Il y a deux ans, l’épidémie de grippe A avait semé la terreur en France, au point que le pays avait commandé environ 94 millions de doses de vaccin en juillet 2009, estimant que deux injections par personne étaient nécessaires. Finalement, 50 millions de doses avaient été annulées cinq mois plus tard mais la polémique était déjà née : seulement 6 millions de personnes avaient été vaccinées. Le pays s’était donc retrouvé avec des stocks faramineux sur les bras : d’ici novembre prochain, les derniers lots de vaccins contre la grippe A vont être incinérés, car ils arrivent à leur date de péremption. « En 2010, nous avons fait incinérer dix millions de doses, et, en 2011, neuf millions de vaccins ont été détruits. Nous avons jusqu’au 30 novembre pour terminer le travail, afin qu’il ne reste pas de lots périmés », souligne Thierry Coudert, président de l’Etablissement pour une réponse aux urgences sanitaires (Eprus), dans Le Parisien de ce jour. Dès lors, 3 millions de vaccins vont être brûlés chaque mois jusqu’en novembre, dans une usine basée près de Lyon.
Une facture de 400 millions d’euros
Alors que l’épidémie du virus H1N1 s’était déclarée en France à l’été 2009, le ministère de la Santé avait lancé en grande pompe une vaste campagne de vaccination, en octobre. A l’époque, la ministre, Roselyne Bachelot, n’avait pas hésité à se faire vacciner devant les caméras, pour inciter ses concitoyens à faire de même. Sauf que l’épidémie de grippe A s’était révélée moins grave que prévue, et les Français s’étaient montrés réticents à l’idée d’acheter ce vaccin. Finalement, la France avait tenté de revendre une partie de ses stocks à l’étranger, sans grand résultat. Seulement 310 000 doses avaient été vendues, dont 300 000 au Qatar et le reste à Monaco, et 16 millions de vaccins avaient été donnés à l’Organisation mondiale de la Santé.
Comme le souligne Le Parisien de ce jour, 400 millions d’euros ont donc été dépensés pour ces vaccins, entre leur commande – qui s’est élevée à 392 millions d’euros – et leur destruction. « En 2009, c’était clairement l’industrie qui tirait les prix vers le haut en disant individuellement à chaque Etat : achetez à ce prix et dépêchez-vous car il n’y en aura pas forcément pour tout le monde », explique Le Parisien, citant l’entourage de la secrétaire d’Etat à la Santé, Nora Berra. Il semblerait donc qu’en cas de nouvelle épidémie, le ministère tire des leçons de cette crise.
Rappelons que l’épidémie de grippe A, qui avait officiellement cessé en janvier 2010, avait provoqué le décès d’environ 240 personnes en France métropolitaine, selon l'Institut de veille sanitaire.
S.C.Le 12/09/2011
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