Egypte : vive tension autour de la nouvelle manifestation anti-Morsi
Créé le 07/12/2012 à 12h53 - Mis à jour le 07/12/2012 à 20h22
Des milliers de personnes manifestaient vendredi après-midi au Caire contre le président islamiste Mohamed Morsi. Une partie de l'opposition ne cache pas être à bout de patience face à un chef de l'Etat accusé de faire revenir le pays à la dictature. En fin d'après-midi, des manifestants ont forcé une barricade érigée par l'armée pour protéger le palais présidentiel d'Héliopolis, à la périphérie nord du Caire. Une foule estimée à 10.000 personnes était massée derrière le barrage.
Dans le camp d'en face, des partisans du président Mohamed Morsi qui manifestaient devant les studios de chaînes de télévision privées jugées critiques envers le chef de l'Etat islamiste, ont été pris à partie par la police. Des centaines d'islamistes, pour la plupart salafistes ralliés à Mohamed Morsi, se sont rassemblés devant l'entrée principale de la Cité de la production médiatique égyptienne (EMPC), dans une banlieue du sud-ouest de la capitale.
Des heurts ont éclaté entre les manifestants et la police qui a tiré des gaz lacrymogènes lorsque certains protestataires ont essayé de pénétrer dans les studios. Hazem Abou Ismaïl, figure du courant salafiste, avait appelé plus tôt dans la journée sur ses comptes Facebook et Twitter à participer à cette manifestation qui réclame "l'épuration des médias".
Les partis salafistes accusent les télévisions privées de pencher en faveur de l'opposition et de l'ancien régime du président déchu Hosni Moubarak.
Un président dictateur et une Constitution "islamisante" ?
Les manifestants anti-Morsi réclament de leur côté l'abandon d'un décret par lequel le président s'est octroyé le 22 novembre des prérogatives s'apparentant à des pleins pouvoirs, en plaçant en particulier ses décisions au-dessus de tout contrôle par la justice.
La volonté de Mohamed Morsi, qu'il a réaffirmée jeudi soir, de soumettre le 15 décembre à un référendum un projet de Constitution très critiqué par l'opposition, n'a fait que doper la détermination de ses adversaires, qui dénoncent une volonté d'islamiser les institutions et de saper les libertés. La crise actuelle a aggravé la polarisation du pays entre islamistes d'un côté, forces libérales, de gauche et chrétiens de l'autre. Le projet de Constitution porte en germe les prémices d'une islamisation de la société, estime l'opposition.
Certains manifestants en appellent désormais à l'armée, alors qu'il y a quelques mois encore la place Tahrir résonnait de slogans contre le pouvoir militaire de transition, qui a dirigé l'Egypte pendant 18 mois, entre la chute de Hosni Moubarak et l'élection en juin de Mohamed Morsi.
D'autres estiment que l'épreuve du pouvoir a fait fondre la popularité des Frères musulmans.
Morsi prêt à reporter le référendum, sous conditions
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