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MOINS de BIENS PLUS de LIENS

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L'esprit est comme un parapluie = il ne sert que s'il est ouvert ....Faire face à la désinformation


Itinéraire d’une tomate espagnole

Publié par Brujitafr sur 11 Septembre 2012, 04:22am

Catégories : #VIE QUOTIDIENNE

Etal d'un épicier rue de Belleville

Crédits Photos : Emile Loreaux

 

Photographe parisien, Emile Loreaux a eu la formidable idée de suivre le parcours d’une tomate. Des serres espagnoles à nos étals de supermarchés, il a photographié toutes les étapes de la courte vie d’une tomate. Cette idée géniale lui a permis d’obtenir une mention spéciale à la bourse du Talent en 2005. Néoplanète l’a rencontré.

 NB : Attention, après la lecture de cette interview, vous ne verrez plus les tomates de la même façon !

 

 

Comment avez-vous eu l’idée de remonter la filière « tomate » et comment avez-vous procédé ?

J’ai découvert les conditions dramatiques de production des tomates espagnoles lors d’un festival de film organisé par Attac. Cela faisait écho à des réflexions personnelles sur l’importance des choix de consommations. Mais je ne voulais pas seulement témoigner d’une certaine misère, je voulais la relier à nos choix de consommation, engager notre responsabilité. J’ai donc essayé de recréer ce lien en suivant à rebours le parcours d’une tomate de l’achat au lieu de production.

Vous avez été à Rungis et dans des coopératives avant d’atterrir dans la région d’Almería en Espagne. Qu’avez-vous retenu de ce voyage ?

Il s’agit d’une agriculture industrielle destinée essentiellement à l’exportation. On m’a donné accès aux usines de conditionnement, aux halles de ventes, aux plates-formes d’exportation et aux serres avec une certaine fierté. Mais l’envers du décor est apparu en bout de chaîne, lorsque je me suis étonné que l’on me montre des serres vides et demandé à voir les travailleurs, là le discours est devenu menaçant !
Cette économie s’est développée grâce à une main d’œuvre abondante issue de l’immigration clandestine qui subit tout les abus possible, sous-payée, embauchée au jour-le-jour, rarement déclarée, sans protection sociale, exposée aux pesticides, aux brimades… Ils sont maintenus hors des villes par un fort racisme et vivent dans des bidonvilles près des serres.

 

Ci-dessous des extraits du photo-reportage d’Emile Loreaux :

Je suis une tomate

Je suis une tomate
Picture 1 of 12

Etal d'un epicier rue de Belleville.

 

La culture sous serre est très éloignée de celle de nos jardins… A quoi ça ressemble vraiment?

On appelle cette région la mer de plastique tellement les serres s’étalent à perte de vue. C’est une culture où on n’utilise pas le sol. Les pieds de tomate poussent dans des poches de matière inerte et sont alimentés par un goute à goute d’une solution nutritive. On y cultive des variétés hybrides qui ont une production intensive sur plusieurs mois, à la fin les plants ressemblent à des lianes de 6 mètres soutenues par un fil. Ce sont des tomates d’hiver et le pic de production est en mars. L’impact sur l’environnement est lourd, les nappes phréatiques sont saturées de pesticides et ces tomates font environ 2000km pour arriver jusqu’à nous.

Quel est le message essentiel de votre travail ? Que diriez-vous aux consommateurs pour changer leur façon de consommer ?

Nous avons un réel pourvoir de décisions au moment de l’acte d’achat qu’il ne faut pas négliger. Nos choix de consommation façonnent eux aussi notre société.
Je voulais donner de la profondeur à ces choix et amener les gens à prendre conscience de ce à quoi on participe. Il ne s’agit pas de culpabiliser inutilement, mais de ne pas se cacher la réalité et surtout de trouver une grande satisfaction à faire des choix en accord avec ses convictions. L’idéal c’est le bio local, si on trouve un maraîcher de sa région, qu’il soit en bio ou pas, c’est déjà très bien.

 

Pour poursuivre l’aventure itinérante de la tomate, découvrez la « fresque » de Cécile Bourdais et d’Emile Loreaux. Ce document graphique regroupe l’intégralité du travail du photographe, et apporte des éléments complémentaires sur les prix, la santé, la biodiversité, le transport… Une façon originale et pédagogique de mettre en scène le fruit préféré des Français !

 

Pour retrouver l’univers d’Emile Loreaux : http://emile.loreaux.book.picturetank.com

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