Selon France 3 Languedoc-Roussillon, des chevaux ayant servi à la recherche médicale se sont retrouvés, après falsification de documents, dans le circuit agroalimentaire.
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La viande de cheval fait de nouveau l'actualité. Onze mois après le scandale des plats cuisinés qui a mis en cause l'entreprise Spanghero de Castelnaudary, France 3 Languedoc-Roussillon révèle qu'une opération de gendarmerie est en cours dans onze départements, lundi 16 décembre, pour démanteler un vaste réseau de trafiquants de viande de cheval. L'opération, conduite dans le sud de la France et en Espagne, mobilise une centaine de militaires dans l'Hexagone. Francetv info récapitule les éléments connus de l'affaire.
Qui sont les personnes interpellées ?
Une vingtaine de personnes ont été interpellées, d'après France 3, dans 11 départements, dont quatre personnes d'une même famille à Narbonne (Aude), suspectées d'être les cerveaux du trafic, un informaticien habitant à Reillanne (Alpes-de-Haute-Provence), trois vétérinaires, de Vauvert (Gard), Peyrins (Drôme) et Maurs (Cantal). Sont également accusés d'avoir participé à ce commerce illégal des personnels d'abattoir, notamment à Gérone en Catalogne, ainsi que des maquignons.
Les enquêteurs soupçonnent ces personnes d'avoir tissé un réseau pour fabriquer des faux "papiers" à ces animaux théoriquement impropres à la consommation, les faire abattre, et les revendre dans des boucheries du sud de la France, d'Espagne et peut-être d'Italie. Contrairement au premier scandale de la viande de cheval, cette marchandise n'aurait pas été vendue comme de la viande de bœuf, mais bien comme du cheval.
D'où vient la viande de cheval incriminée ?
L'affaire porte sur "plusieurs centaines de chevaux ayant participé à des programmes scientifiques entre 2010 et 2012", explique France 3 Languedoc-Roussillon. "Les bêtes, utilisées par des laboratoires de recherche ou des entreprises pharmaceutiques, comme Sanofi", se sont retrouvées dans le circuit agroalimentaire, "après falsification des documents de traçabilité qui accompagnent obligatoirement ces animaux".
Selon France 3 Languedoc-Roussillon, d'autres chevaux, issus de centres équestres ou de particuliers, traités avec des anti-inflammatoires et des antibiotiques, donc interdits à la consommation, ont également été intégrés à l'industrie agroalimentaire.
Le laboratoire Sanofi peut-il être mis en cause ?
A ce stade de l'enquête, précise France 3, il semble que le groupe Sanofi ait été abusé. Car, après s'être servi du sang des animaux pour la fabrication et la recherche de sérums ou de vaccins, le laboratoire pharmaceutique revendait les bêtes pour une somme modique à un marchand de chevaux.
Des reventes légales, effectuées en toute transparence, selon le labo, puisque des fiches médicales accompagnant ces animaux précisaient effectivement : "abattage interdit pour la consommation humaine". Mais les chevaux, au lieu d'être euthanasiés puis transportés à l'équarrissage, étaient revendus par les maquignons. Selon France 3, chaque animal racheté à Sanofi pour 10 euros leur a ainsi rapporté entre 500 et 800 euros. Au départ, précise la chaîne, la transaction était également intéressante pour le laboratoire, puisqu'elle lui évitait les frais d'équarrissage estimés à près de 250 euros l'animal.
Comment ce réseau a-t-il été démantelé ?
Cette opération est le fruit de deux ans d'enquête entre la France et l'Espagne. Tout a commencé par une lettre anonyme, envoyée à la direction départementale de la protection des populations de l'Aude, en octobre 2012. Ce courrier accuse une société de négoce de chevaux de Narbonne, la Narbonnaise des viandes, d'agissements frauduleux.
Une enquête est alors lancée par le parquet de Narbonne. Les hommes de la section de recherche de la gendarmerie nationale de Montpellier découvrent qu'entre 2010 et 2012, au moins 200 chevaux ont été rachetés à Sanofi-Pasteur sur son site d'Alba-la-Romaine, en Ardèche, par un marchand de chevaux de Saint-Jean-de-Maruéjols (Gard). Ce dernier revendait les animaux à un négociant de Narbonne qui est suspecté d'être l'organisateur du trafic.
Quels sont les risques pour la santé ?
Sanofi garde encore secrète la nature exacte des traitements effectués sur ces chevaux. Selon France 3 Languedoc-Roussillon, le laboratoire précise "ne pas être en mesure de se prononcer sur la dangerosité de la consommation de viande de cheval provenant de leur laboratoire". Les vaccins expérimentés sur ces animaux auraient été testés et homologués par l'Agence nationale de santé.
Une convention internationale souligne que tout animal ayant servi à des programmes scientifiques ne peut être destiné ensuite à la consommation humaine.
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