Mis en examen pour viols sur mineures, celui qui était soupçonné d’avoir joué les « rabatteurs » pour Jeffrey Epstein a été retrouvé pendu dans sa cellule.
A de nombreuses reprises, j’ai eu des rapports sexuels avec lui entre 16 et 19 ans. Il ne se souciait pas de la conversation, mais juste du sexe, dénonce-t-elle. Brunel dirigeait une sorte d’agence de mannequins. Il amenait des jeunes filles (âgées de 12 à 24 ans) aux États-Unis à des fins sexuelles. Jeffrey Epstein m’a dit qu’il avait couché avec plus d’un millier de filles de Brunel. Et tout ce que j’ai vu semble le confirmer… »
A noter qu'à ce jour les médias français s'intéressent très peu à l'affaire Epstein qui a pourtant des ramifications internationales impliquant spécifiquement la France.
Les français
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rappel :
- L’ex-agent de mannequins Jean-Luc Brunel a été retrouvé mort dans sa cellule dans la nuit de vendredi à samedi.
- Mis en examen pour viols et soupçonné d’avoir joué les rabatteurs pour Jeffrey Epstein, il avait fait plusieurs tentatives de suicide en détention.
- Sous le choc, les victimes ont du mal à croire à la thèse d’un double suicide d’Epstein et de Brunel dans des circonstances similaires.
Ses accusatrices sont partagées entre le choc et la colère. Placé en détention provisoire depuis plus d’un an après avoir été mis en examen pour deux viols sur mineures, l’ex-agent de mannequins Jean-Luc Brunel, qui était soupçonné d’avoir joué les rabatteurs pour Jeffrey Epstein, a été retrouvé mort dans sa cellule dans la nuit de vendredi à samedi. Comme le pédocriminel américain, le septuagénaire français s’est, selon les premiers éléments de l’enquête, suicidé par pendaison. Une fin funeste dans des circonstances troublantes que devra clarifier l’enquête, confiée au 3e district de la police judiciaire parisienne. D’autant que selon nos informations, Jean-Luc Brunel avait tenté de mettre fin à ses jours à plusieurs reprises depuis qu’il était derrière les barreaux.
Contacté par 20 Minutes, l’un de ses avocats, Me Chichportich, le confirme : au cours des 14 mois de sa détention provisoire à la prison de la Santé (14e arrondissement de Paris), Jean-Luc Brunel « avait fait plusieurs tentatives de suicide ». Pourtant, selon le parquet, il n’était pas placé dans une cellule de protection d’urgence (CproU). Avec des coins arrondis, des habits en papier et des draps déchirables, ces cellules, très rares – il n’en existe qu’une centaine dans les établissements pénitentiaires français – ne sont utilisées que face à un risque « imminent » de suicide, pour une durée de 24 heures, en attendant une prise en charge hospitalière.
Comme le chanteur Jean-Luc Lahaye ou l’ex-maire de Levallois-Perret Patrick Balkany, Jean-Luc Brunel était en revanche incarcéré dans le quartier pour personnes vulnérables (QPV). Ce quartier « VIP » accueille des détenus médiatiques ou susceptibles de faire face à des violences au sein de la population carcérale générale. Selon le parquet de Paris, Jean-Luc Brunel était seul dans sa cellule, et il a été retrouvé mort vers 1h30 du matin lors d’une ronde de nuit des surveillants pénitentiaires.
Des accusations dès les années 1980
L’agent de mannequins avait percé à Paris au début des années 1980 à la tête de l’agence Karin, gérant notamment les carrières naissantes de Monica Bellucci et d’Estelle Lefébure. Accusé de viol en 1988 par une mannequin témoignant anonymement dans un reportage de l’émission américaine 60 Minutes, Jean-Luc Brunel part s’installer aux Etats-Unis. Il rencontre Jeffrey Epstein au début des années 1990, semble-t-il par l’intermédiaire d’une amie de longue date : Ghislaine Maxwell. L’ex-compagne du financier américain a récemment été reconnue coupable de trafic sexuel par la justice new-yorkaise, et risque soixante-cinq ans de prison.
Grâce à une ligne de crédit d’Epstein d’un million de dollars, Brunel ouvre l’agence de mannequins MC2 à Miami puis à New York. C’est via cette agence qu’il est accusé, par plusieurs victimes d’Epstein, d’avoir fourni des jeunes filles mineures au pédocriminel américain.
Après le suicide de Jeffrey Epstein en août 2019 dans sa cellule à New York et l’ouverture d’une enquête en France, Jean-Luc Brunel se dit à disposition de la justice mais se terre pendant près de dix-huit mois. Puis tout bascule en décembre 2020. Il est arrêté à l’aéroport Charles-de-Gaulle alors qu’il s’apprête à prendre un avion pour le Sénégal. Un rebondissement qui fait suite à la plainte de Virginia Roberts. Cette Américaine dit avoir été retenue comme « esclave sexuelle » par Epstein et contrainte à plusieurs rapports sexuels quand elle était mineure : avec le Prince Andrew (qui vient de conclure un accord à l’amiable de plus de 10 millions d’euros avec elle pour éviter un procès au civil), et avec Jean-Luc Brunel.
Mis en examen pour viol ainsi que pour harcèlement sexuel sur une ancienne baby-sitter, Jean-Luc Brunel est également placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté pour des faits de « traite des êtres humains ». Lors de sa détention provisoire, il est également mis en examen pour un second viol sur mineure.
Courte libération à Noël
Peu de temps après une tentative de suicide, Jean-Luc Brunel est brièvement remis en liberté en décembre 2021 et passe Noël en famille. « Le juge des libertés et de la détention a considéré qu’en l’état de l’instruction, plus rien ne justifiait son incarcération au regard de la loi », assure Me Chichportich. Mais le procureur fait appel, et la chambre de l’instruction infirme cette décision. Jean-Luc Brunel retourne en détention provisoire.
Avec son décès, de nombreuses questions restent sans réponse. Une demi-douzaine d’ex-mannequins interrogées par 20 Minutes affirment que dans les années 1980, Jean-Luc Brunel organisait des dîners privés décrits comme des « marchés aux bestiaux » auxquels participaient ses amis du showbiz et des patrons de grandes entreprises. Selon elles, des jeunes filles vulnérables, dans des situations d’extrême précarité, subissaient des pressions pour avoir des relations sexuelles contre la promesse d’une carrière de top model.
Thysia Huisman, elle, accuse Jean-Luc Brunel de l’avoir droguée et violée en 1991 – des faits dénoncés prescrits. Elle se dit « sous le choc » après la mort de l’agent français. « Les victimes ne pourront jamais être entendues au tribunal. Brunel est un lâche. Il ne fera jamais face à un juge. » Même si aucun élément ne permet de donner du crédit aux théories du complot, elle a « du mal à croire qu’il se soit suicidé. » Sous-entendant que la mort d’Epstein et de Brunel arrange beaucoup de monde, l’ex-mannequin conclut : « c’est comme si certains voulaient étouffer l’affaire. »
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