Monseigneur Scarano, ancien chef comptable chargé du patrimoine du Vatican, a été arrêté pour blanchiment d’argent. Le Vatican est embarrassé, et la mafia, bénéficiaire des magouilles du prélat, très énervée.
Au point de s'en prendre au pape François en croisade contre la corruption?
Blanchiment, faux en écriture publique, fausses donations... Sacré curriculum vitae pour un prélat! Déjà arrêté en juin dernier pour fraude et corruption, Monseigneur Nunzio Scarano, ancien comptable de l’Administration du patrimoine du Siège apostolique (Apsa), a de nouveau été interpellé hier dès potron-minet par les carabiniers.
Vatican : Francesca Chaouqui, la «femme du pape» qui fait scandale
20 millions d'euros
Le parquet de Salerne, dont il est orginaire, accuse cet ancien banquier entré dans les ordres sur le tard d’avoir blanchi une vingtaine de millions d’euros appartenant à la famille D’Amico, des armateurs tombés dans les filets de la police à l’automne dernier pour fraude fiscale. La presse italienne a rapporté que Nunzio Scarano a du quitter l’appartement luxueux qu’il partageait avec un autre prélat, Don Luigi Noli.
Dans leur rapport, les magistrats en charge de l’enquête, ont écrit que "les deux hommes vivaient dans l’intimité totale, qu’ils partageaient leurs comptes bancaires et les frais du ménage au quotidien". Une déclaration ambigüe et lourde de conséquences alors que l’ancien commandant en chef des Gardes Suisses Elmar Maeder a dénoncé dans un entretien avec l’hebdomadaire suisse Schweiz am Sonntag la présence d’un supposé "lobby gay" au sein du Vatican, "une sorte de société secrète plus puissante que l’institution vaticane". Le parquet a interdit aux deux prélats d’entretenir des relations mêmes verbales durant l’enquête.
Il s'offre un appartement de... 17 pièces
Selon les enquêteurs, le Monsignore aurait aidé la famille d’armateurs pendant des années en transférant systématiquement de l’argent d’une provenance douteuse sur des comptes ouverts auprès de l'Institut pour les œuvres de religion (IOR), la banque du Vatican. Cet institut est déjà inscrit sur le livre noir des magistrats romains qui soupçonnent la "banque de Dieu" de trafics illicites et de blanchiment pour le compte de quelques parrains.
Décrit comme "un homme d’une personnalité inquiétante, aimant la belle vie et les mondanités et surtout capable d’orchestrer des artifices savants pour ne pas apparaître lors des transactions financières", Nunzio Scarano avait aussi organisé un montage de fausses donations. Ainsi, plus de six millions d’euros auraient été faussement "offerts" à des maisons de retraites. Ces sommes, qui passaient par des sociétés off-shore, auraient transité sur les comptes ouverts auprès de l'IOR par le Monsignore.
Elles étaient réinvesties dans l’achat de propriétés, la constitution de sociétés, ou encore employées pour le solde d’un prêt immobilier par anticipation d’une valeur de 600.000 euros! Nunzio Scarano, qui ne se refuse rien, a en effet acheté un petit appartement de quelque… 17 pièces, en plein centre-ville de Salerne.
Représailles contre le pape ?
Face à ce scandale, le Vatican se montre pour le moins confus.
Ses comptes ont été gelés et nous collaborons pleinement avec les autorités judiciaires italiennes",
a déclaré le père Federico Lombardi, porte-parole de la salle de presse du Saint Siège. Il a ajouté que l’Italie prépare une demande de commission rogatoire. Une procédure identique aurait déjà été mise en place par le Vatican.
Cette nouvelle affaire tombe au mauvais moment: en pleine tempête suscitée par l'interview de l’ancien commandant en chef des Gardes Suisses. Outre qu'il affirme l'existence d’un "lobby gay" au sein du plus petit État du monde, l’ex militaire laisse surtout entendre que cette organisation remet en cause la sécurité du pape lui-même. De quoi donner des frissons aux services secrets du Vatican, déjà sur le qui-vive depuis le cri d’alarme lancé en novembre par un magistrat basé en Calabre.
Selon le juge Nicola Gratteri, spécialiste de la Ndrangheta, l’organisation criminelle la plus puissante et la plus sanguinaire de toute l’Italie serait sur le pied-de-guerre. Enervée par l’opération nettoyage du pape François au sein du IOR, accusée de recycler l’argent des parrains, la mafia tramerait un mauvais coup. Pour Nicola Gratteri, un risque existe:
J'ignore si les parrains ont les moyens de faire quelque chose contre le pape mais je sais qu'ils y pensent. Le danger est réel".
Commenter cet article