La démission de Jean-Paul Delahaye, est un coup dur pour Benoît Hamon et souligne à quel point sa nomination signe l'enterrement de la réforme des rythmes scolaires mise en place par Vincent Peillon.
Il aura fallu un mois à Jean-Paul Delahaye, numéro deux du ministère de l'Education nationale pour jeter l'éponge.
Mercredi, l'agence de presse spécialisée AEF annoncait la démission de ce très proche de Vincent Peillon, 30 jours après l'arrivée de Benoît Hamon rue de Grenelle. Le départ de ce pédagogue convaincu, unanimement reconnu pour ses qualités humaines et professionnelles, est un premier coup dur pour Benoît Hamon, alors que le nouveau décret sur les rythmes scolaires doit être présenté en Conseil supérieur de l'éducation lundi. Un conseil que devait présider...Jean-Paul Delahaye.
Depuis plusieurs mois, le Dgesco ne faisait pas mystère de son désir de quitter le ministère. En février, une violente altercation l'avait opposé au directeur de cabinet de Vincent Peillon, Alexandre Sine. Un incident sans précédent dans le monde si feutré du ministère de l'Education nationale. "J'ai annoncé au ministre que je ne veux plus travailler dans une telle ambiance et que je vais partir", écrivait-il dans un mail daté du 18 février et dont L'Express avait eu connaissance. Mais le départ de Jean-Paul Delahaye intervient plus rapidement que prévu, et sous la forme spectaculaire d'une démission. Dans les milieux peillonistes, on souligne que ce haut fonctionnaire ne pouvait assumer d'enterrer la réforme des rythmes scolaires, préparée, portée et défendue par l'équipe Peillon. Jean-Paul Delahaye est un très proche de l'ancien ministre de l'Education. C'est l'historien de l'éducation Claude Lelièvre qui les a présentés dans les années 2000, au moment où Vincent Peillon cherchait un homme de confiance pour gérer la Fédération des oeuvres laïques de la Somme.
Des "raisons personnelles"?
En 2012, Jean-Paul Delahaye fut l'homme clé de la campagne: c'est lui qui centralise les notes dans la cellule éducation montée autour de Vincent Peillon. Lui encore qui écarte les gêneurs ou les courtisans. Hollande élu, il intègre le cabinet de Vincent Peillon au poste de conseiller spécial. Puis remplace Jean-Michel Blanquer à la direction générale de l'enseignement scolaire. Il met alors en place la réforme des rythmes scolaires, met en musique la loi de refondation de l'école, dont il est l'un des inspirateurs, et lance la réforme des programmes. L'entourage du ministre Hamon l'assure à l'Express: le départ de Jean-Paul Delahaye n'aurait rien à voir avec le nouveau décret sur les rythmes, et serait lié à des raisons "personnelles". Dans un courrier au nouveau ministre, daté du 3 avril, Jean-Paul Delahaye annonce son intention d'être relevé de ses fonctions "pour des raisons strictement personnelles". Il assure toutefois que "pour assurer la continuité des services", il "reste à son poste jusqu'à l'arrivée de son successeur".
Il n'aura pas tenu jusque-là.
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