Un ancien diplomate grec, Leonidas Chrysanthopoulos, s'est confié depuis qu'il a démissionné de son poste aux ministère grec des affaires étrangères. Notamment avec Leigh Phillips de Newstatesman et Barbara Van Haute de Millstonenews. Il prédit une insurrection sociale et des manifestations violentes en Grèce et indique que le gouvernement aurait engagé BlackWater, l'entreprise américaine militaire privée tristement célèbre pour ses activités en Irak, pour protéger le parlement. S'il semble être rassuré sur les forces armées grecques et un éventuel coup d’État, il ne mâche pas ses mots sur le gouvernement, l'UE et le futur sombre qui attend le pays.
Leonidas Chrysanthopoulos était un diplomate du ministère grec des affaires étrangères. En tant que jeune officier en service dans les années 1970, il a contribué à assurer l'adhésion de la nation alors fraîchement démocratique à l'Union Européenne (à l'époque la CEE). Il a été ambassadeur d'Athènes en Pologne, en Albanie et au Canada, et, enfin, le directeur général des affaires européennes au sein du ministère.
L'an dernier, il a finalement démissionné en tant que secrétaire général de l'organisation de coopération de la mer Noire, est parti dans le secteur privé, et se sent désormais libre de parler ouvertement de sa fureur sur ce que font l'Europe et les prêteurs internationaux à son pays.
"A un certain moment, très bientôt, il y aura une explosion des troubles sociaux. Cela sera très désagréable" dit-il. Dans les dernières semaines, les bureaux des partis au pouvoir ont été incendiés, ainsi que les maisons de journalistes pro-gouvernementaux. Le siège du parti de la Nouvelle Démocratie au pouvoir a été mitraillé et quelques jours plus tard, une bombe a explosé dans un centre commercial appartenant au 2ème citoyen le plus riche du pays. Personne n'a été gravement blessé par les attaques.
"Il s'agit d'une escalade des actions", s'inquiète-t-il, ajoutant qu'il s'attend à ce que "l'explosion" se produise tôt ou tard. Il prédit que l'étincelle arrivera quand les nouveaux impôts et les nouvelles taxes avec effet rétroactif viendront à échéance dans les prochains mois et que les gens ne pourront tout simplement pas payer. "Il y aura de nouvelles hausses des actions armées. Il y aura des manifestations sanglantes."
"Ces actions sont condamnables, bien sûr, mais je pense que ce genre d'activité armée augmentera aussi longtemps que le gouvernement continue d'imposer des mesures oppressives contre le peuple grec."
Le Premier ministre belge Elio di Rupo à dit à Davos que l'Europe doit arrêter la course à l'austérité dans les six mois s'il n'y a aucun signe de reprise. Ce sont des paroles d'espoir pour Chrysanthopoulos, mais il craint que cela ne soit déjà trop tard pour son pays.
"Nous n'avons pas six mois. Si l'UE veut changer quelque chose, ils doivent le changer hier. Nous avons même des problèmes à enterrer les morts parce que les gens ne peuvent plus payer les frais d'obsèques. Nous nous dirigeons sur la voie de la destruction. (...) La situation en Grèce est dramatique. Si nous poursuivons la voie de l'austérité, nous finirons par un désastre. Si la Grèce abandonne l'euro et revient à la drachme, la situation serait difficile, mais plus facile à gérer. Si nous devions revenir à la drachme, cela se ferait progressivement avec les deux monnaies en coexistence pour une période d'un an, ce que nous avons fait lorsque nous avons adopté l'euro. Mais avec une monnaie nationale, la Grèce sera en mesure de la dévaluer et de rendre son économie plus compétitive."
L'été dernier, la coalition dirigée par Antonis Samaras a lancé une rafle (l'opération "Xenius Zeus", le nom de l'ancien dieu de l'hospitalité) sur les immigrés irréguliers, incarcérant jusqu'à 60.000 personnes dont seulement 4.200 ont été arrêtées pour des infractions, une action qui a été critiquée par Amnesty International et d'autres organisations de défense des droits de l'homme.
Chrysanthopoulos a indiqué que le gouvernement a engagé Blackwater, l'entreprise paramilitaire américaine de mercenaires, tristement célèbre pour ses activités en Irak, qui porte désormais le nom de "Academi". Il en explique la raison sans ambages : "Le gouvernement grec n'a pas confiance en sa police, dont les salaires ont également été réduits."
Dans une interview fin 2012, il a indiqué :
"La démocratie n'existe plus en Grèce. Les mesures d'austérité récemment adoptées étaient inconstitutionnelles selon les plus hauts tribunaux de la Grèce. Un membre du Parlement et ancien ministre a indiqué à la télévision que les mesures sont inconstitutionnelles, mais qu'ils doivent les voter. De cette façon, il ouvertement violé le serment qu'il a pris quand il a prêté serment de protéger la Constitution.
Le gouvernement grec a récemment conclu un accord avec la société remplaçante de Blackwater (Academi) pour engager des mercenaires pour la protection du Parlement. Cependant, le Parlement, dans les démocraties, ne requiert aucune protection. Des directives ont été données aux médias sur ce qui peut être dit et toléré et ce qui ne peut être toléré [voir ici]. Les journalistes qui ne se conforment pas sont harcelés par des agents du gouvernement ou arrêtés. Un autre journaliste a été sommairement congédié de la télévision d’État, car il a montré le premier ministre hué lors des célébrations de la fête nationale. Et l'UE se fout de la démocratie en Grèce comme elle le fait à propos de la démocratie dans les autres pays, comme la Turquie."
Cependant, il précise que via ce qu'il entend par les contacts qu'il entretient parmi ses anciens collègues et des politiciens, il est convaincu qu'il n'y aura pas de coup d’État militaire, contrairement à 1967.
"Il y a des contacts de certains hommes politiques avec des éléments des forces armées afin de garantir que, dans le cas d'une agitation sociale importante, l'armée n'interviendra pas."
"Je ne veux pas aller trop dans les détails ici car il s'agit d'une question délicate", poursuit-il. "Mais à la suite de ces contacts, je pense que cela va être un succès."
Il déplore ce qui s'est passé à l'UE dans laquelle il a passé une grande partie de sa carrière: "Je faisais partie de l'équipe de négociation en tant que jeune diplomate qui a amené la Grèce à l'UE. L'UE que nous avons rejoint en 1981 n'existe plus."
"Nous avons besoin d'un changement de cap."
Une étude de la fédération grecque des PME a récemment estimé que plus de la moitié des foyers grecs était menacée d'insolvabilité en 2013. Plus d'un tiers de la population grecque vit désormais sous le seuil de pauvreté.
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