soit pas également ouverte d’enquête sur les « éventuels conflits d'intérêt » entre Emmanuel Macron et les cabinets de conseil ou encore sur son patrimoine. Même son de cloche chez Charles-Henri Gallois, président de Génération Frexit, pour lequel l’enquête du PNF n’est qu’un écran de fumée, l’instance ne s'intéressant pas à l’affaire dite du « Rotchschild Gate », dévoilée par le journal L’Humanité le 29 mars.
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