Il n’y a plus de petites économies pour l’Espagne. Les écoliers et leur cantine en sont l'exemple. On connaissait les restrictions de papier toilette imposées dans les écoles en Catalogne. Crise oblige, les écoliers sont soumis à des quotas ne devant pas excéder plus de 25 mètres de rouleau, par élève et par mois. Désormais, on découvre la location de la place de cantine. Dans un objectif de réduction du déficit toujours plus drastique, les régions de Madrid, Valence et de la Catalogne envisagent, pour la rentrée, de demander une participation financière aux élèves qui apportent leur repas à la cantine. La Catalogne a d’ores et déjà annoncé qu'elle demanderait jusqu'à trois euros par jour pour l'utilisation des locaux. La région de Valence envisage une mesure similaire. La colère n’a pas tardé à gronder.
"Jusqu'à aujourd'hui ce n'était pas permis"
La mesure a été annoncée par le ministère de l'Education de la région de Madrid de manière positive."Ce qui va se faire, c'est permettre aux centres scolaires de donner leur feu vert à l'entrée des Tupperware à l'école", assure Ignacio Gago Fornells, le porte-parole du ministère de l’Éducation madrilène. "Jusqu'à aujourd'hui ce n'était pas permis, sauf dans des cas exceptionnels" comme les allergies alimentaires, ajoute-t-il. Mais, tous les Espagnols n’ont pas vu cette "nouvelle opportunité" d’un très bon œil. L’affaire a déjà fait beaucoup de remous. Depuis le début de la crise, on a enregistré une baisse du nombre d’enfants demi-pensionnaires. Car, pour réaliser des économies, les parents préfèrent fournir le repas à leurs enfants.
Coupes franches dans l’Éducation
Autre mauvaise nouvelle, les aides aux familles pour le déjeuner vont baisser. Dans le cas
de Madrid, elles passeront de 29 millions à 16 millions d'euros, toujours pour réduire le déficit. À l'échelle nationale, le plan d'austérité vise à économiser 27,3 milliards d'euros par an. A elles seules, les coupes dans l'éducation et la santé représentent 10 milliards d'euros. "Les mesures d’austérité se ressentent au quotidien", admet Adeline Percept, journaliste à Madrid. "Les cours d’éducation physique de ma fille de 4 ans et demi ont disparu. L’éducation régionale ne prend plus en charge le sport en fin de journée. Je dois aujourd’hui payer 20 euros par mois pour que ma fille continue le sport à l’école", raconte-elle à France 24. Les coûts de scolarité des crèches, de la maternelle et de l’école primaire, devraient également augmenter. "De plus en plus de parents renoncent à mettre leur enfant à la crèche à cause des frais d’inscription. Et puis, les gens se retrouvent plus nombreux au chômage et gardent leurs petits chez eux. Ils ne privilégient pas forcément la recherche d’emploi mais parent au plus pressé. On sent un grand défaitisme chez les gens", déplore la Madrilène. Le cycle supérieur n’est pas épargné. José Ignacio Wert, ministre espagnol de l’Éducation, a engagé une grande réforme universitaire. Au menu : augmentation des frais d'inscription et réduction du nombre de cursus. Le tout, pour une économie globale de 3 milliards d'euros. Les étudiants, qui paient actuellement entre 700 et 1400 euros par an, devront mettre jusqu’à 540 euros de plus pour s’inscrire à l’université en septembre. Des régions endettées "Il n’y a pas d’argent pour payer les services publics", a admis le chef du gouvernement Mariano Rajoy. Les régions, qui assurent l’essentiel des budgets de santé, d’éducation et d’aide aux personnes âgées, ont donc été instamment priées de faire des économies. Et, gare aux dix-sept communautés autonomes espagnoles, elles-mêmes très endettées, qui rechigneraient à participer à l’effort national. Elles pourraient voir leur budget directement pris en charge par l’Etat. Soucieuses de préserver leur autonomie, les régions concèdent donc de nombreux sacrifices sur l’éducation et la santé. Une rentrée sociale qui s’annonce agitée Depuis septembre 2011, les manifestations organisées contre les mesures d’austérité frappant l’éducation se sont multipliées. Syndicats, parents d’élèves et professeurs ont défilé pour dénoncer, un peu partout en Espagne, l’injustice des mesures qui touchent les plus pauvres. Septembre pourrait voir grossir les rangs des contestataires vêtus de tee-shirts verts sur lesquels on aperçoit une paire de ciseaux et le message suivant : "contre les coupes budgétaires". "La vague verte", comme on l’appelle, pourrait ainsi déferler sur tout le pays avec perte et fracas.  REPORTAGE | | |
Commenter cet article