Photos d'Éric Lafforgue, 16 mai 2014, World Travel
'Ce soldat dormait dans un pré. Cette photo a réellement contribué à me faire interdire du pays'
Le photographe Éric Lafforgue s'est aventuré six fois en Corée du nord. À l'aide de cartes de mémoire digitales il a fait sortir clandestinement de la nation communiste des photos qu'il avait interdiction de prendre. M. Lafforgue voulait montrer que les nord-coréens sont des humains et non des robots, et qu'ils souffrent aussi.
"J'ai été banni après mon dernier voyage en septembre 2012 quand j'ai publié des photos sur le web. Des nord-coréens les ont vues et m'ont demandé de les supprimer car ils les jugeaient trop offensantes. J'ai refusé car je pensais qu'il était injuste de ne pas montrer la réalité du pays", a-t-il raconté à
news.com.au.
Il a dit que la vie en dehors de Pyongyang et des grandes villes était dure pour les habitants.
"La vie est brutale dans de nombreux endroits de la Corée du nord, très éloignée de la norme occidentale".
Dans un petit village de pêcheurs, où M. Lafforgue s'est rendu plusieurs fois, il était traité comme un hôte de marque. Le village était si isolé qu'ils n'avaient jamais vu de téléphone mobile et ils passaient leurs journées à pêcher et cultiver des algues.
"Malgré leur vie difficile, m'ont-ils dit, des larmes dans les yeux, ils vénéraient leurs chers dirigeants...même si parfois ils n'ont pas grand-chose à manger."
Voici les photos que Kim Jong-un a interdit de diffuser dans le monde.
'Une femme se tient au milieu d'une foule de soldats. Cette photo n'est pas supposée être prise car les officiels n'autorisent pas des photos de l'armée.'
‘L'armée nord-coréenne serait l'une des plus importantes au monde. Mais si vous voyagez là-bas, vous verrez souvent des soldats s'occuper à des tâches domestiques comme aider les fermiers'.
‘En dehors des zones urbanisées, ce genre de scène est plutôt banale'.
‘Le système de souterrains de Pyongyang est le plus profond au monde car il se double d'abris anti-atomiques. Quelqu'un m'a vu prendre cette photo et m'a dit de l'effacer car on y voyait un tunnel'.
‘Les officiels de Corée du nord détestent que vous preniez ce genre de photo. Même si j'explique que la pauvreté existe partout dans le monde, aussi dans mon pays, ils m'interdisent de prendre des photos des pauvres'.
‘Quand les temps sont durs (ce qu'ils sont ici couramment), on peut trouver des enfants qui travaillent pour les collectivités agricoles'.
Pendant longtemps, l'interdiction de la vente au marché noir a été appliquée strictement. Les vendeurs de "marché gris" sont plus courants. Ils gagnent un peu d'argent en vendant des cigarettes et des friandises'
'Le jour de la fête de Kimjongilia, des milliers de nord-coréens doivent faire la queue pour visiter divers monuments'.
‘Pyongyang est supposée être la vitrine de la Corée du nord, aussi l'extérieur des bâtiments est soigneusement entretenue. Quand vous avez la rare opportunité de voir l'intérieur, la glauque vérité devient visible'.
'Avec de plus en plus de voitures à Pyongyang, les paysans continuent malgré tout à devoir s'accoutumer à leur présence. Les enfants jouent au milieu des grandes artères exactement comme à l'époque où il n'y avait aucun véhicule en vue'.
'Une nuit, en retournant à l'hôtel, mon bus a dû prendre une autre route en raison de rues barrées. En passant devant de vieux immeubles, les guides m'ont demandé de ne pas prendre de photos au flash. La raison officielle était d'éviter de faire peur aux gens.'
'Visite d'une maison à la campagne. Ces maisons et les familles qui vivent là sont choisies avec soin par le gouvernement. Mais parfois, un détail comme une salle de bains utilisée comme citerne d'eau montre que les temps sont durs'.
'Les transports en commun reliant les villes principales sont presque inexistants. Les citoyens ont besoin d'une autorisation pour aller d'un endroit à un autre. Sur les routes, on peut voir des soldats qui font du stop'.
'Montrer la pauvreté est interdit, mais faire étalage de richesse est aussi totalement tabou en Corée du nord. Un dimanche après-midi dans un parc, je suis tombé sur cette voiture appartenant à l'une des élites de Pyongyang. Les propriétaires faisaient un barbecue.'
Il est interdit de prendre des photos de soldats au repos'.
'Il est également interdit de photographier la malnutrition'.
'Vous pouvez trouver toute sorte de nourriture et de boisson dans les deux supermarchés de Pyongyang, où les choses sont vendues en euros et en wins. Ils ont même de l'eau d'Évian. Seule l'élite peut y faire ses courses.'
‘Ce n'est pas un cirque, ce sont des ouvriers dans un pays aux normes de sécurité minimum'.
'En visite au delphinarium de Pyongyang, on peut prendre les animaux en photo, mais pas les soldats qui composent 99 pour cent des spectateurs'.
'Il existe une forte paranoïa dans la mentalité nord-coréenne. J'ai pris cette photo pendant une foire d'une mère et son enfant se reposant sur un banc. On m'a demandé de supprimer cette photo car les guides étaient certains que j'allais dire que ces gens étaient des sans-abri'.
'Ceci n'est jamais censé se produire : un balai au pied de la statue de Kim Il Sung à Pyongyang'.
On voit souvent ce genre de photos en occident. La légende explique qu'on voit souvent des nord-coréens manger de l'herbe dans les parcs. Les guides deviennent furieux si vous les prenez en photo.'
'Quand vous allez rendre visite à des familles, les guides adorent si vous prenez des photos qui montrent au monde que les enfants ont des ordinateurs. Mais quand ils se rendent compte qu'il n'y a pas l'électricité, ils vous demandent alors de les supprimer'.
'Il est strictement interdit de prendre une photo de Kim vu de dos. C'est considéré comme extrêmement grossier'.
'Faire la queue est le sport national en Corée du nord. Voici la file d'attente des bus'.
'Voici ce qui se passe quand le bus tombe en panne'.
Au centre d'art de Pyongyang, nous avons fait l'expérience d'une panne de courant, événement quotidien que les nord-coréens détestent montrer. Quand cela se produit, ils disent que c'est à cause de l'embargo américain'.
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Éric Lafforgue est un toulousain né en 1964. Il a toujours exercé son activité professionnelle dans les médias. Depuis son enfance, il voyage à travers le monde avec une prédilection pour les contrées reculées. Comme bien des voyageurs, il prend des photographies pour cumuler les souvenirs. A 42 ans, il décide de s’équiper d’un matériel plus perfectionné et de publier ses photographies sur internet. Le succès est immédiat. Les plus grands journaux et magazines approchent Lafforgue pour publier ses clichés (National Geographic, The Times, Geo International…). En deux ans à peine, son travail, qui est aussi l’objet d’expositions, est reconnu dans le monde entier.
Pour aller sur le site d'Éric Lafforgue, c'est ICI.
Pour voir une galerie de ses photos de divers pays, allez LÀ.
par Héliosdu BBB
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