Le pape François impose un rythme accéléré de réformes
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Il ne peut pas y avoir de "confrontation" entre le pape et les cardinaux, qui sont tous nommés par le pape. Il peut y avoir des divergences, des réticences, des pressions, des accrochages, et Dieu sait s’il y en a eu dans l’histoire de l’Eglise ! Mais à la fin d’une période de discussion, lorsque le pape a tranché, les dirigeants de l’Eglise s’inclinent – en ronchonnant, parfois. Contester une décision prise par le pape serait ouvrir un schisme, ce qui est extrêmement grave et très rare dans l’histoire récente – le dernier en date fut la dissidence de Mgr Lefebvre après le concile Vatican II.
Personne n’imagine qu’un schisme pourrait se déclarer à propos des divorcés remariés.
Un pape qui ne serait plus du tout soutenu par les membres du clergé pourrait-il être poussé à la démission, ou à tout le moins marginalisé sur les questions relatives aux grandes orientations de l'Eglise catholique ?
Un pape lâché par "les membres du clergé", soit plus de 400.000 cadres de l’Eglise dont il est le pasteur, c’est totalement impossible. Le pape n’est ni un chef de parti, ni le président d’une association, ni un président de conseil d’administration. Il est arrivé, il y a plus de mille ans, que le peuple de Rome débarque un pape mal élu ou infréquentable, ou bien que des cardinaux élisent un "antipape" rival du pape en place, mais c’est de l’histoire ancienne ! En revanche, à notre époque, il est arrivé qu’un pape ne soit pas écouté par les fidèles : en 1892, les catholiques français n’ont pas accepté l’appel que leur a lancé Léon XIII de "rallier" la République ; en 1968, beaucoup de couples pratiquants n’ont pas obéi à l’encyclique de Paul VI interdisant la pilule. Mais si cela assombrit quelque peu le prestige de la papauté, cela montre aussi que l’Eglise n’est ni une caserne, ni une secte !
Dans quelle mesure cette opposition non dissimulée d’un certain nombre de prélats participe-t-elle d’une crainte alimentée par le vaste mouvement réformiste initié par le pape François, notamment concernant la Curie ?
Le pape François a été élu en 2013 avec un cahier des charges : les cardinaux américains, notamment, lui avaient enjoint de procéder à la réforme de la Curie et à celle de la Banque du Vatican. Si la remise en ordre des finances du Saint Siège posera évidemment quelques problèmes techniques, celle de la Curie dérangera forcément des tas de gens – surtout des prélats attachés à leurs habitudes, à leur confort, à leurs certitudes. Mais ce qui fait réagir beaucoup de gens, à Rome, c’est la volonté affichée par le pape François de changer les méthodes, le style et, plus profondément, la vocation même de l’Eglise. On a compris qu’il voulait que l’Eglise "héritière", c’est-à-dire gestionnaire de sa Tradition, se fasse davantage "missionnaire", c’est-à-dire évangélisatrice ; et pour cela, qu’elle privilégie l’amour, le dialogue et la miséricorde à la stricte application du droit canon ! Le synode sur la famille, qui s’approche, sera un formidable test à cet égard.
Le pape François n’a pas ouvertement pris position, prenant le parti de lancer des consultations en s’appuyant notamment sur le plus progressiste Mgr Kasper. Ce dernier est-il chargé de "prendre les coups" ? Quelle est la dimension politique ?
Le pape François a la même responsabilité, sur ce terrain, que Jean XXIII à la veille du concile Vatican II : il doit laisser s’exprimer les opinions, y compris quand elles sont divergences, et se garder de conclure trop tôt ; il est normal que certains cardinaux montent au créneau, avancent des idées, en combattent d’autres. Si le pape a lancé cet étonnant questionnaire auprès des familles du monde, et s’il a organisé ce long synode, sur deux ans, c’est bien pour que toutes les positions puissent s’exprimer, afin qu’il fasse prendre à l’Eglise, in fine, les orientations qui lui paraîtront les plus sages.
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