
Dans nos sociétés, rares sont ceux qui n'ont jamais eu recours à un antidépresseur... Comment ce type de médicaments agit-il et quels en sont les effets, même en cas de prise ponctuelle, sur le cerveau ?
Les faits : des modifications visibles en 3 heures
La sérotonine est un neuromodulateur qui joue de nombreux rôles, notamment en rapport avec l'humeur. Certains antidépresseurs agissent en limitant le déficit de sérotonine des personnes dépressives : ce sont les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), ou SSRI (serotonine reuptake inhibitor). C'est à cette famille de médicaments qu'appartient le Prozac. Des chercheurs ont voulu observer le fonctionnement du cerveau de volontaires à qui avait été administré l'un de ces médicaments.
D'après leur article paru dans Current Biology, les scientifiques indiquent que les scanners réalisés sur les sujets de l'expérience ont révélé des changements dans la connectivité du cerveau en 3 h, ce qui les a surpris : « nous ne nous attendions pas à ce qu'un ISRS ait un effet si important en un temps si court ni que le signal résultant englobe le cerveau en entier », s'est étonnée Julia Sacher, du Max Planck Institute for Human Cognitive and Brain Sciences. En effet, on pensait jusqu'alors que les effets de ces médicaments sur l'architecture du cerveau apparaissaient bien plus tard.
Décryptage : la connectivité cérébrale est modifiée
Pour leurs travaux, les chercheurs avaient recruté 22 sujets en bonne santé. Ceux-ci ont laissé leurs pensées divaguer pendant environ 15 min tandis qu'un scanner cérébral enregistrait des données sur le flux sanguin dans l'encéphale. L'antidépresseur utilisé était une dose d'escitalopram, commercialisé sous le nom de Lexapro.
Les chercheurs ont obtenu des images en 3D du cerveau de chaque individu à partir desquelles ils ont mesuré le nombre de connexions entre des volumes élémentaires, les « voxels » (volumetric pixels). Constat a été fait qu'une seule dose d'ISRS réduisait le niveau de connectivité intrinsèque dans le réseau cérébral. Ils ont aussi observé une augmentation de la connectivité dans deux régions spécifiques, le cervelet (cerebellum) et le thalamus.
Marquage du débit sanguin sur certaines zones du cerveau, ici en 2D. Sur une image en 3D, les éléments de base, en volume, sont des voxels
Pas de panique : vers des traitements individualisés
Ces travaux ont pour objectif principal d'améliorer les thérapies existantes. L'analyse des différences physiologiques entre les individus qui répondent aux ISRSet ceux qui n'y répondent pas « pourrait aider à mieux prédire qui va bénéficier de ce type d'antidépresseur plutôt que d'une autre forme de thérapie. » L'étude pose les bases d'une prescription plus adaptée dans le cadre de thérapies individualisées pour les patients dépressifs.
Commentaire : Il y aurait pourtant de quoi perdre son sang-froid...
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