L'eurodéputée Michèle Rivasi estime que pour les vaccins «il vaut mieux convaincre que contraindre». (LP/OLIVIER CORSAN.)
Vendredi matin dans le Parisien, la ministre de la Santé Agnès Buzyn dit réfléchir à rendre obligatoires 11 vaccins. Ses propos inquiètent les écologistes notamment.
Les réactions n'ont pas tardé. Ce vendredi matin, la ministre de la Santé Agnès Buzyn lance une idée choc pour combattre la réapparition de certaines maladies infantiles : «rendre obligatoire 11 vaccins». C'est une piste de réflexion, et la ministre annonce déjà que ce serait «pour une durée limitée».
Très vite, certains politiques ont posé la question de l'intérêt pour les laboratoires pharmaceutiques. «On peut s'interroger sur le cadeau qui leur est fait», demande ainsi Michèle Rivasi, eurodéputée écologiste. Selon elle, après la «multiplication des scandales sanitaires, «la restauration de la confiance ne passe pas par l'infantilisation et le mépris des parents inquiets pour la santé et le système immunitaire de leurs enfants». Dans un communiqué, elle souligne que la ministre «s'est toujours dit proche de l'industrie pharmaceutique».
L'eurodéputée conclut son texte en assurant que «toute précipitation de la Ministre sur ce terrain sensible des vaccins chez l'enfant serait une erreur. Il faut convaincre plutôt que contraindre.»
Sur Twitter, le collègue de Rivasi au parlement européen, Pascal Durand pose également la question : la ministre «propose cela comme ex salariée des labos pharmaceutiques ou comme ministre de la Santé?»
Le socialiste Sébastien Denaja est aussi sur ce registre et évoque «le lobby des laboratoires pharmaceutiques».
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Le lobby des laboratoires pharmaceutiques ? Un vrai impératif de santé publique ? https://t.co/kw0U6Kn0O8
https://twitter.com/sebastiendenaja/status/875595258070876160
Dans son interview, la ministre a anticipé ces attaques et «refuse qu'on lui colle l'étiquette» d'amie des laboratoires pharmaceutiques. «On ne peut pas réduire la question de la vaccination à l'intérêt des laboratoires», insiste-t-elle.
Agnès Buzyn via wikipédia
Fonctions dans des organisme publics et sociétés de recherche
Agnès Buzyn occupe de nombreuses responsabilités dans diverses sociétés scientifiques et organismes publics, liés à la médecine ou au nucléaire : elle est ainsi ainsi successivement membre du conseil médical et scientifique de l'Établissement français des greffes[Quand ?], de celui de l'Agence de la biomédecine de 2001 à 200810, du Conseil scientifique de l'établissement français du sang[Quand ?], du conseil d'administration de la Société française de greffe de moelle et de thérapie cellulaire (SFGM-TC) de 2004 à 2012, société dont elle préside le conseil scientifique de 2008 à 201210.
De 2008 à 2013, elle préside le conseil d’administration de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN)12, nommée en Conseil des ministres sur proposition de Jean-Louis Borloo7. En avril 2009, elle est nommée membre du Comité de l'énergie atomique du Commissariat à l'énergie atomique13, fonction qu'elle conserve jusqu'en 201514.
En 2009, elle est nommée membre du conseil d’administration de l’Institut national du cancer (INCa), en tant que personnalité qualifiée, puis en devient vice-présidente en octobre 2010, un poste selon elle « honorifique »15. Pressentie pour en devenir présidente, elle met fin à ses fonctions rémunérées auprès des laboratoires pharmaceutiques en mars 201115 puis est nommée présidente de l'INCa le 29 mai16,8. Cette nouvelle fonction la conduit à présider la délégation française du centre international de recherche sur le cancer, organisme dont elle devient vice-présidente en mai 201317. De juin 2012 à mai 2015, Agnès Buzyn est également membre du conseil d'administration de la fondation pour l'Université de Lyon17.
Pressentie dès décembre 2015 comme présidente du collège de la Haute Autorité de santé18, elle y est officiellement nommée en mars 201619,20.
(...)
En janvier 2016, Agnès Buzyn, qui avait été rémunérée par trois laboratoires privés avant 2011 tout en occupant diverses positions dans des organismes publics, estime devant la commission des affaires sociales du Sénat français que l’obligation de déclarer publiquement tout conflit d'intérêts avec l'industrie pharmaceutique instaurée en 2011 par la loi Bertrand afin de renforcer l’indépendance de l’expertise sanitaire publique serait devenue trop « handicapante » pour certains chercheurs qui « ne le supportent plus et refusent de venir aux expertises de l'INCA »15. Selon elle, « vouloir des experts sans aucun lien avec l’industrie pharmaceutique pose la question de la compétence des experts15 ». Irène Frachon, médecin à l'origine de la révélation du scandale du Mediator qui a conduit à la loi Bertrand, rétorque alors que ces « liens d'intérêts » peuvent conduire à ce que « des experts indiscutablement “compétents” [restent] solidaires d’un industriel lourdement criminel » et que la seule solution est de mieux rémunérer les chercheur afin d'éviter leur « captation par l'industrie »15.
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