Les lycéens qui passent le bac sont invités par le ministère non pas à réviser avec sérieux, mais à participer à un concours de "selfies". Navrant !
Ceux qui avaient cru que l'on avait touché le fond avec la visite de Najat Vallaud-Belkacem dans un collège déguisée en sorcière pour jouer comme dans Harry Potter avaient tort. Le ministère de l'Éducation nationale vient de frapper encore plus fort. Du 5 au 12 avril 2017, il lance sur les réseaux sociaux une invitation tellement sidérante que l'on pourrait se demander si son compte Twitter n'a pas été piraté : « Fais une pause dans tes révisions. participe au #DéfiSnapBac et tente de gagner un super cadeau. Envoie-nous un selfie quand tu révises. Sois créatif. »
Le visuel qui accompagne cette glorieuse initiative fait preuve d'un tel mauvais goût que l'on espère qu'aucun argent public n'a été dépensé pour le réaliser.
Mais surtout, quel message éducatif entend envoyer la Rue de Grenelle en faisant preuve d'une telle complaisance avec ce qu'elle imagine être l'air du temps ? Que réviser son bac est si fastidieux qu'il est bien naturel de se distraire de cette tâche aussi souvent que possible sur Internet avec la bénédiction de l'institution ?
Le « super-cadeau »
Il s'agit en effet de poster sur Snapchat des photos sur lesquelles « les participants sont invités à mettre en scène leur état d'esprit pendant les révisions du baccalauréat », comme le précisent les modalités officielles de la compétition. « Chaque photographie reçue sur le compte Snapchat « ÉducationFrance » sera soumise à une capture d'écran, précise l'article 4 du règlement. À l'issue du jeu-concours, les photos les plus originales et les plus créatives seront sélectionnées par un jury composé de l'équipe de la Délégation à la communication du ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche ». Est-ce faire preuve d'un esprit chagrin que se demander si l'équipe de communication du ministère n'a pas mieux à faire que de sélectionner des selfies ?
Pour encourager les bonnes volontés, il y a de surcroît un « super-cadeau » à gagner. Il ne s'agit pas du bac dans une pochette-surprise mais d'une carte-cadeau de 350 euros à dépenser dans une enseigne culturelle. Une fois encore, on se prend à espérer, sans trop y croire, que les comptes du site officiel de l'Éducation nationale sur les réseaux sociaux ont fait l'objet d'un odieux piratage.
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